Le télescope spatial européen Gaia se lance dans la chasse aux étoiles


Jeudi 19 Décembre 2013 - 16:44
AFP


Paris - Le télescope européen Gaia, dont la mission est de cartographier en 3D la Voie lactée, a été lancé avec succès jeudi matin par une fusée Soyouz depuis le Centre spatial guyanais à Kourou, a annoncé Arianespace


"Nous sommes à l'aube de révolutionner notre compréhension de l'histoire de la Voie lactée", a lancé le Pdg d'Arianespace, Stéphane Israël, pour saluer ce lancement, débuté deux minutes seulement après le lever du soleil sur la jungle guyanaise.

Haut comme un immeuble de douze étages, le lanceur Soyouz, qui compte plus de 1.800 tirs à son actif, s'est élancé comme prévu à 09H12 GMT (06H12 heure de Guyane, 10h12 heure de Paris).

Une heure plus tard, en une dernière révérence aux Terriens, Gaia a déployé sa "jupe" de dix mètres de diamètre, constituée d'un côté des panneaux solaires destinés à l'alimenter en énergie et de l'autre d'un parasol mettant à l'abri ses instruments ultra-sensibles de l'éclat du Soleil.

"L'arpenteur de la galaxie", dont la mission est de réaliser un atlas en 3D de la Voie lactée, est désormais en route vers son poste d'observation privilégié, situé à environ 1,5 million de kilomètres de la Terre.

Il faudra environ un mois au télescope spatial pour atteindre ce "point de Lagrange 2", qui suit notre planète dans sa révolution autour du Soleil et offre un panorama unique sur l'horizon de l'Univers, à l'abri des parasites de la Terre et de la Lune.

Cette mission de l'Agence spatiale européenne (ESA) doit durer au moins cinq ans pendant lesquels le satellite localisera un milliard d'étoiles, chacune étant observée environ 70 fois. Plus de 99% d'entre elles n'ont jamais eu leur distance mesurée avec précision.

"Gaia est l'aboutissement de neuf années de travaux intensifs qui vont permettre une avancée exceptionnelle pour la compréhension de notre univers, de son histoire et de ses lois. Cette mission prolonge celle d'Hipparcos", satellite consacré à l'astrométrie lancé en 1989 par l'ESA, a souligné Jean-Yves Le Gall, le président du Cnes, l'agence spatiale française.

"Archéologie galactique"

Gaia reprend ainsi la tradition européenne de cartographie des étoiles, héritage de l'astronome grec Hipparque, qui le premier mesura à l'oeil nu la position d'un millier d'étoiles.

Plus de 2.000 ans après lui, Hipparcos a déjà fourni les coordonnées célestes de quelque 120.000 étoiles, un atlas qui fait encore référence aujourd'hui.

Ce "catalogue du ciel" devrait être actualisé "dans moins de deux ans" par les premiers résultats de Gaia, prédit François Mignard (Observatoire de la Côte d'Azur), responsable de la participation française à Gaia.

Gaia permettra aussi aux astrophysiciens de faire "de l'archéologie galactique" en reconstituant l'évolution de notre galaxie, précise-t-il.

Le satellite doit déterminer la position et le mouvement des étoiles, mais également leur distance, le paramètre le plus difficile à obtenir. La plus proche est à une distance de près de 40 milliards de kilomètres...

Gaia, avec ses deux télescopes en carbure de silicium, sera cent fois plus précis qu'Hipparcos. Il pourra "voir" des étoiles dont l'éclat est 400.000 fois plus faible que celles visibles à l'oeil nu.

Pour préserver toute la précision des mesures de Gaia, le satellite sera surveillé en continu depuis le sol par un réseau de télescopes, de sorte qu'on connaîtra sa position à 100 mètres près.

Avec plus d'un pétaoctet de données à récolter, soit la capacité de 250.000 DVD, "le traitement quotidien est probablement le défi le plus important", a estimé François Mignard.

Six centres, dont le centre de traitement des données du Centre spatial de Toulouse, décortiqueront ce flux continu de données, inutilisables à l'état brut et qu'il faudra rendre intelligibles.

Pour relever ce défi, le CNES, qui effectuera 35 à 40% de ce traitement, s'est doté d'une puissance de calcul de 6.000 milliards d'opérations par seconde.


           

Lire encore sur Hdhod:
< >

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement