Face à la crise, la presse à la recherche d'un modèle économique


Samedi 8 Novembre 2008 - 13:26
AFP


Alors que la presse fait ses états généraux, les éditeurs sont encore à la recherche d'un modèle économique pour sortir les journaux de la crise et encore plus pour trouver les bons moyens d'investir dans l'internet et d'adapter les rédactions à la révolution numérique.


Un kiosque à journaux à Paris
Un kiosque à journaux à Paris
Vendredi, trois patrons et anciens patrons de presse se sont succédés lors de la deuxième séance d'auditions publiques des états généraux devant le groupe de travail sur l'industrie du secteur.

Avec la crise financière, puis économique, "2009 sera une +annus horribilis+ dans la presse", a averti Olivier Fleurot, président exécutif de Publicis Worldwide et ancien directeur général du Financial Times.

Tout comme Rik de Nolf, Pdg de Roularta, et Jean-Marie Colombani, ancien président du Monde, il a listé les difficultés générales et les "maux spécifiquement français" dont souffre le secteur: coûts de fabrication élevés, tarifs postaux en hausse, faiblesse du nombre de marchands de journaux, sous-capitalisation des groupes de presse...

Mais si le constat qu'un nouveau modèle économique est à inventer pour sortir de la crise est partagé, les moyens d'y parvenir font encore débat.

La tâtonnement est particulièrement flagrant sur internet, où modèles gratuits et payants coexistent toujours.

"Le chiffre d'affaires sur internet est toujours minime. On progresse, mais dès qu'on fait un effort d'investissement, les coûts sont tellement importants qu'ils dépassent les recettes", a expliqué M. de Nolf.

Il est "très difficile de rentabiliser tout ça", mais internet est aussi la "première source de recrutement des abonnés" et le lieu de nouvelles ressources grâce à la publicité et au commerce en ligne, a-t-il expliqué.

Le groupe belge a "décidé d'arrêter toutes les équipes dédiées" sur internet et appelle désormais tous ses journalistes à collaborer au web.

"Au Financial Times, nous avions fusionné les rédactions et supprimé le mot journal de notre vision pour devenir une source d'information", a expliqué Olivier Fleurot, invitant les éditeurs à "investir massivement" dans la formation des journalistes aux nouveaux médias et dans le marketing sur internet.

Jean-Marie Colombani a au contraire estimé qu'il était préférable de "séparer encore pendant quelques années" les rédactions web et papier.

"Un journal papier peut s'appuyer sur une déclinaison internet, mais il faut qu'internet reste neuf, différent pour qu'il continue à se développer", a-t-il jugé, mettant en garde contre une fusion des rédactions qui "tuerait le dynamisme" du web.

"La fusion des rédactions est le plus souvent décrétée pour des questions de restructuration. C'est une vision à courte vue", a-t-il estimé.

Autre divergence stratégique : les conditions de fabrication du journal, pour faire face à l'importance des coûts d'impression.

M. de Nolf a indiqué que son groupe était également imprimeur et avait investi dans de nouvelles rotatives afin de pouvoir "imprimer jour et nuit, quasiment sept jours sur sept" et rentabiliser ainsi l'activité.

Pour M. Fleurot, au contraire, il faut "confier l'impression à des professionnels", tout comme "revoir les contrats et le dialogue social, abaisser radicalement les coûts".

"Les éditeurs doivent se demander où ils peuvent apporter de la valeur ajoutée. Je pense que c'est dans la création" et non dans la fabrication, a-t-il dit.


           

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