Marc Missonnier, producteur d'Astérix, et pas seulement


Vendredi 1 Mars 2013 - 13:35
AFP


Paris - Marc Missonnier a toujours voulu être producteur de cinéma, et a à son actif une cinquantaine de films de tous budgets, des succès, des échecs et des déceptions comme le dernier Astérix, film le plus cher de 2012 pas encore rentabilisé.


Marc Missonnier
Marc Missonnier
Mais qu'importe, il répond point par point aux critiques et mène aussi en tant que président de l'Association des producteurs de cinéma (APC), l'une des plus importantes du secteur, un combat pour le cinéma français qui se trouve "à la veille d'une véritable reconfiguration", dit-il dans un entretien à l'AFP.

Marc Missonnier, 42 ans, a d'abord fait Sciences Po où il s'est "beaucoup occupé du ciné-club", puis a suivi les cours de la Fémis, l'école française du cinéma et de l'audiovisuel, où il a rencontré son complice et associé de toujours Olivier Delbosc.

Ensemble, ils ont produit les premiers courts-métrages d'un réalisateur devenu incontournable dans le paysage français, François Ozon (8 femmes, Potiche etc).

"J'ai toujours voulu faire ce métier. Un producteur, c'est à la fois un chef d'entreprise et quelqu'un qui est proche des artistes, qui a un véritable rôle créatif", dit encore Marc Missonnier, fils d'un ingénieur et d'une urbaniste.

"Sitcom", leur premier long-métrage, s'est retrouvé directement dans une section parallèle à Cannes. Le second "a été un bide total qui nous a appris que la règle du cinéma, c'est l'échec et le succès l'exception", raconte-t-il avec le sourire.

Depuis les deux associés ont élargi leur cercle de metteurs en scène et de registre, jusqu'à produire en 2012 "Astérix et Obélix - Au service de sa majesté", film le plus cher de l'année avec un budget de quelque 60 millions d'euros, et "une relative déception au box-office", avoue-t-il.

Cité dans la polémique sur les cachets trop élevés de stars même quand les films ne marchent pas, M. Missonnier répond que ce qui lui a coûté le plus cher ce ne sont pas les salaires des stars - "8% du budget total d'Astérix - mais la 3D".

Produire un Tarantino?

Dans son bureau près des Champs-Elysées, il parle encore de son dernier né "Renoir", avec Michel Bouquet sorti début janvier au budget de 5,5 millions d'euros comme "Elle s'en va", avec Catherine Deneuve, présenté à la dernière Berlinale.

Marc Missonnier monte volontiers au créneau pour défendre "la diversité culturelle" du cinéma français, celle qui permet de produire des films du plus petit au plus grand budget, qui fait "l'éclectisme et la force du cinéma français", grâce notamment à son système très particulier de financement.

Dans son viseur aujourd'hui, le blocage actuel sur l'élaboration d'une convention collective du cinéma du à la présence de deux textes émanant d'une part de la CGT, du SNTPTC (techniciens) et de l'Association des producteurs indépendants (API), signé il y un an, et d'autre part celui de la CFDT, ainsi que cinq syndicats de producteurs revendiquant 95% des films produits par an, dont l'APC, signé lui fin janvier dernier.

Pour lui, si le texte concurrent devait s'appliquer à tout le cinéma, cela "aurait des conséquences catastrophiques sur l'emploi", car il mettrait en péril "15.000 contrats à durée déterminé" et "70 films par an". En cause, des minima sociaux trop élevés.

Le producteur en appelle aux pouvoirs publics mais aussi à l'ensemble des partenaires concernés, ce d'autant plus que "se profile une grosse bagarre sur l'indemnisation des intermittents du spectacle sur fond de crise et de déficit de l'assurance chômage".

Alors que le système français d'aide au cinéma est remis en cause par Bruxelles et que les acteurs du numérique "ne sont pas encore intégrés dans l'écosystème du cinéma", il estime que devenir producteur aujourd'hui "est devenu plus difficile qu'avant".

Mais cela n'empêche pas de rêver. Il adorerait produire un Tarantino, "mais il faut savoir rester à sa place", dit-il.


           

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