Arabie: une base saoudienne en première ligne dans la guerre au Yémen


Vendredi 4 Décembre 2015 - 13:40
AFP


Sur une base aérienne nichée dans une zone montagneuse du sud-ouest de l'Arabie saoudite, un avion de combat décolle dans un vrombissement assourdissant pour aller larguer au Yémen ses bombes guidées au laser ou par GPS.


Depuis la fin mars, une coalition arabe sous commandement saoudien mène quasi-quotidiennement des frappes aériennes contre les rebelles chiites Houthis à partir de la base Roi Khaled, à une centaine de kilomètres de la frontière du Yémen.

Ces opérations sont destinées à soutenir le gouvernement yéménite internationalement reconnu dans sa guerre contre des rebelles soutenus par l'Iran qui contrôlent de vastes territoires du pays, dont la capitale Sanaa.

Dans un vestiaire, des pilotes se servent dans un stock de casques, de gilets verts et de pistolets, avant d'avancer sur le tarmac où des avions de combat des pays membres de la coalition attendent de partir en mission.

On y voit des F-15 saoudiens aux côtés d'un Sukhoï du Soudan et d'un Mirage du Qatar.

A côté de son appareil, le capitaine Khaled de la Royal Saudi Air Force, qui n'a pas l'autorisation de donner son nom de famille, explique que sa mission est de défendre les civils au Yémen contre les Houthis et leurs alliés.

"Nous défendons aussi notre propre pays", ajoute ce pilote saoudien interrogé par l'AFP durant une visite sur la base encadrée par l'armée saoudienne, la première organisée pour des médias occidentaux depuis le début de l'opération au Yémen.

- 'Pas facile de viser' -

Le capitaine Khaled, 32 ans et déjà dix ans d'expérience, dit avoir effectué de nombreuses missions au-dessus de ce pays, entre 150 et 200 heures de vol.

La coalition arabe a déployé des troupes terrestres au Yémen mais sa principale force de frappe reste les raids aériens.

Plusieurs ONG ont critiqué ces frappes, accusant la coalition de ne pas faire assez pour éviter les objectifs non-militaires.

Selon un récent rapport de Human Rights Watch, au moins 10 raids aériens ayant tué 309 civils ont été menés en violation des lois de la guerre.

La coalition a fermement démenti les informations lui prêtant des frappes incontrôlées et les pilotes de la base Roi Khaled affirment prendre toutes les précautions nécessaires.

"Nous utilisons toujours des bombes guidées pour que la frappe soit plus précise", assure le capitaine Khaled dans le vacarme d'un nouveau décollage.

Les équipages ne larguent jamais leurs bombes "avant d'être sûr à 100%" de la cible, dit le pilote qui, comme d'autres membres de la coalition, accuse les Houthis d'utiliser des civils comme boucliers humains.

Une source familière avec l'opération au Yémen a toutefois indiqué à l'AFP que la coalition "faisait un effort" pour respecter le droit international mais "probablement pas avec 100%" de réussite.

La proximité entre les installations civiles et militaires fait qu'"il n'est pas facile de viser une cible", selon cette source.

- Américains en civil -

Le capitaine Khaled affirme ne s'être jamais senti en danger lors de ses missions et la coalition a fait état de la perte d'un seul pilote, un Marocain qui a péri en mai dans le crash de son F-16 dans la région de Saada, dans le nord du Yémen.

Les rebelles ont affirmé avoir abattu cet avion mais la coalition a invoqué une erreur humaine ou un problème technique.

En juin, un missile Scud tiré depuis le Yémen vers la ville de Khamis Mushait, près de laquelle se trouve la base Roi Khaled, avait été intercepté par un missile Patriot, selon la coalition.

L'intensité et la durée de la campagne aérienne de la coalition arabe a amené les Etats-Unis à approuver en novembre la vente de bombes guidées pour un coût de 1,29 milliard de dollars afin de reconstituer le stock de l'armée de l'Air saoudienne.

Les Etats-Unis apportent aussi une assistance logistique à cette coalition, comme pour le ravitaillement en vol de ses avions ou pour du renseignement. Quelques Américains en civil sont d'ailleurs visibles sur la base du Roi Khaled, qui ressemble à une petite ville avec son bureau de poste, sa banque, ses mosquées, sa supérette et sa buanderie.


           

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