Syrie: arrêt des hostilités sur deux fronts, 30 morts à Alep


Samedi 30 Avril 2016 - 10:05
AFP


Les combats ont cessé samedi sur deux fronts en Syrie après l'entrée en vigueur d'un accord russo-américain qui ne concerne cependant pas la ville d'Alep où des bombardements ont fait 30 morts la veille.


Selon l'armée syrienne, l'arrêt des combats doit durer 24 heures dans la région de la Ghouta orientale, une zone rebelle à l'est de Damas, et 72 heures dans celle de Lattaquié, un fief du régime dans l'ouest syrien.

Les combattants ont déposé les armes dans le nord de la province de Lattaquié et dans la Ghouta orientale, a indiqué dans la nuit de vendredi à samedi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de militants et de sources médicales en Syrie.

"C'est calme à Lattaquié et dans la Ghouta orientale. Il n'y a pas de tirs pour le moment", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de cette ONG basée en Grande-Bretagne.

Après l'appel qu'avait lancé jeudi l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, à réactiver la trêve, Russes et Américains avaient annoncé vendredi un accord a minima sur l'arrêt des hostilités sur deux fronts, mais pas à Alep, la deuxième ville de Syrie.

L'agence de presse russe Ria Novosti avait fait état de "l'introduction d'un processus de détente" dans ces régions "à partir de (vendredi) minuit".

Michael Ratney, l'émissaire spécial américain pour la Syrie, avait confirmé "un nouvel engagement de cessation des hostilités (...) samedi à 00H01 (vendredi 21H01 GMT)". Mais "nous discutons avec la Russie pour arriver rapidement à un accord" sur Alep, avait concédé le diplomate américain.

Des combats opposent depuis des semaines les troupes du régime aux rebelles dans le nord-est de la province côtière de Lattaquié, bastion de la communauté alaouite à laquelle appartient la famille du président syrien Bachar al-Assad. En outre, l'armée et ses alliés tentent de progresser dans la Ghouta orientale, région considérée comme le réservoir de la rébellion près de la capitale.

A Alep, en proie à de violents combats malgré la trêve imposée le 27 février, plus de 230 civils ont péri en une semaine dans des bombardements. La ville est divisée depuis 2012 entre secteurs rebelles et gouvernementaux.

Treize personnes ont péri vendredi dans les quartiers tenus par le régime et 17 du côté des rebelles, selon l'OSDH. Des dizaines de personnes ont été blessées.

L'aviation du régime a également frappé une clinique dans la partie rebelle d'Alep, blessant plusieurs personnes, selon la défense civile.

- Attaques aveugles -

"Il ne peut y avoir aucune justification à ces actes épouvantables de violence visant délibérément des hôpitaux et des cliniques. Des gens continuent à mourir dans ces attaques. Il n'y a désormais plus de lieux sûrs à Alep. Même dans les hôpitaux", a commenté Marianne Gasser, à la tête du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Syrie.

De crainte de nouveaux bombardements, la prière du vendredi des musulmans a été suspendue dans les quartiers rebelles.

Et en ce Vendredi saint pour les orthodoxes, Nour Chmeilane, une chrétienne de 25 ans d'un quartier d'Alep-ouest, a renoncé à aller à la messe. "Nous avons mis nos affaires dans une seule valise et nous nous préparons à partir à tout moment", témoigne-t-elle.

A Washington, le département d'Etat a rendu compte d'un nouvel appel téléphonique entre le secrétaire d'Etat John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov au cours duquel ils ont parlé du "renforcement de la cessation des hostilités dans des régions de Syrie".

Du côté de l'opposition syrienne, le Haut comité pour les négociations (HCN), l'instance chargée de représenter les principaux groupes de l'opposition aux négociations de paix avec le régime à Genève, a dénoncé dans une lettre à Ban Ki-moon "des attaques aveugles contre les civils" à Alep.

"Ce n'est pas le moment de parler de processus politique après les massacres horribles et les violations systématiques de la trêve", a écrit sur Twitter Riad Hijab, coordinateur du HCN.

Le dernier cycle de pourparlers indirects s'est déroulé à Genève du 13 au 27 avril, sans avancée, le HCN ayant quitté cette ville pour dénoncer les bombardements à Alep.


           

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