200.000 personnes dénoncent le statut de "Première dame"


Lundi 7 Août 2017 - 11:47
Reuters


Paris - La pétition contre l'instauration d'un statut de Première dame pour Brigitte Macron a déjà recueilli plus de 200.000 signatures, une "réussite" pour ceux qui dénoncent un emploi familial qui contrevient aux principes du projet de loi sur la moralisation de la vie publique.


"Il n'y a aucune raison pour que l'épouse du chef de l'état puisse obtenir un budget sur les fonds publics", peut-on lire sur la page "Contre le statut de Première dame pour Brigitte Macron" du site Change.org, signé lundi par 202.000 personnes.

"Ça rentre dans le cadre de la loi sur la moralisation de la vie publique. On demande aux députés et sénateurs de ne pas employer leur épouse mais on fait une exception pour la femme d'Emmanuel Macron. C'est contradictoire", a dit à Reuters l'auteur de la pétition, Thierry Paul Valette.

L'artiste peintre fait référence au projet de loi adopté le 3 août qui interdit aux ministres, aux parlementaires et aux élus locaux d'employer leur "famille proche".

Il attendait d'obtenir 200.000 signatures pour demander un entretien avec Emmanuel Macron afin de discuter du sujet.

A la différence des Etats-Unis, où le statut de "First lady" est institutionnalisé, le rôle et le titre de Première dame n'ont jamais été officiellement définis en France.

PRÈS DE 200 LETTRES PAR JOUR

Emmanuel Macron a déclaré lors de sa campagne vouloir mettre fin à ce qu'il considère être une "hypocrisie française".

"Élu président de la République, on vit avec quelqu’un", soulignait-il fin avril sur TF1. "(Brigitte) ne sera pas rémunérée par le contribuable mais elle aura une existence, un rôle public. Nous en définirons donc le cadre, et elle en décidera aussi à ce qui en revient d'elle".

Ce cadre devrait prendre la forme d'une charte précisant ses attributions, un document toujours en cours de rédaction.

Pour l'instant, Brigitte Macron dispose d'un directeur de cabinet, d'un chef de cabinet et d'une assistante. Ce nombre de collaborateurs ne devrait pas augmenter avec l'instauration d'un statut, assure-t-on à l'Elysée.

Le but de cette charte, selon l'Elysée, c'est de rendre public "les moyens dont dispose l'épouse du chef de l'état". "Jusqu'à présent ce n'était pas le cas. Mme Carla Bruni (de 2008 à 2012), Mme Trierweiler (de 2012 à 2014) ont eu des collaborateurs, mais personne n'est capable de dire vraiment combien", indique-t-on dans l'entourage de Brigitte Macron.

On explique toutefois pouvoir difficilement réduire encore le personnel de Brigitte Macron, celle-ci recevant près 200 lettres par jour, soit "trois fois plus de courrier" que Carla Bruni-Sarkozy.

Mais cette charte sera toutefois délicate à faire passer: près de 68% des Français étaient opposés à la création d'un statut de Première dame avec des moyens alloués à son poste, selon un sondage Yougov publié en mai par le Huffington Post.

BRIGITTE MACRON "NE SORTIRA PAS" DE SON RÔLE

Pour Marie-Anne Cohendet, professeure de droit constitutionnel, "si l'enjeu d'un statut de la Première dame est de rappeler qu'elle n'a absolument aucun rôle politique à jouer, ce qui s'impose en démocratie, ça peut être une bonne chose".

"Il faut être très clair sur ce point-là. Elle n'est pas élue, elle n'a passé les concours de la fonction publique lui permettant d'accéder à la haute administration", a t-elle précisé sur France Inter.

Elle a rappelé le rôle "occulte" et "surréaliste" qu'avait joué Cécilia Attias, autrefois mariée à Nicolas Sarkozy, pour libérer en 2007 les infirmières bulgares enfermées en Libye.

"Il est extrêmement inapproprié et même dangereux pour le chef de l'Etat que son épouse se mêle de politique. Qu'elle joue un rôle à ses côtés pour l'image de la France en étant totalement muette, ça me semble très bien. Mais à mon sens, il ne faut pas que les choses aillent plus loin", poursuit-elle.

Pour l'Elysée, ce statut ne donnera aucun rôle politique à Brigitte Macron. "Jamais elle n'interviendra à la place de ministres ou de son mari sur des dossiers. Elle tient son rôle et n'en sortira pas", précise-t-on.


           

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