Les Palestiniens signent un accord de réconciliation au grand dam d'Israël


Mercredi 23 Avril 2014 - 18:43
AFP


Les Palestiniens ont signé mercredi à Gaza un nouvel accord de réconciliation, s'attirant la vindicte des dirigeants israéliens au moment où le processus de paix est totalement enlisé.


Aux termes de l'accord, l'OLP, reconnue internationalement comme le seul représentant du peuple palestinien, et le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, ont convenu de former un gouvernement de "consensus national" dans les prochaines semaines.

Ce gouvernement, dirigé par le président Mahmoud Abbas et composé de personnalités indépendantes, sera constitué d'ici cinq semaines, a indiqué un communiqué conjoint lu par le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, en présence d'une délégation de l'OLP, en visite depuis mardi soir.

Aussitôt, des scènes de liesse populaire ont éclaté dans toute la bande de Gaza. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la ville de Gaza, ainsi que dans les principales agglomérations et les camps de réfugiés, aux cris d'"Unité palestinienne !".

Peu après, l'aviation israélienne a effectué une frappe sur le nord de Gaza, blessant six civils palestiniens, dont un très grièvement, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas. Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir conduit "une opération de contre-terrorisme" dans le nord de l'enclave. Elle a reconnu avoir manqué sa cible.

Le nouveau gouvernement palestinien aura pour mission de "préparer des élections législatives et présidentielle".

Ces scrutins auront lieu six mois après que le Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement) aura voté la confiance à ce cabinet.

Les dernières législatives dans les Territoires palestiniens remontent à 2006 --elles avaient été remportées par le Hamas -- et la présidentielle, remportée par M. Abbas à 2005.

Ce n'est pas la première fois que les frères ennemis du mouvement national palestinien font état de la formation imminente d'un gouvernement de consensus.

"Les gens ont déjà entendu la même chose à moult reprises mais à chaque fois l'accord a été violé par le Fatah ou le Hamas. Il est clair que les deux côtés ne respectent pas leurs engagements", a expliqué à l'AFP Samir Awad, professeur de sciences politiques à l'université de Birzeit, en Cisjordanie.

"La réconciliation (palestinienne) et les négociations (avec Israël) sont maintenant des tactiques. Chaque côté a ses propres calculs et cette réconciliation n'a guère de substance sur le terrain. Elle pourrait capoter à tout instant", a renchéri un autre politologue, Hani al-Masri.

- 'Réconciliation d'abord' -

Le Hamas et le Fatah, principal parti de l'OLP, ont déjà signé des accords de réconciliation au Caire (avril/mai 2011) et à Doha (février 2012) pour mettre fin à la division politique entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. Mais la plupart des clauses sont restées lettre morte.

Vainqueur des législatives en 2006, le Hamas a chassé par la force le Fatah de la bande de Gaza l'année suivante.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé mercredi les Palestiniens de saborder le processus de paix.

"Au lieu de choisir la paix avec Israël, Abou Mazen (le surnom de M. Abbas) opte pour la paix avec le Hamas", a déploré M. Netanyahu, selon un communiqué de son bureau.

"Veut-il la paix avec le Hamas ou avec Israël? On peut avoir l'une mais pas l'autre. J'espère qu'il choisira la paix (avec Israël) mais pour l'instant ce n'est pas le cas", a-t-il regretté.

"On ne saurait parvenir à la paix sans la réconciliation d'abord. La réconciliation est une priorité nationale palestinienne", a rétorqué le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat, interrogé par l'AFP.

Les pourparlers de paix israélo-palestiniens, relancés en juillet dernier par le chef de la diplomatie américaine John Kerry, sont dans l'impasse.

Une énième rencontre entre négociateurs israéliens et palestiniens mardi à Jérusalem, en présence du médiateur américain Martin Indyk, n'a débouché sur aucun progrès.

"Nous allons continuer à rencontrer la délégation israélienne jusqu'au 29 avril. Mais, clairement, les Israéliens ne veulent pas faire avancer le processus de paix", a regretté M. Erakat.

Israéliens et Palestiniens multiplient les gestes d'hostilité depuis qu'Israël a refusé de libérer comme prévu le 29 mars un dernier contingent de prisonniers, en réclamant une prolongation des négociations de paix au-delà de l'échéance prévue du 29 avril.

Le président Abbas se déclare disposé à prolonger les discussions mais à condition qu'Israël relâche les prisonniers, gèle la colonisation et accepte de discuter de la délimitation des frontières du futur Etat palestinien.

Le gouvernement israélien a rejeté ces demandes.


           

Nouveau commentaire :

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement