Etats-Unis: début d'année sans éclat des banques mais pas de catastrophe


Vendredi 18 Avril 2014 - 11:24
AFP


New York - Litiges, coup de mou du courtage, moins d'impayés: le premier trimestre a été sans éclat pour les grandes banques américaines, alors que se mettent en place les nouvelles règles pour éviter une nouvelle crise.


Les bénéfices cumulés des six grosses banques américaines s'élèvent à un peu plus de 18,1 milliards sur les trois premiers mois de l'année, en baisse de 13,8% sur un an.

Contrairement à la même période l'an dernier où le secteur avait réalisé un sans-faute, un établissement financier, Bank of America, est tombé dans le rouge avec une perte de 276 millions de dollars.

"Les banques ont envoyé des messages différents", résume pour l'AFP Erik Oja, analyste chez S&P Capital.

- Immobilier et provisions -

Il y a celles comme JPMorgan Chase, Bank of America (BofA) et Citigroup, dont les activités englobent aussi bien la banque de détail que la banque d'affaires et qui trainent encore le lourd héritage de la crise financière.

Pour elles, "le son de cloche reste identique: l'immobilier et les provisions liées aux pertes de crédits", développe M. Oja.

Pas étonnant donc de voir que leurs performances trimestrielles ont été limitées par l'atonie du marché dit de refinancement des prêts. En gros, un emprunt qui remplace un prêt plus ancien avec des conditions plus favorables.

Les contentieux liés aux prêts immobiliers toxiques "subprime" coûtent toujours aussi cher: BofA a inscrit une charge de 6 milliards de dollars, après avoir accepté de verser 9,3 milliards de dollars aux organismes de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac pour solder un litige remontant à la crise financière.

Les pures banques d'affaires, Goldman Sachs et Morgan Stanley, résistent encore aux incertitudes règlementaires sur le courtage, qui a été le principal moteur de leurs bénéfices ces dernières années.

Seule Wells Fargo est toute tournée vers son marché intérieur: son activité principale est de prêter de l'argent aux entreprises et aux ménages. Elle semble protégée des affaires légales qui menacent ses rivales.

La banque de San Francisco conserve son titre de grande banque américaine la plus rentable (5,6 milliards de dollars de bénéfice trimestriel net), devant JPMorgan (5,3 milliards) à qui elle avait ravi le titre l'an dernier.

- Revanche de Main Street sur Wall Street -

La trajectoire de ces deux banques fait dire aux critiques du secteur que la montée en puissance de Wells Fargo symbolise la revanche de "Main Street" (les gens ordinaires) sur "Wall Street" (la finance).

Wells Fargo continue à prêter, mais le PDG de JPMorgan Jamie Dimon a récemment averti que sa banque risquait de ne plus octroyer de crédit aux ménages pauvres.

Pour le courtage, moteur des bénéfices des banques américaines depuis la crise, les incertitudes restent nombreuses au moment où les gros établissements s'adaptent aux règlementations plus dures, notamment en matière de liquidités

Comme attendu, les revenus des activités obligataires, de changes et de matières premières appelées "Revenus fixes", qui offrent des rendements parmi les meilleurs, ont ralenti au cours du trimestre.

Hormis Morgan Stanley, qui a vu les revenus des activités obligataires, des marchés des changes et des matières premières augmenter de 13%, le plongeon est généralisé: ces revenus ont baissé de 2% chez Bank of America, 11% chez Goldman Sachs, 18% chez Citigroup et 21% chez JPMorgan.

- Goldman Sachs gagnante ? -

Ces nouvelles règles pourraient redessiner le paysage au détriment de JPMorgan, selon Richard Bove, analyste de Rafferty Capital Markets.

Pour s'y conformer, l'ex-élève modèle de Wall Street a ainsi dû céder son unité de négoces de matières premières physiques et pourrait procéder à d'autres actifs jugés moins rentables.

Goldman Sachs pourrait être la grande gagnante au vu du niveau de sa rentabilité financière (RoE), indicateur clé dans le secteur, établie à 10,9%, bien supérieure aux 10% de JPMorgan ou encore aux 8,3% de Morgan Stanley.

Le deuxième trimestre pourrait réserver de belles surprises, conviennent Richard Bove et Erik Oja, car, selon eux, le printemps est traditionnellement une période propice aux achats immobiliers.

De plus, les banques auront une idée plus claire sur la règlementation et les litiges qui restent à solder.


           

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