Crash d'un avion russe en Egypte: 162 corps rapatriés, enquête en cours


Lundi 2 Novembre 2015 - 16:05
AFP


Un avion transportant les corps de 162 des 224 victimes du crash d'un charter russe a quitté Le Caire dimanche pour la Russie alors que l'enquête sur les causes de cette catastrophe et les recherches de corps se poursuivent en Egypte.


Selon une source aéroportuaire au Caire et un porte-parole du ministère des Situations d'urgence à Moscou, un avion rapatriant 162 corps a décollé du Caire en fin de soirée en direction de Saint-Pétersbourg, où l'appareil de type Iliouchine 76 est attendu vers 02h00 GMT.

Plusieurs milliers de personnes ont rendu hommage dimanche soir dans la deuxième ville de Russie aux 217 passages et 7 membres d'équipage décédés dans la catastrophe, tous Russes à l'exception de trois Ukrainiens. Il s'agit de la pire catastrophe aérienne ayant touché la Russie.

L'Airbus A321-200 de la compagnie charter russe Metrojet, qui s'est écrasé à l'aube samedi dans le désert égyptien du Sinaï, avait décollé de la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh à destination de Saint-Pétersbourg.

Les autorités égyptiennes et russes ont affirmé ne pas être en mesure d'annoncer les causes du crash. Mais l'hypothèse d'un attentat reste envisagée par les experts après la revendication de la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui a annoncé samedi avoir détruit l'avion en représailles, selon elle, aux bombardements russes en Syrie.

Le chef des experts aéronautiques russes a affirmé que l'avion s'était disloqué "en l'air" pour une raison encore inconnue.

"Les fragments se sont éparpillés sur une grande surface d'environ 20 kilomètres carrés", a précisé au Caire Viktor Sorotchenko, directeur du Comité intergouvernemental d'aviation (MAK), cité par les agences russes.

Cette dislocation a eu lieu "à haute altitude", a de son côté expliqué à la télévision russe, depuis l'Egypte, le directeur de l'agence russe chargée du transport aérien, Alexandre Neradko.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé à attendre les résultats de "la vaste enquête techniquement compliquées" avant "d'évoquer les raisons possibles du drame".

- Ballons et colombes -

Sur les lieux du crash, au beau milieu de la province du Nord-Sinaï, un journaliste de l'AFP a vu d'innombrables petits débris noircis de l'avion éparpillés sur le sol aride. Ils dégageaient encore une odeur âcre de brûlé plus de 24 heures après le drame.

Aucun corps n'était visible mais des soldats surveillaient une dizaine de sacs noirs, rouge et oranges. Un peu plus loin, une toute petite veste rouge et grise laissait imaginer l'horreur, 17 enfants ayant péri dont une petite fillette de 10 mois.

Des dizaines de sacs de voyage et valises colorées étaient également entassés les uns sur les autres aux côtés des débris de l'appareil. Ils étaient pour la plupart en bon état.

Un officier de l'armée a assuré à l'AFP dimanche soir que 168 corps avaient été retrouvés sur les lieux de l'accident, certains "loin" du principal morceau de carlingue, notamment un à huit kilomètres. Les autorités égyptiennes ont dû élargir à 15 km le rayon des recherches.

Une journée de deuil national a été observée dimanche en Russie. En guise d'hommage, plusieurs milliers de personnes ont formé un cercle sur la vaste place du Palais au centre de Saint-Pétersbourg pour marquer une minute de silence puis lâcher ballons et colombes dans le ciel.

"Je ne pouvais pas ne pas venir", a expliqué à l'AFP Nika Kletskikh, 27 ans, qui a perdu une amie dans le drame. "C'est tellement effrayant de savoir qu'elle n'est plus là".

L'avion avait décollé samedi à l'aube de Charm el-Cheikh, le contact a été perdu après 23 minutes de vol alors que l'appareil se trouvait à plus de 30.000 pieds, une altitude de croisière (plus de 9.000 m).

- Enquête aussi ouverte en Russie -

Des enquêteurs russes et égyptiens se sont déployés, en compagnie du ministre russe des Transports, Maxime Sokolov, sur les lieux du crash, où ont été retrouvées les deux boîtes noires. Parallèlement, une centaine de secouristes russes ont pris la route avec leurs propres équipements.

Une enquête a aussi été ouverte en Russie et les locaux de la compagnie et du tour-opérateur perquisitionnés, tandis que des enquêteurs de France et d'Allemagne étaient attendus dimanche soir en Egypte, une procédure habituelle pour tous les incidents impliquant un Airbus.

Des experts interrogés par l'AFP refusent d'exclure, avant que les boîtes noires ne parlent, qu'une bombe ait pu exploser à bord ou que l'avion ait pu être touché alors qu'il était descendu plus bas pour une raison technique ou autre, par un missile ou une roquette tiré du sol.

Ils invoquent l'éparpillement des débris et des corps à l'appui de cette thèse.

Plusieurs compagnies aériennes, dont Air France, Lufthansa et Emirates, ont annoncé qu'elles ne survoleraient plus le Sinaï "jusqu'à nouvel ordre", "par mesure de sécurité" et dans l'attente des résultats de l'enquête.

Le tourisme, l'un des piliers de l'économie égyptienne, est déjà en berne depuis la révolte populaire de 2011 qui a mis fin au régime de Hosni Moubarak.

Les stations balnéaires de la mer Rouge, en particulier Charm el-Cheikh, restent cependant une importante destination, fréquentées essentiellement par des Russes ou des Européens de l'Est.


           

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