Si sa conclusion n’a certes rien de fracassant, ce “Rapport arabe sur le développement humain: menaces à la sécurité humaine dans les pays arabes” vient relancer un important débat : qui est responsable du développement et de la sécurité, ou plutôt de leur inexistence dans le monde arabe ? Rédigé par cent intellectuels arabes indépendants et respectés, le document laisse entendre que les gouvernements arabes ont failli à leur devoir d’assurer à leurs concitoyens la sécurité indispensable à l’essor d’économies et d’Etats forts.
Voici un exemple crucial d’un pays arabe où l’Etat est pratiquement inefficace : le Liban. Une société civile naissante et des mouvements confessionnels politisés, le secteur privé aussi, ont émergé du vide pour proposer des services qui devraient normalement être fournis par le gouvernement.
Prenez par exemple le Hezbollah et les raisons de son immense popularité.
Après tout, c’est bien le Hezbollah et non pas les forces armées libanaises, mal préparées, qui a contraint Israël à mettre fin à son occupation du sud. C’est encore le Hezbollah, pas l’Etat libanais, qui assure aujourd’hui à ses concitoyens chiites défavorisés les soins de santé, une représentation politique, le logement et tous les services sociaux dont ils ont besoin.
Si les pays arabes veulent endiguer le soutien populaire dont jouissent les nombreuses organisations politico-islamiques et parastatales, ils doivent prouver qu’on peut compter sur leurs gouvernements pour fournir les services essentiels, sur les institutions publiques pour représenter et sur l’armée pour protéger.
Le marché de l’emploi est un domaine particulièrement sensible sur lequel les gouvernements arabes doivent agir pour assurer la sécurité de leurs populations. Selon le rapport, le pourcentage des moins de 25 ans dans les pays arabes atteint le taux renversant de 60 %. En 2005-2006, quelque 30 % des jeunes Arabes étaient au chômage, à comparer au taux mondial de 14 %.
Le chômage et les difficultés économiques font fuir les meilleurs cerveaux vers l’étranger et poussent les autres vers des petits boulots instables ou les jettent dans les griffes de l’extrémisme. Les jeunes Arabes doivent souvent se contenter de postes pour lesquels ils sont surqualifiés et sous-payés. Une des raisons de cette déplorable situation de l’emploi est la stagnation de l’économie arabe. Selon les statistiques citées dans le rapport, la croissance économique est pratiquement nulle dans la région depuis 1980 : selon les statistiques de la Banque mondiale, le PIB réel par habitant n’a progressé que de 6,4% sur toute la période de 24 ans de 1980 à 2004, chiffre attristant qui n’équivaut même pas à 0,5% l’an.
S’ils veulent parvenir à une croissance durable et offrir un essor économique à leurs citoyens, les pays arabes doivent se lancer dans des secteurs de croissance comme les technologies de l’information, la banque islamique et le tourisme responsable afin de susciter la création d’emplois. Les riches pays producteurs de pétrole doivent apporter leur soutien à l’économie de la région, en investissant dans les marchés de titres arabes, les projets culturels et autres entreprises durables proches de chez eux. Puisque l’ONU estime que les pays arabes “auront besoin de quelque 51 millions de créations d’emplois d’ici 2020”, ces mesures ne doivent souffrir d’aucun retard.
Certes, la contribution des mouvements associatifs arabes à la réforme doit être encouragée, voire renforcée. Toutefois, réformer est une responsabilité qui appartient au premier chef à l’Etat. Les organisations non gouvernementales ont jeté les bases de la lutte de ces pays contre le sexisme, le changement climatique et l’impunité politique et judiciaire.
Il revient désormais aux Etats arabes de poursuivre cette oeuvre.
Ce ne sont pas les seuls gouvernements qui doivent assumer leurs responsabilités. Les citoyens arabes, eux aussi, doivent demander des comptes à leurs dirigeants. Au Liban, ce minuscule pays de 4,5 millions d’habitants, on ne peut compter ni sur l’électricité ni sur l’eau courante 24 heures sur 24. Devant le triste tableau brossé par le PNUD, il faut espérer que les citoyens arabes seront suffisamment indignés pour contraindre leurs gouvernements à passer aux actes. En gardant éternellement le silence sur la faillite de la région, on ne fait que sanctionner le statu quo.
Mais au bout du compte, la sécurité des Arabes dépend d’une paix durable au Moyen-Orient. Tant que la survie de millions de Palestiniens, d’Irakiens, de Soudanais, de Somaliens, de Yéménites et autres est menacée par l’occupation ou par la guerre, aucune réforme politique, économique ou sociale n’aura de sens pour les Arabes.
Voici un exemple crucial d’un pays arabe où l’Etat est pratiquement inefficace : le Liban. Une société civile naissante et des mouvements confessionnels politisés, le secteur privé aussi, ont émergé du vide pour proposer des services qui devraient normalement être fournis par le gouvernement.
Prenez par exemple le Hezbollah et les raisons de son immense popularité.
Après tout, c’est bien le Hezbollah et non pas les forces armées libanaises, mal préparées, qui a contraint Israël à mettre fin à son occupation du sud. C’est encore le Hezbollah, pas l’Etat libanais, qui assure aujourd’hui à ses concitoyens chiites défavorisés les soins de santé, une représentation politique, le logement et tous les services sociaux dont ils ont besoin.
Si les pays arabes veulent endiguer le soutien populaire dont jouissent les nombreuses organisations politico-islamiques et parastatales, ils doivent prouver qu’on peut compter sur leurs gouvernements pour fournir les services essentiels, sur les institutions publiques pour représenter et sur l’armée pour protéger.
Le marché de l’emploi est un domaine particulièrement sensible sur lequel les gouvernements arabes doivent agir pour assurer la sécurité de leurs populations. Selon le rapport, le pourcentage des moins de 25 ans dans les pays arabes atteint le taux renversant de 60 %. En 2005-2006, quelque 30 % des jeunes Arabes étaient au chômage, à comparer au taux mondial de 14 %.
Le chômage et les difficultés économiques font fuir les meilleurs cerveaux vers l’étranger et poussent les autres vers des petits boulots instables ou les jettent dans les griffes de l’extrémisme. Les jeunes Arabes doivent souvent se contenter de postes pour lesquels ils sont surqualifiés et sous-payés. Une des raisons de cette déplorable situation de l’emploi est la stagnation de l’économie arabe. Selon les statistiques citées dans le rapport, la croissance économique est pratiquement nulle dans la région depuis 1980 : selon les statistiques de la Banque mondiale, le PIB réel par habitant n’a progressé que de 6,4% sur toute la période de 24 ans de 1980 à 2004, chiffre attristant qui n’équivaut même pas à 0,5% l’an.
S’ils veulent parvenir à une croissance durable et offrir un essor économique à leurs citoyens, les pays arabes doivent se lancer dans des secteurs de croissance comme les technologies de l’information, la banque islamique et le tourisme responsable afin de susciter la création d’emplois. Les riches pays producteurs de pétrole doivent apporter leur soutien à l’économie de la région, en investissant dans les marchés de titres arabes, les projets culturels et autres entreprises durables proches de chez eux. Puisque l’ONU estime que les pays arabes “auront besoin de quelque 51 millions de créations d’emplois d’ici 2020”, ces mesures ne doivent souffrir d’aucun retard.
Certes, la contribution des mouvements associatifs arabes à la réforme doit être encouragée, voire renforcée. Toutefois, réformer est une responsabilité qui appartient au premier chef à l’Etat. Les organisations non gouvernementales ont jeté les bases de la lutte de ces pays contre le sexisme, le changement climatique et l’impunité politique et judiciaire.
Il revient désormais aux Etats arabes de poursuivre cette oeuvre.
Ce ne sont pas les seuls gouvernements qui doivent assumer leurs responsabilités. Les citoyens arabes, eux aussi, doivent demander des comptes à leurs dirigeants. Au Liban, ce minuscule pays de 4,5 millions d’habitants, on ne peut compter ni sur l’électricité ni sur l’eau courante 24 heures sur 24. Devant le triste tableau brossé par le PNUD, il faut espérer que les citoyens arabes seront suffisamment indignés pour contraindre leurs gouvernements à passer aux actes. En gardant éternellement le silence sur la faillite de la région, on ne fait que sanctionner le statu quo.
Mais au bout du compte, la sécurité des Arabes dépend d’une paix durable au Moyen-Orient. Tant que la survie de millions de Palestiniens, d’Irakiens, de Soudanais, de Somaliens, de Yéménites et autres est menacée par l’occupation ou par la guerre, aucune réforme politique, économique ou sociale n’aura de sens pour les Arabes.