Présidentielle le 3 juin en Syrie, la réélection d'Assad attendue


Lundi 21 Avril 2014 - 18:45
AFP


Damas - L'élection présidentielle en Syrie, qui devrait conduire à la réélection de Bachar al-Assad, aura lieu le 3 juin malgré la guerre sanglante qui ravage le pays et l'opposition de nombreux Etats réclamant son départ du pouvoir.


Alors que les violences, qui ont fait plus de 150.000 morts en trois ans, ne montrent aucune signe de répit, des tirs de mortier près du Parlement ont tué deux personnes avant cette annonce, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Je fixe au mardi 3 juin la date de l'élection d'un président (...) pour les citoyens résidant en Syrie (...) et au 28 mai (...) pour les Syriens vivant à l'étranger", a annoncé le président du Parlement Mohammad al-Laham lors d'une séance solennelle.

"Il s'agit de la première élection pluraliste et nous sommes confiants que vous (le peuple syrien) allez choisir celui qui mérite de diriger la Syrie, de la défendre, de garantir un avenir où tous les Syriens jouiront de leurs droits sans discrimination", a-t-il ajouté.

Les dépôts des candidatures se feront du 22 avril au 1er mai auprès de la Cour suprême.

Jusqu'à présent, Bachar al-Assad --comme son père Hafez précédemment -- avait été choisi par référendum. Candidat unique, il avait été élu pour sept ans en 2000 avec 97,29% des voix, puis réélu en 2007 avec 97,62% des votes.

- Parlement acquis au régime -

La nouvelle Constitution approuvée en 2012 donne pour la première fois la possibilité à plusieurs candidats de se présenter. Mais en réalité, les conditions requises limitent fortement leur nombre.

Selon les clauses approuvées par le Parlement le 14 mars, le futur président doit avoir vécu en Syrie de manière continue ces 10 dernières années. En outre, tout candidat doit obtenir le soutien d'au moins 35 des 250 députés.

Or comme le Parlement est acquis au régime, ces articles rendent quasiment impossible la candidature d'un opposant de l'extérieur, et très difficile celle d'un opposant de l'intérieur.

M. Assad, qui n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature, avait affirmé en janvier à l'AFP qu'il y avait "de fortes chances" qu'il se représente.

Soulignant que "depuis 1963, il n'y a pas eu d'élections transparentes" en Syrie, Samir Nashar, un membre de la Coalition nationale de l'opposition, a déclaré à l'AFP que ce scrutin ne "sera qu'une simple perpétuation du passé".

"Assad essaie d'envoyer le message, aux Syriens et au reste du monde, qu'il n'abandonnera pas le pouvoir et continuera à lutter contre les forces révolutionnaires", a-t-il estimé.

En vertu de la nouvelle Constitution, M. Assad a le droit de se présenter à deux nouveaux mandats de sept ans ce qui, théoriquement, lui permettrait de diriger son pays jusqu'à 62 ans.

Une source de sécurité à Damas a affirmé à l'AFP s'attendre à "une augmentation du nombre d'obus sur Damas pour tenter de saboter l'élection".

- 'Election sans surprise' -

Pour Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, "Assad peut organiser le scrutin sans problème car il contrôle le territoire où se trouve la majorité de la population. Il lui reste à trouver deux figurants pour donner un semblant de compétition à cette élection sans surprise".

"Le scrutin se déroulera dans la zone gouvernementale: cette bande de territoire qui va de la frontière jordanienne jusqu'à Lattaquié en passant par Damas, Homs et Hama ainsi que les villes tenues par le régime dans la zone Nord et Est comme Idleb, la moitié d'Alep et la moitié de Deir Ezzor".

Selon lui, M. Assad contrôle "40% du territoire habité. Cependant, 60 à 70% de la population se trouve en zone gouvernementale contre 20 à 30% dans les zones rebelles et 10% à l'étranger".

Mi-avril, l'Union européenne avait mis en garde contre la "parodie de démocratie" que représenterait une présidentielle si elle ne se tenait que dans les régions contrôlées par le pouvoir. Elle n'aurait alors "aucune crédibilité et minerait les efforts en vue d'une solution pacifique", avait-elle souligné.

Sur le terrain, 52 civils, dont 14 enfants, ont été tués dimanche par des raids aériens à Alep, selon l'OSDH.

Mohammad Wissam, un activiste, a expliqué ce bilan sanglant par le fait que les hélicoptères avaient visé des marchés. Certaines victimes ont été brûlées vives car un baril d'explosif est tombé sur un dépôt de carburant.

Par ailleurs à Homs (centre), l'armée a repris des bâtiments passés la veille sous le contrôle des rebelles à Jeb al-Jandali, à l'est de Vieille ville.


           

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