France/Fillon-Mélenchon: Un duel pour la troisième place ou pour le second tour?


Lundi 10 Avril 2017 - 18:02
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Paris - On n’aurait pas misé dessus il y a encore quelques semaines, voire quelques jours. Et pourtant. Jean-Luc Mélenchon est passé pour la première fois devant François Fillon dans les intentions de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle selon un sondage publié dimanche, avec 18% pour le premier contre 17% pour le second.


Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon
Son adversaire socialiste, Benoît Hamon, est lui loin derrière avec seulement 9% des suffrages exprimés. La semaine dernière, le candidat de la "France Insoumise" avait déjà le vent en poupe dans un autre sondage qui le classait à la tête des personnalités politiques préférées des français devant Emmanuel Macron et Alain Juppé avec 51% de réponses positives, soit un bond de…19 points en un mois. Incroyable.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

Comment expliquer une telle progression ? En janvier, le candidat « insoumis » trustait à la cinquième place dans les enquêtes d’opinion et rien n’augurait de la situation actuelle. Entre temps, les affaires judiciaires du candidat républicain François Fillon se sont invitées dans la campagne, écornant sérieusement son image d’homme intègre et éloignant ses soutiens les plus modérés. 

De l’autre côté, Benoît Hamon, sévèrement critiqué pour son programme par l’aile droite du parti socialiste, ne compte plus les défections des caciques du PS en faveur du candidat "En Marche" Emmanuel Macron. En face, Jean-Luc Mélenchon a su tirer profit de la situation pour gagner des points. 

En tapant durement sur François Fillon et en préservant Benoît Hamon, il a su ramener à lui une partie des déçus du premier et des électeurs du second qui espèrent toujours une victoire de la gauche en 2017, mais qui ont perdu espoir en leur candidat. D’autant que ce dernier a d’ores et déjà annoncé samedi, sur France 2, qu’il soutiendrait Mélenchon s’il passait au second tour. Même si les deux hommes n’ont pas pu s’entendre pour une candidature commune, leur pacte de « non agression » tient toujours et Benoît Hamon a rappelé qu’au fond, « il y a des proximités politiques » entre eux.

Mais expliquer la percée de Jean-Luc Mélenchon par un simple concours de circonstances serait réducteur. Il doit d’abord beaucoup à sa stratégie de communication innovante. Il est le premier de tous les candidats à avoir créé une chaîne You Tube, qui compte des milliers d’abonnés, et investi les forums de jeunes sur le web.

Un jeu vidéo, intitulé « Fiscal Combat » et dont Jean-Luc Mélenchon est le héros principal, a été lancé vendredi à l’adresse de cette jeunesse, qui l’a consacrée en retour à sa manière en créant, notamment, des mèmes à son effigie. Il a également créé l’événement en février avec la retransmission en direct de son meeting entre Lyon et AubervIlliers grâce à un hologramme. Et il ne compte pas s’arrêter là puisqu’il vient d’annoncer l’organisation de sept meetings simultanés pour le 18 avril dans autant de grandes villes grâce au même procédé.

François Fillon veut des voix, pas de l’amour

A deux semaines du premier tour, Jean-Luc Mélenchon mise tout sur les manifestations publiques. Car il le sait, il est un tribun hors pair. Et c’est après sa marche pour la VIème République à Paris, qui a rassemblé plus de 100000 personnes à Paris, qu’il a commencé à monter en puissance et infléchi son discours.



Le Mélenchon clivant de 2012 a laissé la place en 2017 à un Mélenchon « rassembleur » et pédagogue lors des débats télévisés. Dimanche, c’est dans le costume de « candidat de la paix » qu’il s’est adressé aux 70000 personnes venues l’écouter sur le Vieux Port à Marseille.

Au même moment, à Paris, François Fillon tenter de ressouder les rangs devant 25000 personnes, dans un discours où il s’est positionné en candidat du « bon sens » face à ses adversaires, se comparant à « Vercingétorix », donné perdant avant de gagner contre Jules César.

«Parmi mes concurrents, je suis le seul à vouloir un changement profond » a-t-il martelé, en développant les points économiques de son programme. Conscient de l’impact de ses affaires dans l’opinion, François Fillon s’est posé comme un ultime recours pour sauver l’intérêt de la France : « Je ne vous demande pas de m’aimer, je vous demande de me soutenir », a-t-il déclaré, en écho aux propos de Nicolas Sarkozy, qui avait appelé à voter « sans état d’âme » pour le candidat républicain.

Qui de lui ou de Mélenchon ravira la troisième place, voire la seconde le 23 avril ? Tout se joue dans un mouchoir de poche, et les quinze prochains jours pourraient changer la donne pour l’un, comme pour l’autre.


           

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