La Berlinale démarre sur un air de swing, avec "Django"


Jeudi 9 Février 2017 - 10:47
AFP


Le festival du film de Berlin ouvre ses portes jeudi avec la projection en avant-première de "Django", un biopic consacré au fondateur du jazz manouche et à un épisode méconnu de sa vie pendant la Seconde guerre mondiale, en pleine persécution nazie.


Pour cette 67e édition qui fait la part belle aux portraits d'artistes, 18 films sont en lice pour l'Ours d'or qui sera remis le 18 février par un jury présidé par Paul Verhoeven, le réalisateur de "Basic Instinct", "Starship Troopers" ou plus récemment "Elle" avec Isabelle Huppert.

Avant le coup d'envoi des festivités, le cinéaste néerlandais, qui navigue entre Hollywood et cinéma d'auteur européen, a confié vouloir des controverses et des surprises, jugeant que le cinéma y parvenait de plus en plus rarement.

"J'espère qu'il y aura des idées que je n'ai pas encore vues, qu'elles soient éthiques ou immorales, peu importe", a-t-il déclaré mercredi dans un quotidien allemand.

La sélection démarre avec "Django", qui marque les débuts derrière la caméra du Français Etienne Comar, jusqu'ici connu comme scénariste et producteur ("Des dieux et des hommes", "Mon roi").

C'est l'histoire d'un personnage "aveuglé par sa musique, qui ne voit pas le monde changer et qui va être rattrapé par la guerre", a expliqué à l'AFP Etienne Comar, avant la présentation du film.

Le célèbre guitariste, incarné par l'acteur français Reda Kateb ("Un prophète"), a été forcé de fuir en 1943 le Paris occupé en raison de son appartenance à la communauté manouche persécutée par les nazis.

"Je ne voulais absolument pas réaliser un biopic, mais raconter une histoire qui a des correspondances avec la période contemporaine, avec le statut de l'artiste dans un monde en crise", a souligné le réalisateur.

- 'Oui à la vie' -

"+Django+ constitue "une histoire bouleversante de survivant", a estimé de son côté Dieter Kosslick, directeur de la Berlinale.

"Nous avons là un programme qui dit +oui à la vie+ et des artistes qui décrivent des quotidiens bouleversés par des apocalypses mais dans lesquels il y a toujours une porte de sortie", a-t-il expliqué.

Pendant 11 jours, quelque 400 films provenant de 70 pays vont être diffusés dans le cadre du premier grand festival de cinéma de l'année en Europe et le seul à être ouvert au public.

Fidèle à sa tradition, la Berlinale accueillera films d'auteur et grosses productions américaines.

"Logan", troisième volet des aventures du super-héros Wolverine avec Hugh Jackman, sera ainsi présenté en avant-première.

Les spectateurs pourront aussi découvrir "T2 Trainspotting" du Britannique Danny Boyle, la suite vingt ans après du film culte des années 1990.

Face à ces grosses machines, des cinéastes reconnus comme la Polonaise Agnieszka Holland ("Europa Europa"), une des quatre réalisatrices en compétition, et le Roumain Calin Peter Netzer, lauréat de l'Ours d'or 2013, viendront présenter leurs nouveaux films.

Côté français, Martin Provost ("Séraphine") réunit dans "Sage Femme" un duo inédit: Catherine Frot et Catherine Deneuve dans le rôle d'une femme venue troubler la tranquillité de la fille de son ancien amant.

Richard Gere, Laura Linney, Rebecca Hall et Chloë Sevigny seront eux à l'affiche du thriller "The Dinner", sur deux familles liées par un terrible secret.

Ardent défenseur de la cause tibétaine, l'acteur américain en profitera pour rencontrer Angela Merkel. La chancelière allemande avait reçu l'an dernier George Clooney pour évoquer le sort des réfugiés en Europe. La Berlinale avait ensuite récompensé de l'Ours d'or le film italien "Fuocoammare, par-delà Lampedusa", sur la crise migratoire.

Cette année, cette thématique sera toujours d'actualité, avec des actions de solidarité prévues et des films comme le dernier d'Aki Kaurismäki ("L'autre côté de l'espoir"), sur la rencontre entre un quinquagénaire finlandais et un réfugié syrien dans Helsinki.

Stars et réalisateurs ne devraient pas manquer également de revenir sur l'essor des populismes en Occident, l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis et son très controversé décret migratoire qui vise les ressortissants de pays à majorité musulmane.

La ministre allemande de la Culture Monika Grütters a d'ailleurs souligné mercredi que ce festival a pour message "la diversité culturelle contre le simplisme populiste".


           

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