L'Italie condamnée pour l'enlèvement par la CIA en 2003 d'un imam à Milan


Mardi 23 Février 2016 - 14:58
AFP


L'Italie était au courant de l'enlèvement par la CIA d'un imam égyptien à Milan en 2003 et a abusivement invoqué le secret d'Etat pour assurer l'impunité aux responsables, a tranché mardi la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).


Les juges de Strasbourg ont estimé que l'Italie s'était rendue coupable de nombreuses violations des droits de l'Homme dans cette affaire, notamment l'interdiction de la torture et le droit au respect de la vie familiale.

La Cour "tient pour établi que les autorités italiennes savaient" que l'imam Abou Omar - alors soupçonné de liens avec le terrorisme, et depuis condamné en Italie par contumace pour association de malfaiteurs à des fins de terrorisme international- était victime d'une opération d'enlèvement montée par des agents américains.

En outre, le secret d'Etat "a été de toute évidence appliqué par le pouvoir exécutif italien afin d'empêcher les responsables de l'affaire de répondre de leurs actes", a dénoncé la Cour.

"L'enquête et le procès n'ont pu déboucher sur la punition des responsables si bien qu'en fin de compte, il y a eu impunité", a-t-elle conclu.

L'Egyptien Osama Mustafa Hassn Nasr, dit Abou Omar, aujourd'hui âgé de 53 ans, s'était installé en Italie en 1998 et s'était même vu accorder le statut de réfugié politique en 2001.

En février 2003, il fut enlevé et transféré au Caire en avion militaire. Il y sera enfermé, torturé, puis brièvement libéré en avril 2004. Après avoir donné des nouvelles à sa femme et envoyé un témoignage détaillé au parquet de Milan, il avait aussité été replacé en détention. Il n'en ressortira qu'en 2007, sans être inculpé mais avec l'interdiction de quitter le territoire égyptien.

Ce kidnapping en pleine rue, dans un pays ami des Etats-Unis, avait provoqué un scandale en Italie.

- Extradition jamais réclamée -

Lors d'une audience en juin devant la CEDH, l'Italie avait rappelé qu'elle avait été le premier pays en Europe à organiser un procès concernant les transfèrements secrets par la CIA de terroristes présumés vers des pays connus pour pratiquer la torture.

Ce procès s'est soldé en 2012 par la condamnation définitive de 22 agents de la CIA et d'un officier des forces armées, tous américains, à des peines de 7 à 9 ans de prison.

Les condamnés n'ont toutefois jamais purgé leur peine: ils se trouvent aux Etats-Unis, et l'Italie n'a jamais réclamé à Washington leur extradition.

Parallèlement à cette procédure contre les espions américains, la justice italienne avait également poursuivi plusieurs hauts responsables des services de renseignement militaires italiens (Sismi).

Ses deux plus hauts dirigeants, Marco Mancini et Nicolo Pollari, ont écopé de 9 et 10 ans de prison. Mais leurs condamnations ont ensuite été annulées par la Cour de cassation, en février 2014, au motif que les pr


           

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