Climat: la France met la pression pour un "pré-accord" avant la conférence de Paris


Lundi 1 Juin 2015 - 19:19
AFP


A six mois de la conférence de Paris sur le climat, la France a mis lundi la pression sur les négociateurs réunis à Bonn, appelant à "un pré-accord" mondial dès octobre pour lutter contre le réchauffement de la planète.


Climat: la France met la pression pour un "pré-accord" avant la conférence de Paris
"A moins de 200 jours" de la conférence de Paris, "chaque rendez-vous doit constituer un pas supplémentaire vers l’accord" qui liera 195 pays, a souligné le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à l'ouverture de négociations intermédiaires.

Appelant les délégations à "faire des choix" pendant ces 11 jours de discussions, il a lancé : "l’objectif est donc que nous parvenions à un pré-accord dès le mois d’octobre". Autrement dit : finaliser ce qui fait consensus et clarifier les options sur les autres aspects de l'accord qui devront être réglés au niveau ministériel.

Deux autres cycles de négociations sont prévus pour la fin de l'été et en octobre, avant la COP21 qui tentera de parvenir au premier accord engageant tous les pays dans la lutte contre les dérèglements climatiques à partir de 2020 avec l'objectif de ne pas dépasser 2°C de hausse mondiale des températures.

La France a également annoncé qu'elle organiserait deux réunions au niveau ministériel à Paris, les 20 et 21 juillet et le 7 septembre.

La base de travail des délégations de 195 pays est un texte arrêté en février qui compte plus de 80 pages et regorge d'options redondantes ou contradictoires sur plusieurs thèmes : objectif à long terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, adaptation aux impacts du réchauffement, financements alloués aux pays du Sud, mécanisme de révision à la hausse des objectifs, nature juridique de l'accord, etc.

La méthode de travail par consensus dans ces négociations placées sous l'égide de l'ONU a été vivement critiquée par la ministre française de l'Ecologie Ségolène Royal.

"Les négociations de l’ONU sont totalement inadaptées à l’urgence climatique", estime-t-elle dans un entretien avec le quotidien français Le Monde.

Pour autant, "il ne faut pas stopper les négociations onusiennes", souligne-t-elle, proposant une autre façon de procéder : "mettre sur la table un document rassemblant les engagements des pays les plus en avance, comme ceux de l’Union européenne, et demander aux Etats qui ne sont pas d’accord de s’exprimer".

- Garder le cap des 2°C -

Mais les pays restent très attachés à l'idée de discuter d'un texte qu'ils ont collectivement préparé ces derniers mois.

Laurent Fabius a souligné que le rôle de la France, en tant que futur hôte de la COP21, était de "rassembler pour avoir le maximum de chances de succès à Paris".

Tandis que les objectifs nationaux de réduction émissions de gaz à effet de serre pour 2025 ou 2030 sont peu à peu dévoilés (les pays ont jusqu'au 31 octobre), les discussions portent aussi sur la manière de vérifier leur mise en oeuvre et sur la possibilité de les revoir plus tard à la hausse.

Car "nous ne sommes pas sur une trajectoire de 2°C", reconnaît Laurence Tubiana, la négociatrice française, au vu des premiers engagements qui concernent 37 pays (les 28 membres de l'Union européenne, les Etats-Unis, la Russie, le Canada, etc.) représentant environ un tiers des émissions actuelles.

La Chine, le premier pollueur, devrait le faire prochainement, comme l'Australie, le Brésil et le Japon.

"Nous avons besoin de manière urgente que davantage de pays annoncent leur contribution nationale" à l'effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a estimé devant la presse Elina Bardram au nom de l'Union européenne.

Selon le Groupe intergouvernemental d'experts sur l’évolution du climat (GIEC), le monde doit se détourner des énergies fossiles, en particulier du charbon, et investir massivement dans l'efficacité énergétique pour découpler croissance économique et émissions de gaz à effet de serre.

Donner un prix aux émissions de CO2, en favorisant des procédés industriels plus propres, est l'un des outils pour aller dans cette direction et lundi six compagnies pétrolières et gazières -BG Group, BP, Eni, Royal Dutch Shell, Statoil et Total- ont appelé les Etats à agir dans ce sens de manière plus coordonnée.

La tarification carbone est un moyen de lutter contre le changement climatique sur le principe pollueur-payeur.

Enfin, la question des financements publics pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour l'adaptation aux impacts du réchauffement est toujours délicate, les pays du Sud exigeant des engagements clairs du Nord.

Sur ce sujet, le G7, prévu pour les 7 et 8 juin également en Allemagne, pourrait donner un coup de pouce aux négociations.


           

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