Amman frappe des positions de l'EI après la mort de son pilote


Jeudi 5 Février 2015 - 18:56
AFP


Amman - La Jordanie a annoncé jeudi avoir frappé des positions du groupe Etat islamique après avoir promis de riposter sévèrement à l'exécution d'un de ses pilotes militaires, brûlé vif par l'EI.


Amman frappe des positions de l'EI après la mort de son pilote
La montée en puissance de l'EI a éclipsé les combats entre rebelles et régime en Syrie, où l'aviation gouvernementale a mené près de Damas des raids particulièrement meurtriers, faisant au moins 57 morts, dont 12 enfants. Ces frappes intervenaient en riposte à une pluie d'obus rebelles sur la capitale qui ont fait 10 morts jeudi.

Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui a condamné "la brutalité" de l'EI, doit tenir à partir de 20H00 GMT une réunion sur la guerre en Syrie, qui entrera en mars dans sa cinquième année.

"L'armée de l'air jordanienne a lancé des raids contre des positions du groupe Etat islamique", a déclaré un responsable gouvernemental qui a requis l'anonymat sans préciser l'endroit exact des frappes. Selon lui, l'armée diffusera plus tard un communiqué sur ces opérations.

La Jordanie, qui fait partie de la coalition internationale anti-jihadistes dirigée par les Etats-Unis, mène habituellement des raids en Syrie où s'était écrasé en décembre l'avion du pilote Maaz al-Kassasbeh avant qu'il ne soit capturé par l'EI.

- Peuple uni -

Après avoir réuni mercredi les hauts responsables militaires, le roi Abdallah II avait affirmé que "la riposte de la Jordanie et de son armée sera sévère". "Nous frapperons cette organisation terroriste dans ses fiefs", avait-il prévenu.

Accompagné du Premier ministre Abdallah Nsour, Abdallah II s'est rendu jeudi après-midi chez la famille du pilote à Karak, à 120 km d'Amman, où une immense tente avait été dressée pour recevoir les condoléances. Des avions de l'armée de l'air ont survolé en signe d'hommage la tente où des centaines de personnes étaient rassemblées.

"La Jordanie va mener une guerre à outrance pour protéger nos principes et nos valeurs", écrit jeudi le journal gouvernemental Al-Raï.

Dans une première mesure de représailles, la Jordanie avait exécuté mercredi la jihadiste irakienne Sajida al-Rishawi, condamnée à mort pour des attentats meurtriers en 2005 à Amman, et Ziad Karbouli, un responsable irakien d'Al-Qaïda.

L'EI avait réclamé la libération de la jihadiste pour épargner la vie du pilote mais Amman avait exigé des preuves de vie de l'aviateur dont l'exécution remonte au 3 janvier selon la télévision officielle.

- Suspension des raids des Emirats -

Pour des analystes, l'atrocité de l'exécution du pilote a poussé l'ensemble des Jordaniens à se ranger derrière leur gouvernement, donnant une "légitimité populaire" à la participation du royaume à la guerre antijihadistes.

La Jordanie, a affirmé l'expert Hassan Abou Haniyeh, "pourrait même envisager une intervention terrestre".

Ce nouvel acte de barbarie a provoqué un tollé international, après la diffusion mardi d'une vidéo montrant le pilote enfermé dans une cage en métal, avant d'être brûlé vif à l'essence.

Le groupe jihadiste a en outre donné les adresses d'autres pilotes jordaniens de la coalition et promis une récompense de "100 pièces en or" à ceux qui les tueraient.

Avec cette terrible exécution, l'EI, fort de dizaines de milliers de combattants, a voulu dissuader ses ennemis arabes et occidentaux de poursuivre leur lutte anti-jihadistes, selon des experts.

Des responsables américains ont expliqué qu'après la capture du pilote en décembre, les Emirats, craignant pour leurs propres pilotes, avaient décidé de suspendre leurs raids aériens dans le cadre de la coalition.

En 10 jours, L'EI a revendiqué l'exécution de deux otages japonais et du Jordanien. Depuis la mi-août, il a en outre annoncé le meurtre de cinq otages occidentaux enlevés en Syrie.

L'EI a profité de la guerre en Syrie et de l'instabilité en Irak pour s'emparer de larges pans de territoire sur lesquels il impose ses propres lois. Mais ailleurs, les affrontements entre rebelles et régime se poursuivent en Syrie.

Damas a reçu jeudi 120 roquettes tirées par les insurgés, qui ont fait 10 morts et entraîné la fermeture de l'université, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). En réaction, des zones contrôlées par les rebelles dans la grande banlieue ont été visées par 60 raids aériens et missiles sol-sol, qui ont fait 57 morts.


           

Nouveau commentaire :

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement