Attentats de Paris: un troisième corps découvert à St-Denis, réunion d'urgence à Bruxelles


Vendredi 20 Novembre 2015 - 14:46
AFP


Un troisième corps, celui d'une cousine du jihadiste Abdelhamid Abaaoud, a été retrouvé dans les décombres de l'appartement où est mort le "cerveau" présumé des attentats de Paris, qui sont vendredi au coeur d'une réunion des Européens à Bruxelles pour remédier aux failles sécuritaires constatées.


Une semaine après les attaques terroristes les plus meurtriers de l'histoire de France (129 morts, 352 blessés), revendiquées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), une prise d'otages massive était en cours vendredi à Bamako, dans un hôtel prisé par la clientèle internationale. Au moins trois otages ont été tués et les forces spéciales maliennes ont donné l'assaut.

En France, au moins un assaillant présumé du carnage parisien est toujours traqué: Salah Abdeslam, soupçonné de faire partie du "commando des terrasses", qui a mitraillé des bars et restaurants des Xe et XIe arrondissements de Paris, tuant 39 personnes. Il a sans doute été exfiltré, au moins dans un premier temps, par deux complices présumés depuis écroués en Belgique.

Les enquêteurs ont identifié vendredi à Saint-Denis, aux portes de Paris, un troisième corps découvert dans la nuit dans les décombres de l'appartement où le jihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud est mort mercredi lors d'un spectaculaire assaut policier.

Il s'agit d'Hasna Aitboulahcen, 26 ans, cousine d'Abaaoud, identifiée par ses empreintes digitales, selon le parquet. Un sac à main contenant un passeport à son nom avait aussi été trouvé sur place.

Les enquêteurs cherchent encore à identifier un troisième corps à Saint-Denis, les constatations étant compliquées par l'état déchiqueté des cadavres.

Dès son arrivée à Bruxelles, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a appelé l'Union européenne, "qui a trop perdu de temps sur un certain nombre de questions qui relèvent de l'urgence", à prendre "aujourd'hui les décisions qui s'imposent".

interroge Les Européens ont d'emblée décidé de renforcer "immédiatement" les contrôles aux frontières extérieures de l'UE.

- Illustration des défaillances -

L'illustration des défaillances aura été le retour incognito en Europe d'Abaaoud. Le soir des attentats, il a été filmé vers 22H00 par une caméra de la RATP à une station de métro de Montreuil, en banlieue parisienne.

Sa présence à proximité du lieu où une Seat noire, utilisée par le "commando des terrasses", a été abandonnée, interroge. Faisait-il aussi partie de ce commando?

Surtout, comment a-t-il pu se déplacer librement alors qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international?

"Nous ne savons pas" comment Abaaoud est entré en France, a reconnu le Premier ministre Manuel Valls. "Aucune information émanant de pays européens (...) suggérant qu'il ait pu arriver en Europe" n'a été transmise à Paris, a assuré Bernard Cazeneuve.

La réunion des ministres européens devrait permettre à la France d'avancer sur ses priorités, affirmées par François Hollande devant les parlementaires réunis lundi en Congrès: "la lutte contre le trafic d'armes", "la mise en place des contrôles coordonnés et systématiques aux frontières" de l'espace Schengen, ainsi que "l'approbation, avant la fin de l'année 2015" d'un fichier de données sur les voyageurs aériens, le fameux "PNR européen".

Parmi les auteurs des attentats du 13 novembre, quatre kamikazes, tous Français, ont déjà été identifiés: Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans). Il reste à mettre un nom sur un cinquième homme passé par la Grèce cet automne et auprès duquel a été retrouvé au Stade de France un passeport syrien à l'authenticité douteuse, dont les policiers ont diffusé la photo.

Deux autres assaillants, un au Bataclan (89 morts) et un au Stade de France (un mort), ne sont pas encore identifiés.

- "Menace permanente" -

Côté belge, la garde à vue de deux des neuf personnes interpellées jeudi à Bruxelles ont été prolongées vendredi.

"La menace est toujours présente et va être longue et permanente", a encore prévenu Manuel Valls.

Le projet de loi prolongeant l'état d'urgence pour trois mois, adopté jeudi à la quasi-unanimité par l'Assemblée nationale, passe devant les sénateurs vendredi. La loi "pourra être promulguée avant la fin de la semaine", selon M. Valls.

Ce texte élargit les possibilités d'assignation à résidence et permet la dissolution de groupes et associations extrémistes.

Les perquisitions administratives, dans le cadre de l'état d'urgence, se poursuivent à un rythme soutenu. Depuis une semaine, 600 perquisitions ont été réalisées et 157 personnes assignées à résidence. Vendredi matin, une perquisition a visé la mosquée Sunna de Brest, dirigée par un imam salafiste.

Dans de nombreuses mosquées en France, des textes condamnant le "terrorisme" doivent être lus ce vendredi, jour de prêche.

La mairie de Strasbourg a décidé de maintenir son célèbre marché de Noël, où deux millions de visiteurs sont attendus à partir du 27 novembre. En revanche, la fête des Lumières, qui réunit chaque année deux à trois millions de personnes à Lyon, est annulée.

Un hommage national sera rendu le 27 novembre aux Invalides aux victimes des attentats. Le lendemain, le Parti socialiste reprendra la campagne pour les élections régionales de décembre.

A l'étranger, la solidarité avec la France reste de mise: la Marseillaise retentira ce week-end avant tous les matchs du championnat de football d'Angleterre.

Sur le front extérieur, François Hollande a ordonné l'"intensification" des frappes contre l'EI en Syrie, mais aussi en Irak. L'arrivée prochaine en Méditerranée orientale du porte-avions Charles-de-Gaulle triplera la capacité de frappes française.


           

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