Macron défie Trump, aux avant-postes de la lutte contre le réchauffement climatique


Vendredi 2 Juin 2017 - 10:33
AFP


​"Make our planet great again" (rendez notre planète de nouveau formidable): en parodiant jeudi soir le slogan de campagne de Donald Trump pour en appeler directement, en anglais, au peuple américain, Emmanuel Macron a défié le locataire de la Maison Blanche, s'affichant aux avant-postes de la lutte contre le réchauffement climatique.


Le nouveau président français a cassé les codes de la communication élyséenne, incarnant une nouvelle génération de responsables politiques, anglophone et décomplexée.

Deux heures après l'annonce du retrait américain de l'accord de Paris sur le climat, Emmanuel Macron était en direct sur les chaînes d'information pour accuser Donald Trump d'avoir commis une "erreur pour son pays" et "une faute pour l'avenir de la planète".

Il lui avait entre-temps parlé de vive voix au téléphone, un "échange direct", selon l'Elysée. "Rien n'est négociable dans les accords de Paris", a-t-il ainsi répliqué à son homologue américain qui avait évoqué une hypothétique renégociation.

Emmanuel Macron s'est aussi brièvement entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel pour réaffirmer, toujours selon l'Elysée, "leur engagement commun et résolu à mettre en oeuvre l'accord de Paris" et "le défendre sur la scène internationale".

Un rien provocateur, il a prôné une fuite des cerveaux à fronts renversés, des Etats-Unis vers la France. "A tous les scientifiques, ingénieurs, entrepreneurs, citoyens engagés que la décision du président des Etats-Unis a déçus", Emmanuel Macron a assuré qu'ils trouveraient "dans la France, une seconde patrie".

"Je vous lance un appel : venez travailler, ici, avec nous, sur des solutions concrètes pour le climat", a-t-il insisté.

- Convaincre -

Un appel qu'il avait déjà "solennellement" lancé en février, en pleine campagne présidentielle, à ces mêmes "chercheurs, entrepreneurs et ingénieurs américains travaillant sur le changement climatique", qui font les frais du credo climatosceptique de leur président.

Ce coup d'éclat du président Macron intervient après une séquence diplomatique intense qui l'aura vu parler d'égal à égal à la chancelière allemande à Berlin et résister à la poignée de main virile du président américain lors d'une rencontre en marge d'un sommet de l'Otan à Bruxelles.

De toute évidence, Emmanuel Macron s'était montré un peu trop optimiste à l'issue du G7 de Taormina, en Sicile, samedi, disant avoir "bon espoir" que Donald Trump confirmerait l'engagement américain sur les accords de Paris et faisant assaut d'amabilité à l'égard d'un dirigeant qu'il jugeait "pragmatique" et "ouvert".

"Donald Trump a vu l'intérêt de ces discussions, et il ajoutera à son réalisme volontariste la prise en compte des intérêts de ses amis et partenaires", avait-il même avancé.

A l'inverse, la chancelière allemande, très pessimiste, n'avait pas décoléré, jugeant les discussions avec Trump sur le climat "pas du tout satisfaisantes".

Désormais, Emmanuel Macron fourbit ses armes, recevant vendredi matin son ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.

Il réunira le gouvernement la semaine prochaine pour jeter les bases d'"un plan d'action concret" afin d'accueillir en France les chercheurs et entrepreneurs étrangers qui le souhaiteront, et de prendre "des initiatives concrètes, notamment en Europe et en Afrique".

Mais il lui reste à transformer l'essai de ses premiers pas dans la cour des grands sur la scène intérieure, où l'exécutif est empêtré dans l'affaire Ferrand, qui a pollué jeudi les annonces du garde des Sceaux sur la future loi de moralisation de la vie publique.

Emmanuel Macron qui a endossé la responsabilité particulière de la France face à l'accord de Paris en montant au créneau jeudi soir doit aussi convaincre de la sincérité de son engagement écologique.

Son programme électoral affichait par exemple l'objectif prudent de ramener à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité en France d'ici à 2025, sans s'engager au-delà, et il temporise sur le dossier de l'aéroport de Notre-Dame des Landes, avec la nomination jeudi de trois médiateurs pour une mission de six mois.


           

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