Nucléaire: le guide suprême iranien place la barre très haut


Mardi 8 Juillet 2014 - 15:13
AFP


Téhéran - Le guide suprême d'Iran Ali Khamenei, ultime décisionnaire sur le dossier nucléaire en négociation avec les grandes puissances, a affirmé que son pays aurait besoin à terme d'une capacité de 190.000 centrifugeuses de type ancien (IR-1), un nombre bien supérieur aux exigences des Etats-Unis.


Les centrifugeuses sont les appareils qui réalisent l'enrichissement d'uranium, l'un des principaux sujets de discorde entre l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) qui négocient actuellement un accord à Vienne.

L'ayatollah Khamenei, qui a adopté une attitude ferme sur ce dossier qui empoisonne depuis 10 ans les relations avec l'Occident, estime que le droit de l'Iran à l'énergie nucléaire est inaliénable après s'être dit en février sceptique sur l'issue des négociations.

Les Occidentaux et Israël, considéré comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent Téhéran, qui dément, de chercher à fabriquer l'arme atomique.

"L'objectif" des Etats-Unis est que l'Iran "accepte une capacité de 10.000 SWU (Separative Work Unit, ou unité de travail de séparation) ce qui représente 10.000 centrifugeuses de type ancien (IR-1) que nous possédons déjà", a dit lundi soir M. Khamenei.

"Nos responsables disent que nous avons besoin de 190.000 SWU. Peut-être pas aujourd'hui, dans deux ans ou dans cinq ans, mais c'est un besoin incontestable et il doit être assuré", a-t-il ajouté devant les responsables du pays, selon son site internet.

Il a souligné que les grandes puissances avaient "commencé par proposer 500 ou 1.000 SWU" en espérant que l'Iran se contenterait finalement d'"une capacité de 10.000 SWU".

- 15 fois plus puissant -

"Le nombre de centrifugeuses est l'un des points difficiles de la négociation. Des discussions sérieuses et difficiles sont en cours (à Vienne) en espérant un accord crédible, global, complet et sérieux", a indiqué le porte-parole de la diplomatie française.

Les négociations finales pour trouver un accord garantissant la nature pacifique du programme nucléaire iranien ont débuté jeudi à Vienne, un marathon historique qui pourrait s'étirer jusqu'à la date limite du 20 juillet. L'accord devrait permettre aussi la levée de toutes les sanctions internationales qui asphyxient l'économie iranienne.

L'Iran veut préserver un programme d'enrichissement à un niveau industriel afin de pouvoir produire le combustible de ses futures centrales nucléaires.

Il possède plus de 19.000 centrifugeuses, dont près de 10.000 de la première génération (IR-1) en activité, et un millier de la deuxième génération (IR-2m), trois à cinq fois plus puissantes, en terme de SWU, pas encore en activité.

"Nous devons définir notre capacité d'enrichissement en terme de SWU et non en nombre de centrifugeuses", a déclaré Ali Akbar Salehi, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, cité par l'agence Irna.

Il a précisé que l'Iran développait actuellement une nouvelle génération de centrifugeuses 15 fois plus puissantes que les IR-1, avec une capacité de 24 SWU.

"Ainsi, pour assurer le besoin en combustible de la centrale de Bouchehr et des réacteurs de Téhéran et d'Arak", soit 190.000 SWU, nous aurons besoin de moins de 10.000 centrifugeuses-nouvelle génération", a précisé M. Salehi.

La Russie doit fournir le combustible de Bouchehr, qu'elle a construite, encore pendant huit ans, ce qui signifie que l'Iran n'aura pas besoin d'augmenter sa capacité d'enrichissement d'ici là.

Si l'Iran construit de nouvelles centrales, ses besoins augmenteront mais il pourra acheter une partie de son combustible à d'autres pays, a-t-il ajouté.

- Pas d'abandon des droits nucléaires -

L'Iran négocie un nouvel accord avec Moscou pour la construction de quatre nouvelles centrales, mais veut avoir à terme 20 centrales nucléaires pour être moins dépendant du pétrole et du gaz.

Pour les Etats-Unis et Israël, une capacité élevée d'enrichissement pourrait permettre à Téhéran de produire dans un laps de temps très court suffisamment d'uranium enrichi à 90% pour fabriquer ensuite une arme nucléaire. L'Iran a accepté de baisser le niveau de son enrichissement de 20% à 3,5% dans le cadre de l'accord conclu avec le 5+1 fin 2013 à Genève.

"Nous faisons confiance à l'équipe de négociateurs et sommes certains qu'ils ne permettront pas qu'on touche aux droits de la nation" en matière nucléaire, a encore dit l'ayatollah Khamenei.

"Nous assurons le leader et la nation que nous n'abandonnerons aucun des droits nucléaires", a rétorqué sur son compte twitter Abbas Araghchi, l'un des principaux négociateurs.


           

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