Mode: Serkan Cura, virtuose de la plume


Mercredi 17 Mai 2017 - 11:05
AFP


A 13 ans, Serkan Cura a confectionné sa première robe de mariée avec des plumes et du papier bulle. Deux décennies plus tard, ce créateur belge spécialisé dans l'art de la plumasserie séduit les stars, de Madonna à Laetitia Casta.


L'une de ses créations, une spectaculaire robe mordorée, a nécessité 15.000 plumes d'oiseau de paradis et 500 heures de travail à 14 mains.

Portée à une seule occasion, pour une vidéo, par le drag queen américain Miss Fame, elle vaut selon Serkan Cura "1 million d'euros", mais n'a pas vocation à être vendue.

"Elle ira dans un musée quand je disparaîtrai", lance le corsetier et plumassier de 35 ans, interviewé par l'AFP dans son petit atelier parisien.

Diplômé de la Royal Academy d'Anvers, le jeune homme d'origine turque a fait ses armes chez Jean Paul Gaultier et appris le savoir-faire corsetier auprès de Mr Pearl, une autorité en la matière, avant de lancer sa propre maison en 2012.

Son atelier se résume à deux tables, et des tiroirs remplis de plumes et de corsets. Pour travailler, Serkan Cura a besoin de pinces, d'une loupe et de la colle. Et puis de la créativité, de la patience et de la minutie.

Le créateur et plumassier, qui organise régulièrement ses défilés à Paris, et dont les robes ont été portées par Laetitia Casta, Madonna, Dita Von Teese ou encore Heidi Klum, collabore aussi avec Victoria's Secret. Lors du dernier show du géant de la lingerie américaine en décembre à Paris, le mannequin Karlie Kloss a défilé avec une éblouissante cape de plumes dorées à la feuille d'or réalisée par ses soins.

- 'Sensualité et glamour' -

Il vient aussi de s'allier avec la marque de robes de mariées Cymbeline. "C'est un vrai maître! Il représente l'opposé de la +fast fashion+", commente Jean-Philippe Lautraite, président de Cymbeline.

Mais avant d'arriver sous les projecteurs des podiums, l'histoire de ses créations extraordinaires commence... dans une ferme du sud-ouest de la France, où Serkan Cura élève quelque 2.000 perdrix, faisans et dindons royaux.

"Les plumes ne sont pas parfaites, il y a le soleil, la pluie, la boue, parfois les oiseaux se battent", explique le créateur, qui a commencé à collectionner les plumes à l'âge de 13 ans. "Je ramasse tout ça, je les relave, je les retraite, je les décolore, je les colore, je les découpe et je fais ce que vous voulez!"

"Le challenge", dit Serkan Cura, "est de réussir à faire la plus belle plume possible à partir de la plus moche, grâce au travail".

Une partie de sa récolte provient des mues, qui surviennent deux fois par an, l'arrachage des plumes étant interdit.

Le créateur s'approvisionne aussi dans des fermes sud-africaines, où sont élevées des autruches. Une amie, en Espagne, lui "ramasse des plumes tous les jours". Lui-même en récupère dans les parcs parisiens lors de ses promenades.

Le créateur dispose aussi d'un précieux stock de plumes d'oiseaux de paradis qu'il a acquis auprès du plumassier Maison Février, au moment de son rachat par le Moulin Rouge.

La plume, c'est "la sensualité, le glamour, le chic, cette subtilité qui suscite la magie", résume-t-il dans un sourire.


           

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