Bélarus: la réélection de Loukachenko ouvre la voie à une levée des sanctions de l'UE


Lundi 12 Octobre 2015 - 14:24
AFP


La victoire d'Alexandre Loukachenko à la présidentielle au Bélarus, au terme d'un scrutin qui s'est déroulé dans le calme et sans contestation massive, ouvre la voie à une levée des sanctions de l'Union européenne contre ce pays proche de la Russie.


Le président sortant du Bélarus Alexandre Loukachenko
Le président sortant du Bélarus Alexandre Loukachenko
 Au pouvoir depuis 21 ans, le président sortant a été réélu avec 83,49% des voix, a indiqué dans la nuit de dimanche à lundi la chef de la commission électorale centrale, Lidia Iermochina, annonçant des résultats préliminaires qui doivent encore être confirmés.

Âgé de 61 ans, Alexandre Loukachenko obtient un cinquième mandat avec le score le plus élevé qu'il ait jamais eu. L'élection était boycottée par les principales figures de l'opposition et M. Loukachenko avait face à lui trois inconnus dont une seule, Tatiana Korotkevitch, a mené une véritable campagne.

Celle-ci est arrivée en seconde position avec 4,42% des suffrages, selon la commission électorale. Après avoir voté, Alexandre Loukachenko s'était fendu d'une remarque sexiste à son encontre. "Ici, le président a des tonnes de pouvoirs, allant de la sécurité à l'économie. Des pouvoirs qu'une personne portant une jupe ne peut pour le moment obtenir", avait-il lancé.

- Habileté de Loukachenko -

Mais dans cette élection, l'essentiel était ailleurs faute de suspense sur l'issue du scrutin: l'opposition allait-elle descendre dans la rue et la police allait-elle mater toute contestation ? C'est en effet en partie ce que les Européens souhaitaient vérifier avant d'engager le processus de levée des sanctions qui pèsent sur le pays depuis 2011.

Régulièrement accusé depuis des années de graves atteintes aux droits de l'Homme, de réprimer l'opposition et de museler la presse, M. Loukachenko a multiplié ces derniers mois les signes d'ouverture, libérant notamment cet été les derniers prisonniers politiques bélarusses.

Il a également su habilement utiliser la crise ukrainienne à son avantage, s'imposant comme médiateur entre la Russie et l'Union européenne ou accueillant à Minsk des pourparlers de paix entre Kiev et séparatistes prorusses.

Des gestes de bonne volonté bien perçus par l'Union européenne, qui attendait de voir "comment se déroule" le scrutin présidentiel. Les Européens voulaient notamment s'assurer "qu'il n'y a pas de nouvelles arrestations d'opposants, pas de violence, pas de persécution", avait expliqué un diplomate européen à l'AFP la semaine dernière.

L'élection s'étant déroulé dans le calme, tout porte à croire que l'Union européenne décidera dans les semaines à venir de lever ses sanctions.

"Il n'y a pas eu de manifestations massives ou d'arrestations cette année. C'est un progrès minimal mais suffisant pour une normalisation des liens avec les Etats-Unis ou l'UE", a expliqué à l'AFP l'analyste Alexandre Klaskovsky, du groupe de réflexion Belapan.

Les sanctions contre Alexandre Loukachenko avaient été décidées en 2011, après que des manifestations ayant suivi l'élection présidentielle de décembre 2010 eurent abouties à une violente répression et à l'emprisonnement de la plupart des candidats à la présidentielle.

- 'Dictature douce' -

Les autorités bélarusses avaient fait un important effort pour garantir un taux de participation élevé, en organisant un vote anticipé qui avait commencé mardi. Plus d'un tiers du corps électoral du Bélarus, qui compte un peu plus de 7 millions d'électeurs avait voté avant la journée de dimanche.

Le président russe Vladimir Poutine a félicité lundi son homologue bélarusse pour sa "victoire convaincante", disant espérer un renforcement du "partenariat stratégique" entre les deux pays.

Mais les principaux dirigeants de l'opposition, Mikola Statkevich et Anatoli Lebedko, ont affirmé lundi qu'ils ne reconnaitraient pas le résultat de la présidentielle.

"Nous ne considérons pas ce spectacle comme une élection et nous ne le reconnaissons pas", a déclaré à l'AFP un autre opposant influent, l'écrivain et poète Vladimir Nekliaev.

Le nouveau prix Nobel de littérature, l'écrivaine bélarusse Svetlana Alexievitch, avait elle aussi appelé l'UE à éviter tout rapprochement avec le dirigeant d'une "dictature douce".


           

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