"Heli", un film dur pour "faire réfléchir" sur la violence au Mexique


Mercredi 9 Avril 2014 - 17:38
AFP


Le film mexicain "Heli", en salles mercredi, est une oeuvre radicale sur le destin d'une famille confrontée à la violence des narcotrafiquants, une façon de "faire réfléchir" à "ce qui ne va pas" dans ce pays, selon son réalisateur Amat Escalante.


Le réalisateur mexicain Amat Escalante
Le réalisateur mexicain Amat Escalante
Le long métrage a reçu le Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes.

Plongée au coeur de la corruption, des cartels mafieux et de leurs trafiquants de drogue, "Heli" est le troisième long métrage d'Amat Escalante, 34 ans, après "Sangre", présenté à Cannes en 2005 dans la section "Un certain regard", et "Los Bastardos" (2008).

L'auteur, proche du réalisateur Carlos Reygadas, explore dans ce nouveau film l'histoire d'Estela, 12 ans, de son frère aîné Heli et de leurs proches, une famille modeste prise dans un engrenage qui la dépasse. Estela, son père et Heli, ouvrier dans l'usine automobile de la ville, vivent avec la jeune épouse d'Heli et leur bébé.

Mais quand Estela tombe amoureuse de Beto, 17 ans, un policier impliqué dans un détournement de drogue, toute la famille est soudain entraînée dans un tourbillon de violence.

- La violence triste, sale -

Dépouillé comme les paysages arides qu'il montre, tranchant et très dur, avec des scènes de violence physique frontale dont une difficilement supportable - qui a fait fuir certains spectateurs cannois de la salle -, "Heli" fait partager au public la tension que vivent les personnages, installés dans un climat de peur et de brutalité.

"Je pense que d'un point de vue moral, notre responsabilité consiste à montrer la violence telle qu'elle doit être, c'est-à-dire triste, sale", expliquait à Cannes Amat Escalante devant la presse.

"Montrer la violence pour la violence, ce n'est pas ce qui m'intéresse. Ce que j'ai souhaité, c'est plutôt trouver une sorte de fil conducteur qui permette de placer cette violence dans son contexte" social, ajoutait le réalisateur, selon lequel "la réalité du Mexique est encore pire que ce qui est montré dans le film".

"Je pense que nous avons eu raison dans ce film de montrer la violence d'une façon qui fasse réfléchir les gens et les amène à conclure que ça ne va pas", dit-il.

Ce film et les deux précédents racontent la société mexicaine contemporaine et "traitent plus ou moins directement de la façon dont la culture américaine l'imprègne", dit Amat Escalante, dont la mère est une universitaire américaine et le père un artiste mexicain.

"Sangre" montrait par exemple les effets pervers de cette influence américaine à la télévision, dans la nourriture.

"Heli" est marqué par l'implantation locale d'une usine General Motors autour de laquelle se sont construites des habitations éparses, relève le cinéaste.

Pour autant, il se défend d'être un auteur "à messages". "C'est la dimension psychologique qui m'intéresse", dit-il, "comment vit-on dans un climat de peur permanente?".


           

Nouveau commentaire :

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement