Nucléaire: Hollande à Istres pour "le" discours de son quinquennat


Jeudi 19 Février 2015 - 15:48
AFP


"Modernisation" de la force française de dissuasion nucléaire et inflexion de la "doctrine" face à l'évolution des menaces: François Hollande est attendu jeudi à Istres pour y tenir à 16H00 "le" discours de son quinquennat sur ce sujet éminemment régalien.


Nucléaire: Hollande à Istres pour "le" discours de son quinquennat
Le chef de l'Etat et des armées, auquel il reviendrait d'enfoncer le "bouton nucléaire" si les "intérêts vitaux" de la France étaient menacés, se pliera ainsi à une règle non écrite. Celle-ci a voulu que tous ses prédécesseurs depuis 1958 s'expriment d'une manière ou d'une autre sur cette question au moins une fois au cours de leur mandat.

François Hollande a levé un coin du voile sur ses intentions lors de sa cinquième conférence de presse semestrielle du 5 février, à l'Elysée. "J'entends aussi que notre force de dissuasion soit modernisée, autant qu'il est nécessaire, et toujours avec le principe de suffisance", a-t-il déclaré, évoquant un effort de "transparence".

Dès sa prise de fonction, le chef de l'Etat avait lancé une sorte d'audit du dispositif français, dans une perspective à 30 ans. Il devrait ainsi livrer à Istres ses conclusions, du moins celles qui peuvent être rendues publiques sans déroger au secret qui nimbe à dessein l'arsenal nucléaire et son emploi.

François Hollande pourrait ainsi évoquer le nouveau missile M51 destiné à la composante océanique de la dissuasion nucléaire française.

Plus largement, il livrera sa vision stratégique de la dissuasion, précisant quelques points de doctrine face à l'évolution des menaces et de la situation internationale. Dans ce cadre, le dossier nucléaire iranien sera sans nul doute abordé.

La dissuasion repose sur deux composantes: les quatre sous-marins lanceurs d'engins (SNLE) de la force océanique stratégique (FOST) stationnés à l'Ile Longue, sur la pointe bretonne, et les forces aériennes stratégiques dont la base d'Istres, l'une des plus importantes de l'armée de l'air, est l'un des maillons essentiels.

Cette composante aéroportée, à laquelle François Hollande manifeste son attachement par cette visite, comprend une cinquantaine de Rafale et Mirage-2000, dont certains sont en mesure de lancer un raid nucléaire à partir du porte-avions Charles de Gaulle.

- 0,2% du PIB français -

Dès juin 2012, quelques semaines après sa prise de fonctions, François Hollande avait embarqué pour une plongée de quelques heures à bord du sous-marin nucléaire lanceur d'engin (SNLE) Le Terrible, une première pour un président depuis Valéry Giscard d'Estaing en 1974.

A cette occasion, le nouveau président avait réaffirmé sa volonté de maintenir la dissuasion nucléaire dans ses deux composantes, sous-marine et aéroportée, confirmant "l'attachement de la France à la force de dissuasion", un "élément essentiel de notre sécurité".

Le discours d'Istres devrait faire valoir la complémentarité entre ces deux composantes. Il interviendra aussi à deux mois de la Conférence quinquennale de révision du Traité de non-prolifération (TNP) prévue à New York du 27 avril au 22 mai prochain.

La dissuasion nucléaire représente un effort budgétaire de 0,2% du PIB français, soit 3,5 milliards d'euros en 2015 et 11% du budget de la Défense dont elle consomme cependant un quart des crédits d'équipements.

C'est en 1956 que le général de Gaulle avait jeté les bases de la doctrine française par ces quelques mots: "Il suffit à la France d'être capable d'arracher un bras à son agresseur".

Toujours d'actualité en dépit de quelques ajustements dictés par les bouleversements géostratégiques, la formule suggérait déjà le principe de la "stricte suffisance" opposée à la course aux armements et la menace de "dommages inacceptables" infligés à l'adversaire à défaut de son anéantissement total.

En juin 2001, Jacques Chirac avait inscrit la dissuasion nucléaire dans la nouvelle donne géopolitique : chute du mur de Berlin et prolifération.

Cinq ans plus tard et tirant les leçons des attentats du 11 septembre 2001, le même Chirac soulignait que si la dissuasion "n'est pas destinée à dissuader des terroristes fanatiques", elle peut s'adresser aux "dirigeants d'Etats qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous".

Mais en 2008, Nicolas Sarkozy, revenant aux fondamentaux, effaçait la référence explicite au terrorisme de son prédécesseur, réaffirmant que la dissuasion nucléaire était bien destinée à protéger la France d'une agression "étatique".


           

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