Comment les coqs perdent leur pénis, ou les surprises de l'évolution


Vendredi 7 Juin 2013 - 10:38
AFP


Washington - Les coqs n'ont pas de pénis comme la plupart des oiseaux, pourtant au premier stade du foetus l'organe sexuel mâle est normalement présent avant de disparaître presque entièrement, un mystère dont des chercheurs ont découvert le mécanisme génétique.


Comment les coqs perdent leur pénis, ou les surprises de l'évolution
"Notre recherche montre que la réduction du pénis pendant l'évolution des oiseaux a résulté de l'activation d'un mécanisme de programmation de mort des cellules dans un nouvel endroit qui est le haut du pénis émergent", explique Martin Cohn, du Howard Hughes Medical Institute en Floride, principal auteur de ces travaux publiés jeudi dans la revue américaine Current Biology.

"La régulation de l'équilibre entre la prolifération des cellules et leur mort est essentielle pour le contrôle de la croissance et du développement" des organismes, relève-t-il.

"Si cet équilibre pointe dans une direction ou une autre, une division cellulaire déficiente ou un excès de mort des cellules peut s'en suivre entraînant le sous-développement ou l'absence de tissus ou d'organe", précise le scientifique.

Dans le développement des poulets, l'activation d'un seul gène, appelé Bmp4, provoque la disparition du pénis. Chez les canards et les émeus ce même gène reste inactivé et leur pénis continue à se développer pleinement.

La raison pour laquelle ce gène est activé au détriment du pénis chez les poulets et la grande majorité des volatiles reste obscure, note Ana Herrera de l'Université de Floride et principal co-auteur de l'étude.

Selon elle, ce trait biologique pourrait laisser un plus grand contrôle aux poules pour leur reproduction.

Sans pénis, le coq transmet son sperme par l'orifice cloacal en se collant sur la femelle qui est aussi dotée du même orifice. Les ornithologues décrivent l'acte de reproduction de ces oiseaux en termes romantiques comme le "baiser cloacal".

Cette découverte pourrait ouvrir la voie à une meilleure compréhension de la perte d'organes en général dans l'évolution comme par exemple chez les serpents qui ont perdu leurs membres.

Cela pourrait aussi permettre d'apporter des réponses à des questions médicales.

"Les organes génitaux sont les organes qui évoluent le plus rapidement chez les animaux, des mollusques aux mammifères et sont plus souvent le plus affectés par des défauts congénitaux", précise Martin Cohn.

Disséquer les fondements moléculaires des variations biologiques naturelles résultant de l'évolution peut conduire à des découvertes de nouveaux mécanismes du développement embryonnaire dont certains sont totalement inattendus, estiment ce chercheur.

"Ceci nous permet non seulement de comprendre comment l'évolution fonctionne mais aussi d'avoir de nouveaux éclairages sur des causes possible de malformations", juge-t-il.


           

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