Gambie: le président Barrow rentre, une semaine après avoir prêté serment


Jeudi 26 Janvier 2017 - 09:52
AFP


Le nouveau président gambien Adama Barrow doit regagner jeudi son pays, un retour très attendu depuis sa prestation de serment il y a une semaine à Dakar et le départ en exil de Yahya Jammeh le 21 janvier, épilogue d'une crise à rebondissements de six semaines.


Accueilli au Sénégal depuis le 15 janvier à la demande de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui craignait pour lui tant que M. Jammeh était en place, M. Barrow différait jusque-là sine die son retour, invoquant des inquiétudes persistantes pour sa sécurité.

La Gambie, petit pays anglophone totalement enclavé dans le Sénégal, à l'exception d'une étroite façade côtière prisée des touristes, a été dirigée d'une main de fer pendant 22 ans par Yahya Jammeh, un ancien militaire.

D'abord annoncée pour jeudi à 16H00 (locales et GMT) sur un compte Facebook au nom de M. Barrow, cette arrivée a d'abord été confirmée à l'AFP à Dakar par une source à la présidence sénégalaise, puis par l'entourage du nouveau président au Sénégal et en Gambie.

L'envoyé spécial de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, qui a informé le Conseil de sécurité sur la situation lors d'une session à huis clos, accompagnera jeudi M. Barrow de Dakar à Banjul, a-t-on indiqué à New York.

"Nous ne devrions pas tourner le dos à la Gambie maintenant", a déclaré aux journalistes l'ambassadeur de Suède, Olof Skoog, qui préside le Conseil en janvier, il faut "maintenir le cap et soutenir la démocratie".

Elu le 1er décembre face à Yahya Jammeh - qui avait initialement reconnu sa défaite avant de se raviser le 9 décembre, un revirement qui a déclenché la crise -, Adama Barrow a prêté serment le 19 janvier à l'ambassade de Gambie à Dakar. Peu après la Cédéao lançait une opération pour forcer M. Jammeh à céder le pouvoir. Celui-ci a finalement quitté le pays samedi dernier pour être accueilli par la Guinée équatoriale.

Depuis, le nouveau président n'est plus apparu, ni ne s'est exprimé en public ni adressé directement à son peuple, à part une série d'interviews accordées à des médias locaux et internationaux à Dakar.

- 'Mercenaires cachés ?' -

Dans un premier temps, M. Barrow "résidera chez lui jusqu'à nouvel ordre" plutôt qu'à la présidence, où la force de la Cédéao, sous commandement sénégalais, a installé son état-major, a indiqué à la presse mercredi à Banjul son porte-parole, Halifa Sallah. Cette force compte 4.000 hommes.

Les attentes et les défis s'annoncent immenses, à commencer par la mise en place d'une administration, qui semblait mal engagée, la vice-présidente choisie par M. Barrow, Fatoumata Jallow Tambajang, étant en principe atteinte par une limite d'âge constitutionnelle.

Le président "est en train d'examiner cette question", a affirmé M. Sallah, sans autre précision.

Parmi les premières priorités, figure la réforme des forces de sécurité, a-t-il ajouté.

Malgré le départ en exil de Yahya Jammeh, le nouveau chef de l'Etat a demandé la poursuite de l'opération militaire de la Cédéao, notamment pour enquêter sur les affirmations indiquant que des mercenaires et des armes sont entrés en Gambie pendant les semaines de crise au cours desquelles le président sortant a refusé de quitter le pouvoir.

"Le président Adama Barrow nous a demandé (...) d'étudier s'il y a des stocks d'armes quelque part. Et s'il y a des mercenaires cachés quelque part", a déclaré le président de la Commission de la Cédéao Marcel Alain de Souza.

M. Barrow a également demandé aux forces de la Cédéao de rester six mois dans le pays, une décision qui appartiendra aux responsables militaires de la Cédéao, a souligné M. de Souza.

"C'est bien qu'il vienne maintenant", a déclaré à l'AFP Mamadou Ba, un habitant de Banjul, approuvant le choix du nouveau président de "s'appuyer sur les forces de la Cédéao parce qu'on ne sait pas qui lui est fidèle" parmi les services de sécurité.

Signe des tensions latentes, le jour du départ de Yahya Jammeh, sept personnes, dont un enfant, qui célébraient l'événement à Foni Bajana, un village au sud-est de la capitale, ont été légèrement blessées par des partisans de l'ex-président armés de machettes, de coutelas et de chaînes de vélo, ont affirmé des habitants à l'AFP mercredi.


           

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