Bahreïn: le chef de l'opposition chiite en détention, incidents autour de Manama


Mardi 30 Décembre 2014 - 17:01
AFP


Dubaï - Le chef de l'opposition chiite à Bahreïn, cheikh Ali Salmane, inculpé d'incitation à un changement de régime, a été placé en détention pour sept jours, entraînant de nouveaux heurts entre manifestants et forces de l'ordre.


Bahreïn: le chef de l'opposition chiite en détention, incidents autour de Manama
Des affrontements se poursuivaient après 15h00 GMT près de la résidence de cheikh Salmane, dans une banlieue chiite de Manama, ont indiqué des témoins en faisant état d'au moins cinq blessés dans ce secteur.

La police faisait usage de gaz lacrymogène pour disperser des jeunes. Des incidents étaient signalés dans d'autres localités.

Arrêté dimanche à Manama, cheikh Salmane, 49 ans, est accusé d'appel à la haine et à la violence pour changer le régime dans ce royaume du Golfe à majorité chiite dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa.

Le chef d'Al-Wefaq ("L'entente"), principal mouvement de l'opposition à Bahreïn, avait été convoqué au ministère de l'Intérieur dimanche matin. Lundi soir, il a été formellement inculpé "d'incitation à un changement de régime par la force, par des menaces et des moyens illégaux, et d'insulte publique envers le ministère de l'Intérieur".

Selon le procureur général, cheikh Salmane est également accusé d'avoir incité à "la haine envers un segment de la population", une référence à la communauté sunnite.

L'opposant, qui a pu voir quatre de ses avocats avant un nouvel interrogatoire mardi, a été "confronté à des enregistrements (de ses discours) comportant des appels et des incitations qui justifient le recours à la violence et impliquent une menace de recourir à la force militaire contre l'autorité de l'Etat", a affirmé le procureur général Nayef Youssef Mahmoud dans un communiqué.

Au terme de l'interrogatoire, il a été décidé de maintenir "l'accusé en détention pendant sept jours à titre préventif pour les besoins de l'enquête", a-t-il ajouté.

Réagissant très vite, le Wefaq a estimé que cette mesure "grave" témoignait de "l'ampleur de la crise politique" à Bahreïn. Elle "ferme toutes les portes à un règlement politique", a ajouté le mouvement.

Mais le Wefaq a été rappelé à l'ordre par le ministère de la Justice qui l'a accusé dans un communiqué d'"utiliser des forums et des hommes religieux dans ses activités politiques, en contravention avec les principes de l'action politique".

Le ministère prévient que "si le Wefaq continue (...) ce sera une grave déviation", par rapport à la loi sur les associations politiques qui agissent de fait comme des partis, formellement interdits à Bahreïn.

Pressé de se conformer à cette loi, le Wefaq a tenu vendredi dernier son congrès général, au cours duquel il a reconduit Ali Salmane dans ses fonctions.

Depuis dimanche soir, des manifestations sporadiques, émaillées d'incidents, ont lieu dans des banlieues chiites de Manama pour protester contre l'arrestation.

Proche allié des Etats-Unis et siège de la Ve flotte américaine, Bahreïn (1,3 million d'habitants) est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation animé par la majorité chiite qui réclame une vraie monarchie constitutionnelle.

La dynastie sunnite des Al-Khalifa a jusqu'ici réprimé d'une poigne de fer toutes les manifestations violentes. Des élections législatives, organisées en novembre, ont été boycottées par l'opposition.


           

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