Présidence de la Commission de l'UA: Vers l'élection d'un candidat "opérationnel"


Vendredi 27 Janvier 2017 - 10:39
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Tunis - L'urgence des priorités africaines devrait impliquer, lors du 28e Sommet de l'Union africaine (UA), le choix d'un candidat "opérationnel" à la tête de la Commission, a déclaré à Anadolu Noureddine Mezni, ancien porte-parole du président de la Commission de l'UA (2010-2012).


Alors que les 5 candidats en lice ont tous fait part, à l'occasion de leurs campagnes, de la volonté de promouvoir les objectifs de l'agenda 2063 de l'UA, il incombe aux chefs d'Etat et de gouvernement d'opter pour le ou la candidat (e), qui soit "le (a) plus aux prises avec les problématiques urgentes du continent, ainsi qu'avec ses réalités complexes", d'après l'ancien porte-parole du Président de la commission de l'UA Jean Ping (2008-2012).

Le scrutin qui se tient le 30 janvier semble serré, particulièrement entre le Sénégalais Abdoulaye Bathily et le Tchadien Moussa Faki Mahamat, alors que les excellentes chances un temps prêtées à la ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed Jibril, semblent s'être amenuisées. L'ancienne directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement se trouve en effet mêlée, depuis quelques semaines, à un grave scandale financier dans son propre pays.

Du reste, aucun des deux autres candidats, chefs de la diplomatie du Botswana et de la Guinée équatoriale, n'avaient réussi à convaincre lors du dernier sommet de juillet dernier à Kigali qui a échoué à faire élire un nouveau patron de la Commission.

Adopté lors de la 24ème session ordinaire de la Conférence de l'Union africaine qui a eu lieu à Addis-Abeba, du 30 au 31 janvier 2015, l'agenda 2063 dresse une série de défis ainsi qu'un plan d'action pour atteindre une Afrique prospère dans un demi-siècle.

Il existe, parmi ces défis, ceux qui doivent être relevés dans le court-terme, voire "de toute urgence". C'est cette considération qui déterminera, la semaine prochaine, le choix d'un candidat plutôt qu'un autre, estime Mezni qui justifie cette orientation par "la gravité" et "l'urgence" de certains dossiers qui se posent au continent.

"Un continent intégré (...) basé sur les idéaux du panafricanisme" tel que défini dans le deuxième point de l'agenda 2063 est certes un objectif louable, d'après l'ancien porte-parole de la Commission, aujourd'hui consultant en diplomatie publique internationale.

Il n'en demeure pas moins, selon Mezni, que face au terrorisme qui frappe le continent, du Mali au Bassin du Lac Tchad, du Maghreb aux Grands Lacs, c'est plutôt "une Afrique pacifique et sécurisée", 4ème aspiration de l'agenda 2063, qu'on aimerait voir le prochain quadriennat consacrer.

Dès lors, il conviendrait que le candidat à la succession de la Sud-africaine Nkosazana Dlamini Zuma soit d'ores et déjà "familiarisé" avec les différents dossiers politiques et sécuritaires, a insisté Mezni. "A supposer que les grandes orientations actuelles se confirment, celles donnant Bathily et Mahamat au coude-à-coude, c'est sur cette base que trancheront les uns et les autres", a poursuivi Mezni, alors que le scrutin peut se prolonger le 31 janvier, la procédure prévoyant jusqu'à trois tours de scrutin.

Le premier, historien, universitaire et intellectuel reconnu à l'échelle internationale comme chantre du panafricanisme, a été jusqu'à sa récente démission le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Afrique centrale.

Abdoulaye Bathily bénéficie du soutien quasi-unanime de sa communauté sous-régionale, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dont il est le seul candidat.

"Nous sommes dans une période où de nombreux défis nous accablent. Face à ces défis, notre conviction est qu’on ne peut pas trouver de solutions à l’intérieur des Etats-nations tels que forgé par la logique de Berlin", a récemment déclaré l'historien sénégalais à la presse, en allusion au Congrès de 1878 qui a vu dépecer l'Afrique par les puissances européennes.

Le Tchadien se veut, lui, dans une démarche "pragmatique". Doyen des ministres des Affaires étrangères africains, puisqu'il dirige la diplomatie de son pays depuis près d'une dizaine d'années, il a eu "l’opportunité de suivre tous les dossiers stratégiques durant les mandats de M.Jean Ping et Mme Nkosazana Dlamini Zuma", avait déclaré Mahamat Faki, à l'occasion de l'annonce de sa candidature en octobre dernier.

Appartenant à la sous-région d'Afrique centrale, la CEEAC, le Tchad est très engagé sur les questions "sensibles", telles que Boko Haram qu'il combat dans le cadre d'une Force multinationale mixte (FMM). Poursuivant l'affirmation d'un leadership continental, le Tchad intervient régulièrement sur plusieurs fronts de crises politiques, de la Libye au Darfour, en passant par le Burundi.

"De l’élaboration de l’Agenda 2030 au Processus de Nouakchott en passant par la maturation de l’Apsa [l'Architecture africaine de paix et de sécurité], j'ai également vu naître et se développer les crises libyenne, malienne, celles du Soudan du Sud et du Burundi, la tourmente dans le bassin du Lac Tchad", a poursuivi Moussa Faki Mahamat, par ailleurs ancien Premier ministre (2003-2005).


           

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