Philippines: le pape dans la tempête auprès des survivants du typhon Haiyan


Samedi 17 Janvier 2015 - 13:07
AFP


Tacloban (Philippines) - Le pape François a apporté samedi sa solidarité aux survivants de Tacloban, ville des Philippines dévastée en 2013 par le typhon meurtrier Haihan, leur assurant qu'ils n'étaient "pas abandonnés par Dieu", avant de repartir précipitemment à Manille en raison d'une tempête tropicale.


Philippines: le pape dans la tempête auprès des survivants du typhon Haiyan
Sur un grand terrain près de l'aéroport à peine reconstruit, sous le vent et la pluie, des dizaines de milliers de fidèles étaient réunis, vêtus de ponchos en plastique jaunes, pour écouter les paroles du pontife argentin, qui attire des centaines de milliers de Philippins depuis son arrivée dans le pays jeudi.

Très visiblement touché, il leur a annoncé qu'il ne lirait pas son discours et ne pouvait parler en anglais, préférant sa langue maternelle, l'espagnol, ses mots étant ensuite traduits en anglais à la foule.

- Coeur silencieux -

"Lorsque à Rome, j'ai appris cette catastrophe, mon sentiment a été que je devais me rendre ici. Je suis aujourd'hui ici auprès de vous, un peu tard", a-t-il confié, avant d'hésiter: "Je ne sais pas quoi vous dire. Tout ce que je peux faire est de garder le silence et je marche avec vous en mon coeur silencieux".

Le cyclone, d'une violence inouie, en novembre 2013, avait fait plus de 7.000 morts et des dizaines de milliers de sinistrés dans cette zone de l'île de Leyte, à 650 km de Manille.

"Ce qui me vient au coeur, ce pour quoi je suis venu, c'est vous dire que Jésus ne laisse jamais tomber. Vous pouvez dire: je suis abandonné, j'ai perdu ma maison, mon père, ma mère.. Je respecte ces sentiments", a-t-il observé.

Mais Jésus, "le Seigneur de la Croix, est capable de pleurer, de marcher avec nous dans les pires circonstances", les a-t-il encouragés.

L'archevêque local, John F.Du, a rappelé la dévastation de la région après Haïhan, parlant du "ground zero de Tacloban".

Virginia Torres, 68 ans, a fondu en larmes. "J'ai été submergée par l'émotion, surtout quand il a dit qu'il comprenait notre souffrance. Tout ce que nous avons vécu est remonté à ce moment-là", a-t-elle confié à l'AFP.

Le pape a effectué au pas de course la suite de son programme alors que la tempête s'intensifiait. Il a parcouru la foule dans sa papamobile découverte, s'est arrêté pendant dix minutes dans une famille de pécheurs pauvres, a béni sans sortir de sa voiture un centre pour les pauvres, a déjeuné très rapidement avec trente survivants.

Il est entré très nerveux dans la petite cathédrale de Palo, à 12 km de l'aéroport, pour bénir l'assemblée.

"Je vous demande pardon", a-t-il murmuré en annonçant qu'il devait repartir très vite. "Cela me rend triste, vraiment".

Parmi les centaines de milliers de fidèles au long de la route, l'ancienne première dame des Philippines, Imelda Marcos, 85 ans, l'a acclamé dans sa chaise roulante. La veuve très catholique du président Ferdinand Marcos a vécu dans le luxe, aux antipodes des sinistrés de Toclaban.

Dans un discours final qu'il n'a pas eu le temps de lire mais que le Vatican considère comme prononcé, le pape a fustigé "les pillages et les profiteurs", salué "la résilience" et "l'héroïque générosité" de nombreux Philippins, et demandé au gouvernement que "les pauvres dans tout le pays soit traités avec justice".

"Leur dignité doit être respectée, les politiques économiques et sociales doivent être justes et inclusives, les possibilités d'emploi et d'éducation doivent être développés, et les obstacles aux services sociaux doivent disparaître", a-t-il insisté.

Le souverain pontife, arrivé à l'aéroport de Tacloban vers 09H00 locales (01H00 GMT), en est reparti deux heures plus tôt que prévu.

Peu après le décollage, un avion du gouvernement philippin est sorti de piste à Tacloban. Et une volontaire a été écrasée par un échafaudage.

Dimanche, le point fort devrait être la messe finale au Rizal Park de Manille, où un nombre record de fidèles -on parle de cinq ou six millions-- pourrait affluer. Soit davantage que les cinq millions de personnes réunies par Jean Paul II en 1995.


           

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