Nucléaire iranien: maintien de la levée des sanctions américaines


Jeudi 18 Mai 2017 - 14:17
AFP


A la veille d'une présidentielle cruciale pour sa politique d'ouverture, le président iranien et candidat Hassan Rohani a eu la bonne surprise d'apprendre qu'en dépit d'une rhétorique hostile, les Etats-Unis ont décidé de prolonger l'allègement des sanctions contre son pays.


Cette décision annoncée mercredi de poursuivre la politique de la précédente administration américaine de lever graduellement les sanctions dans le cadre de l'accord nucléaire, était très attendue, en particulier par M. Rohani et son gouvernement.

Le président sortant a en effet consacré la majeure partie de son premier mandat de quatre ans aux négociations nucléaires et à la conclusion de cet accord avec les grandes puissances, qui a permis à l'Iran de sortir un peu de son isolement et d'attirer des investissements étrangers.

Cet accord conclu en juillet 2015 et entré en vigueur en janvier 2016, est destiné à garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien en échange d'une levée partielle des sanctions internationales.

Le triomphalisme n'était cependant pas de mise jeudi à Téhéran où le porte-parole de la diplomatie a surtout mis en avant l'imposition de nouvelles sanctions américaines liées au programme de missiles balistique de l'Iran, signe de l'animosité persistante entre les deux pays.

Pour le porte-parole Bahram Ghassem, la décision d'imposer ces sanctions "unilatérales et illégales", réduit "les résultats positifs de l'application" de l'accord nucléaire par Washington.

- 'Mauvaise volonté' -

Il a dénoncé "la mauvaise volonté" des Etats-Unis et assuré que son pays avait l'intention "de poursuivre son programme de missiles" balistiques conventionnels, sans têtes nucléaires. "C'est notre droit absolu de développer nos capacités de défense".

L'Iran va appliquer des mesures réciproques contre des entreprises et des ressortissants américains accusés "de violations flagrantes des droits de l'Homme" pour leur soutien à Israël et à des "groupes terroristes" du Moyen-Orient, a ajouté le porte-parole.

Les relations entre Washington et Téhéran, qui ont rompu tout lien diplomatique quelques mois après la révolution islamique de 1979, ne cessent de se dégrader depuis l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump en janvier.

M. Trump a ainsi qualifié l'accord nucléaire conclu par son prédécesseur Barack Obama, de l'un des "pires" qu'il ait jamais vus, et a imposé de nouvelles sanctions contre l'Iran accusé de soutenir des mouvements "terroristes", d'atteintes aux droits de l'Homme et pour son programme balistique.

Mais il n'a pas mis à exécution sa promesse électorale de "déchirer" l'accord s'il était élu. Ce texte pourrait en effet bénéficier à des entreprises américaines, ce qui est déjà le cas pour l'une d'elles, l'avionneur Boeing qui a réussi à vendre 80 appareils à l'Iran depuis l'allègement des sanctions.

- Trump chez le rival saoudien -

Vendredi, l'élection présidentielle en Iran sera déterminante pour l'avenir du président modéré Rohani et sa politique d'ouverture au monde.

Il affrontera un religieux conservateur, Ebrahim Raissi, qui a accusé de "faiblesse" les négociateurs iraniens de l'accord nucléaire.

Selon M. Raissi, les concessions faites aux grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne), ont été trop importantes et l'Iran n'en a tiré que peu d'avantages.

Il n'a toutefois pas remis en cause un texte voulu par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, dont il est proche.

Le scrutin auquel sont appelés à voter 56,4 millions d'électeurs, se tiendra un jour avant le début samedi de la visite de Donald Trump en Arabie saoudite, grand rival régional de l'Iran.


           

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