Platini : 60 ans, l'âge de raison pour aller à la Fifa ?


Lundi 22 Juin 2015 - 16:51
AFP - Michel Platini


Michel Platini fête ce dimanche ses 60 ans, à l'heure où la Fifa vit sa plus grave crise sur fond de corruption et où tous les regards se tournent vers l'ex-triple Ballon d'Or, devenu le patron de l'UEFA, pour savoir s'il ira faire le ménage à la Fédération internationale.


Platini : 60 ans, l'âge de raison pour aller à la Fifa ?
Meneur de jeu, Platini l'était sur les terrains et l'est aujourd'hui dans les instances dirigeantes du foot. Ses fulgurances suscitaient une attente immense dans les stades dans les années 1980, tout comme sa parole aujourd'hui pour la gouvernance du ballon rond.

"Ecoute Sepp, on a commencé ensemble, on a travaillé ensemble, aujourd'hui, je viens te demander de quitter la Fifa, de démissionner, de partir, parce que l'image est mauvaise, on ne peut plus continuer comme ça". Ces mots ont fait le tour du monde le 28 mai.

Platini venait de les lancer à Joseph Blatter les yeux dans les yeux, avant de les révéler, bras croisés, costume sombre, ton ferme, devant la presse venue en masse à Zurich en plein "Fifagate". Le lendemain, "Sepp" Blatter, 79 ans, était tout de même réélu président de la Fifa... avant d'annoncer sa démission quatre jours plus tard.

Cette séquence a conforté encore un peu plus la stature d'homme d'Etat de la planète foot de Platini, petit fils d'immigrés italiens du Piémont venus en Lorraine, à la trajectoire unique de grand joueur devenu grand dirigeant sportif.

A 60 ans, âge de la "sagesse" selon ses propres dires, celui dont la conduite de balle était décortiquée en mondiovision sait que son positionnement sur l'échiquier de la Fifa est très attendu.

Crocs-en-jambe prévisibles

Se présentera-t-il pour prendre les rênes d'une Fifa à l'image souillée, cernée par les enquêtes des justices américaine et suisse? La situation n'évoluera sans doute qu'après le 20 juillet, date d'un comité exécutif extraordinaire de la Fifa pour organiser un nouveau congrès électif entre fin 2015 et début 2016.

Le 28 août 2014, alors qu'il se posait légitimement la question de se présenter ou non à la Fifa pour l'élection de mai dernier, Platini avait tranché: "Ce n'est pas le moment, ce n'est pas mon heure, pas encore". A-t-elle sonné cette fois ?

L'ancien maître à jouer de la Juventus, qui anticipait à merveille les tacles par derrière, sait les crocs-en-jambe qui l'attendent s'il se présente. Son vote pour le Mondial-2022 au Qatar, qu'il a tout de suite rendu public pour montrer que son horizon ne se limitait pas à l'Europe, lui a valu des accusations en tout genre, notamment dans la presse anglaise, qui se sont révélées infondées.

Des sales matches, l'ancien capitaine des Bleus en a connu, comme quand il tenait la main de Patrick Battiston, évacué sur une civière pendant un France-RFA entré dans la légende du Mondial-1982.

Patron, du vestiaire aux instances

Ses opposants l'ont déjà attaqué -et l'attaqueront encore- sur l'emploi de son fils Laurent dans une filiale d'une société de sports qatarie. "Mon fils a été approché pour travailler pour les Qataris non pas parce qu'il est mon fils mais parce qu'il est un bon avocat", répète Michel Platini, marié avec Christelle, avec qui il a eu aussi une fille. Ses détracteurs oublient -ou omettent- que Laurent Platini était déjà connu dans le monde du foot, comme juriste pour le PSG, bien avant que le riche émirat gazier ne s'implante à grande échelle dans le sport.

"Si Michel Platini décide d'aller à la Fifa, ce sera mûrement réfléchi et il ira pour gagner", martèlent ceux qui le connaissent. Ses adversaires s'arrêtent souvent à son allure débonnaire, son côté blagueur voire "chambreur". Quand ils découvrent le stratège, le patron, qu'il a toujours été du vestiaire aux instances, il est trop tard pour eux.

Les anti-Platini le taxaient de "romantique" quand il a été élu la première fois à la tête de l'UEFA en 2007. Loin d'un doux rêveur, le natif de Joeuf (Meurthe-et-Moselle) s'est imposé en homme d'action: élimination du G14, ce syndicat des clubs riches aux velléités de ligue fermée, ouverture en douceur de la Ligue des champions aux petites nations, instauration du fair-play financier, ce frein à l'endettement exponentiel des formations européennes.

Sur le terrain, il voyait le jeu avant les autres. Que voit-il aujourd’hui quand il regarde vers Zurich et le siège de la Fifa ?


           

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