Syrie: premier jour de calme dans les principales villes


Samedi 27 Février 2016 - 12:51
AFP


Les principales villes de Syrie ont connu samedi leur première matinée sans le bruit des canons, après l'entrée en vigueur d'une trêve d'une ampleur sans précédent depuis le début de la guerre entre régime et rebelles.


L'accord de cessations des hostilités appliqué à partir de 00H00 locale (vendredi 22H00 GMT) et initié par Washington et Moscou, deux acteurs majeurs dans le conflit, a reçu le soutien du Conseil de sécurité de l'ONU qui a adopté vendredi à l'unanimité une résolution "l'approuvant pleinement".

Cet accord ne concerne que les zones de combat entre les forces du régime appuyées par l'aviation de l'allié russe et les rebelles syriens, alors que les groupes jihadistes Etat islamique et Front al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) qui contrôlent plus de 50% du territoire, en sont exclus.

Malgré l'espoir que suscite l'accord, la complexité de la mise en application dans la durée de la trêve, notamment en raison de l'alliance des rebelles avec le Front Al-Nosra dans plusieurs régions, rend sceptiques les analystes.

C'est "un jour et une nuit exceptionnels pour les Syriens", a affirmé le médiateur l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura qui a néanmoins affirmé que la journée de samedi sera "critique".

Pour soutenir l'accord et empêcher toute erreur de bombardement, l'armée de l'air russe a annoncé la suspension, pour la journée, de toutes les sorties de son aviation au-dessus de la Syrie où elle bombardait depuis fin septembre zones rebelles et jihadistes.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des militants, le calme régnait samedi dans les provinces centrales de Homs et Hama, dans celle de Damas et dans la région d'Alep (nord). Aucun raid aérien n'était signalé contre les régions rebelles.

- 'Alors, la guerre est finie?' -

Une journaliste de l'AFP, qui s'est rendue aux abords de la capitale Damas, a constaté une quiétude inhabituelle et n'a vu aucune colonne de fumée s’élever de fiefs rebelles comme Jobar et la Ghouta orientale, contrairement aux jours précédents.

Dans la ville d'Alep, qui depuis juillet 2012 est un champ de bataille entre régime et insurgés, des habitants de quartiers rebelles ont affirmé à l'AFP que si la trêve se poursuivait ils iraient au parc avec leurs enfants, un "plaisir" depuis longtemps oublié.

Avec humour, les "Casques blancs" qui sauvent des décombres les victimes dans les régions rebelles après les bombardements du régime ont écrit sur twitter: "Fermé pour cause de cessez-le-feu".

"J'espère que la trêve durera et que le régime respectera son engagement, même si c'est pour une courte période, pour ainsi goûter à nouveau, même partiellement, à ce que nous avons vécu avant la guerre", confie à l'AFP Abou Nadim, 40 ans, un imprimeur père de 4 enfants, dans le quartier rebelle de Boustan al-Qasr, à Alep.

A Damas, Ammar al-Rai, un étudiant en médecine de 22 ans savoure ce répit. "Aujourd'hui je suis plus optimiste. Mes amis et moi sont contents. C'est la première fois que je me réveille sans le son de l'artillerie. Damas est tellement plus belle sans la guerre".

Il confie qu'un de ses amis, exilé en Allemagne l'a appelé et lui a dit en rigolant: "Alors la guerre est finie? Je peux rentrer".

La comité local de Daraya, proche de Damas, a affirmé à l'AFP que le calme régnait samedi matin.

Les militants ont posté des hashtags #Nous sommes tous Daraya" et "Pas de Daraya, pas de trêve", en solidarité avec cette localité que le régime a exclue du cessez-le feu en affirmant qu'elle abrite le Front Al-Nosra, ce que l'opposition réfute.

- Combats en territoire jihadiste -

Pour évaluer comment la trêve est respectée, la "task force" formée de représentants internationaux, doit se réunir à 14H00 GMT à Genève.

Si la cessation des hostilités tient et l'aide humanitaire continue d'être acheminée dans les zones assiégées, M. de Mistura compte convoquer de nouveaux pourparlers intersyriens le 7 mars à Genève après l'échec des précédentes discussions.

La trêve est censée favoriser un règlement politique de la guerre dans laquelle sont impliquées plusieurs puissances internationales et régionales qui soutiennent les camps rivaux.

François Heisbourg, président de l'International Institute for Stategic Studies (IISS, Londres) s'est dit "extrêmement sceptique sur la possibilité pour ce cessez-le-feu de tenir, compte-tenu de l'intrication entre les groupes rebelles considérés comme terroristes par les Russes et ceux qui échappent à ce label. Mais c'est de la conjecture à ce stade. Ces choses-là se jugent dans le temps."

Dans les régions où se trouvent l'EI et le Front Al-Nosra, des accrochages intermittents ont eu lieu samedi, selon l'OSDH. A Tall Abyad, (nord), des combats opposaient forces kurdes à l'EI et des avions de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, ont frappé avant l'aube et le matin les positions jihadistes.

A Khanasser, dans l'est d'Alep des accrochages ont opposé l'armée à l'EI pour le contrôle d'une route vitale pour la régime. En outre, six personnes ont péri dans deux attaques suicide et par l'explosion d'une bombe à l'entrée de Salamiyé dans la province de Hama, près de la ligne de front entre régime et EI.


           

Nouveau commentaire :

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement