La Méditerranée tente de préserver sa position de leader touristique


Lundi 16 Avril 2012 - 16:01
AFP


Djerba (Tunisie) - Secoué par la crise économique au nord et confronté à la tourmente de la révolution sur fond de montée de l'islamisme dans les pays du "printemps arabe", le bassin méditerranéen cherche à sauver sa position de leader touristique.


Djerba
Djerba
"L'avenir du tourisme" en Méditerranée était lundi au menu lundi d'une conférence groupant sur l'île de Djerba (sud de la Tunisie) quelque 400 personnes dont des ministres et des experts d'une quarantaine de pays à l'initiative de l'Organisation mondiale du Tourisme (OMT).

"Le but est de préserver la position de la zone méditerranéenne en tant que

première destination mondiale en terme d'arrivées internationales", a déclaré le directeur exécutif de l'OMT, Frédéric Pierret.

Les 29 pays du pourtour méditerranéen accaparent 33% des flux et 29% des recettes touristiques mondiales, a-t-il indiqué à l'AFP, proposant "des alliances stratégiques" pour "jeter les bases d'une coopération plus étroite du nord au sud et d'est en ouest et favoriser la complémentarité".

Outre la crise économique en Europe, les changements politiques dans les destinations d'Afrique du Nord et du Moyen Orient ont eu des "répercussions négatives sur le secteur", selon les organisateurs.

"Un nouveau cap doit être défini pour renforcer la compétitivité", ont-ils affirmé dans un communiqué publié au début des travaux qui s'achèveront mardi.

Les pays du bassin méditerranéen, selon la même source, ont besoin d'une "vision partagée" pour réévaluer et restructurer leurs industries touristiques selon les besoins du "développement durable" et de "l'efficacité".

La région qui connaît une baisse de sa part du marché international doit aussi affronter la concurrence de l'Asie du sud-est qui a profité, selon les organisateurs, de la "démocratisation" du transport aérien.

Le ministre tunisien du Tourisme, dont le pays -- point d'émergence du "printemps arabe" -- a été confronté à une chute dramatique du tourisme (7% du PIB) après la révolution et la chute de Ben Ali en janvier 2011, a exprimé son "inquiétude". "Le +printemps arabe+ et la crise économique en Europe (...) nous donnent encore des inquiétudes", a déclaré Elyès Fakhfakh.

Un "Label méditerranée"

En écho aux craintes suscitées par la montée des islamismes dans les pays du "printemps arabe", il a exprimé son hostilité à "toute forme d'extrémisme" et assuré que la Tunisie restait "un pays d'ouverture, de tolérance d'accueil et d'hospitalité".

Le ministre tunisien a proposé la création d'un "Label méditerranée" sous lequel des offres touristiques seraient commercialisées conjointement sur des marchés lointains.

M. Fakhfakh a fait part à l'AFP de "la capacité" de son pays à ramener les 2,2 millions touristes qui l'ont déserté en 2011 à cause de l'insécurité qui a accompagné la révolution.

"Si les choses continuent à s'améliorer sur le plan social, sécuritaire, la Tunisie pourra récupérer l'ensemble de ses pertes d'ici 2013", a-t-il affirmé ciblant la barre des sept millions de visiteurs enregistrés en 2010.

Le chef du gouvernement, l'islamiste Hamadi Jebali, a de son cô té affirmé que son pays n'était pas devenu "une jungle" et ne connaissait pas de troubles "pouvant menacer la sécurité des voyageurs".

Trois mois et demi après l'entrée en fonction du gouvernement dirigé par les islamistes, la Tunisie reste confrontée à une contestation sociale alimentée par le coût de la vie et le chô mage en hausse. Aux accès de violences policières s'ajoute l'activisme de groupes radicaux salafistes ayant émergé depuis la révolution et l'amnestie générale qui l'a suivie.

"N'ayons pas peur de la démocratie et des libertés", a lancé M. Jebali déplorant l'image chaotique que "certains veulent donner" de la Tunisie post-révolution.

"Chaque fois où il y a des troubles suscitant un sentiment d'insécurité, les touristes deviennent réticents et c'est un comportement tout à fait normal", a renchéri M. Pierret.

Autre pays du "printemps arabe" présent à la conférence de Djerba, l'Egypte qui a vu ses stations balnéaires sinistrées après la chute de Hosni Moubarak en février 2011, notamment dans le Sinaï.


           

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