Fred l'enchanteur, le père de "Philémon", est mort


Mercredi 3 Avril 2013 - 14:04
AFP


Paris - Géant de la BD et poète de génie, Fred s'est éteint mardi soir à Paris à l'âge de 82 ans, lui qui venait de clore les aventures de son héros "Philémon", avec "Le train où vont les choses", épopée onirique débutée dans les années 1960 dans le journal Pilote.


Fred l'enchanteur, le père de "Philémon", est mort
"Il était depuis plus de 60 ans l'un des plus grands artistes, un créateur et un poète hors du commun. Aujourd'hui, l'ensemble de la bande dessinée est en deuil", souligne son éditeur Dargaud.
 
Ancien d'Hara-Kiri, grande figure de Pilote, auteur de chansons pour Jacques Dutronc, Fred a été abondamment récompensé pour ses BD, notamment par le Grand Prix d'Angoulême en 1980. Une superbe rétrospective lui avait été consacrée en 2012 dans ce même Festival.
 
Grosse moustache débonnaire, regard constellé d'étoiles, Fred, de son vrai nom Frédéric Othon Aristidès, est né le 5 mars 1931 à Paris dans une famille d'origine grecque.
 
Ses oeuvres les plus célèbres sont "Le Petit Cirque" ou "L'histoire du corbac aux baskets" et, bien sûr, la série "Philémon", son personnage fétiche à l'éternel pull marin qui navigue sur les lettres de l'océan Atlantique: 15 tomes et une intégrale en trois volumes de 1972-2011, auquel s'ajoute 16e et dernier volume, publié en février dernier.
 
La maladie avait obligé Fred, qui vivait depuis un an dans une maison de retraite parisienne, à poser ses crayons. Mais son éditeur était parvenu à lui redonner l'envie de terminer l'une des aventures inachevées de Philémon, en lui présentant une simulation de la couverture faite par Dargaud.
 
"Cela m'a redonné du tonus", disait récemment le dessinateur-poète dans Le Monde. Ce sera donc "Le train où vont les choses" qui se termine par une double page où Philémon se débat au creux d'une vague immense.
 
"Chaque lecteur imaginera ce qu'il voudra", relevait Fred dans Le Monde, ajoutant: "c'est le privilège des auteurs, nos personnages nous survivent...". Une option a d'ailleurs été signée pour adapter Philémon au cinéma.
 
Passionné de dessin dès ses plus jeunes années, Fred publie son premier dessin humoristique dans le courrier des lecteurs d'un journal pour enfants.
 
Puis il fait ses premiers pas vers l'absurde en dévorant Edgar Poe, Charles Dickens et Oscar Wilde.
 
Vers 18 ans, il place un dessin à Ici-Paris. A son retour de l'armée, il dessine pour France Dimanche, Paris Match, Le Hérisson et Quartier latin, modeste journal vendu par Georges Bernier, connu plus tard sous le nom de professeur Choron.
 
C'est avec lui et François Cavanna que Fred créé Hara-Kiri en septembre 1960. Promu directeur artistique, il exécute les soixante premières couvertures, touche un peu à tout, et revient à la bande dessinée.
 
En 1966, René Goscinny, alors rédacteur en chef de Pilote, publie "La Clairière des trois hiboux", premier épisode des aventures de Philémon, doux rêveur adolescent. C'est le début d'une longue aventure enchantée.
 
Dans les années 1970, Dutronc demande à Fred de lui écrire des chansons. Ce sera "Le fond de l'air est frais", classé au hit-parade.
 
Fred signe aussi plusieurs albums considérés comme des chefs-d'oeuvre: "L'Histoire du corbac aux baskets", "L'Histoire de la dernière image" et "L'Histoire du conteur électrique", regroupés fin 2010 dans un coffret, auquel est ajoutée "L'histoire du Magic Palace hôtel".
 
Dargaud lui a consacré en 2011 une biographie, "L'Histoire d'un conteur éclectique", dans laquelle ce funambule à l'imaginaire foisonnant, pétri d'absurdité, d'humour et de tendresse, se confiait en toute liberté.


           

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