En Syrie, les Kurdes résistent à Kobané mais en Irak, l'armée est à la peine


Vendredi 24 Octobre 2014 - 10:54
AFP


Mursitpinar (Turquie) - Les Kurdes sont capables de résister aux jihadistes dans la ville syrienne de Kobané, assurent des responsables américains tout en avertissant que dans l'Irak voisin l'armée n'est pas encore en mesure de reconquérir les territoires tombés aux mains du groupe Etat islamique.


En Syrie, les Kurdes résistent à Kobané mais en Irak, l'armée est à la peine
Aidés par les raids aériens de la coalition, les Kurdes combattent les jihadistes sur plusieurs fronts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "De lourdes pertes sont infligées à l'organisation (de l'Etat islamique) tous les jours. Des témoins nous parlent de corps de combattants gisant dans les rues où se trouvent l'EI suite à des raids ou à la résistance féroce des YPG", a affirmé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Les lignes de front n'ont pas bougé depuis une semaine, a avancé un responsable américain sous le couvert de l'anonymat, assurant que "les défenseurs kurdes (...) vont être en mesure de résister" à l'assaut jihadiste lancé le 16 septembre.

Pour empêcher la ville, devenue un symbole politique et médiatique de la lutte contre l'EI, de tomber, la coalition menée par les Etats-Unis y procède depuis fin septembre à des raids quotidiens. Selon l'OSDH, les avions de la coalition ont de nouveau frappé dans la nuit de jeudi à vendredi à l'ouest de Kobané.

Au total, plus de 500 jihadistes, principalement de l'EI, ont été tués dans les raids aériens menés en Syrie, selon l'OSDH, qui précise que la "grande majorité" des combattants tués "ne sont pas des Syriens".

L'EI compte des dizaines de milliers de combattants dont 15.000 étrangers selon l'ONU. Le groupe extrémiste sunnite est responsable de terribles exactions -viols, rapts, exécutions, décapitations- dans le "califat" qu'il a proclamé sur les vastes régions sous son contrôle en Syrie et en Irak.

Dans ces deux pays, la coalition a mené depuis le 8 août plus de 600 frappes aériennes et largué 1.700 bombes, a détaillé jeudi le Centcom, le Commandement militaire américain chargé de la région.

- L'EI avance à Anbar -

En Irak, la France a procédé à sa 7e frappe dans la nuit de jeudi à vendredi, dans le cadre d'une grosse opération qui a détruit un centre d'entraînement jihadiste dans la région de Kirkouk, a indiqué le chef d'état-major des armées françaises, Pierre de Villiers.

Mais en dépit de l'appui aérien international, les jihadistes ont enregistré des avancées ces derniers jours.

Dans le nord du pays, ils assiègent le Mont Sinjar, où s'étaient réfugiés début août des milliers de civils de la minorité yazidie fuyant devant l'avancée du groupe extrémiste.

Plus au sud, ils se sont emparé d'une nouvelle zone de la province d'Al-Anbar, à l'ouest de Bagdad, quasiment entièrement sous leur coupe. "La zone d'Albou Nimr est totalement tombée aux mains des combattants" de l'EI, a affirmé un parlementaire de la région, Ghazi Najras.

Et face à ces avancées, l'armée irakienne ne sera pas en mesure de lancer une grande offensive pour reprendre le territoire cédé à l'EI avant plusieurs mois, a indiqué jeudi un responsable de l'armée américaine sous couvert d'anonymat.

Les militaires, qui se remettent à peine de la série de défaites subies face à l'EI depuis le 9 juin et l'offensive fulgurante qui a vu les jihadistes s'emparer de pans entiers de territoire, ne se déplacent pas beaucoup et restent surtout en position défensive, selon des responsables du Centcom.

Plusieurs experts ont déjà souligné que les frappes de la coalition seraient plus efficaces si l'armée irakienne donnait le tempo sur le terrain en passant à l'offensive et en forçant les jihadistes à réagir.

Dissoute par les Américains en 2003, dans la foulée de l'invasion de l'Irak, l'armée de Saddam Hussein, alors forte de 450.000 militaires, a été remplacée par une nouvelle force, dont l'effectif actuel approche les 200.000 hommes, dont l'avancée des jihadistes a souligné les faiblesses.

Face à la situation, des responsables et des chef de tribus sunnites ont appelé la coalition internationale à accroître son engagement en envoyant des troupes au sol. Mais le Premier ministre irakien, Haïdar al-Abadi, a répété à de nombreuses reprises qu'il était opposé à la présence de forces étrangères sur son territoire.

Autre angle d'attaque contre l'EI, les Etats-Unis ont de leur côté souligné leur volonté d'asphyxier les finances du groupe, qu'ils jugent être "l'organisation terroriste la mieux financée au monde", pour l'empêcher d'administrer les territoires dont il a pris le contrôle.


           

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