Ukraine: un journaliste et un ex-député prorusses tués par balles


Jeudi 16 Avril 2015 - 17:08
AFP


Deux figures ukrainiennes prorusses, un journaliste connu et un ancien député, ont été tués par balles à Kiev ces dernières 24 heures, le président Petro Porochenko dénonçant une "provocation" profitable aux "ennemis" du pays qui combat les séparatistes prorusses.


Ukraine: un journaliste et un ex-député prorusses tués par balles
Le journaliste Oles Bouzina, 45 ans, souvent invité en tant qu'expert sur l'Ukraine aux émissions des télévisions publiques russes, a été tué en bas de son immeuble. Son corps ensanglanté gisait à même le sol, en bas d'un immeuble près d'une aire de jeu, selon des journalistes de l'AFP.

La veille, Oleg Kalachnikov, 52 ans, avait péri de la même manière. Cet ancien député s'était illustré dans la mobilisation de "gros bras" pour soutenir le président prorusse Viktor Ianoukovitch lors du mouvement de contestation pro-européen sur le Maïdan à Kiev fin 2013-début 2014.

Avant même que le meurtre de Bouzina ne soit officiellement confirmé en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé "un assassinat politique, le dernier en date en Ukraine" en accusant Kiev de ne rien faire pour élucider ces meurtres.

Pour sa part, le président ukrainien Petro Porochenko a réclamé une enquête "transparente" tout en jugeant qu'il s'agissant d'une provocation". "C'est une provocation délibérée qui apporte de l'eau au moulin de nos ennemis, déstabilise la situation en Ukraine et discrédite le choix politique du peuple ukrainien", a-t-il lancé dans un communiqué.

"Je n'exclus pas que ces meurtres aient été organisés par les services de sécurités russes pour créer un atmosphère d'hystérie et montrer ce qui arrive à ceux qui étaient contre le Maïdan", a accusé Anton Guerachtchenko, conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur interrogé par la chaîne ukrainienne 112.

- Figures symboliques 'anti-Maïdan' -

Oles Bouzina avait été chroniqueur, puis rédacteur en chef du quotidien Segodnia, poste qu'il avait récemment quitté en dénonçant la "censure". Ce journal est financé par l'homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov, qui fut également le principal sponsor du Parti des régions, ex-formation du président prorusse Viktor Ianoukovitch destitué en février 2014.

Fils d'un lieutenant-colonel du KGB, Oles Bouzina écrivait sur son propre site que Russes, Ukrainiens et Bélarusses sont "un seul et unique peuple" et accusait les Ukrainiens de "vouloir détruire la culture russe".

Il se disait partisan de la "fédéralisation" de l'Ukraine prônée par la Russie et fondateur d'une communauté de "Chevtchenko-phobes", qui disaient détester le poète et héros national de l'Ukraine, Taras Chevtchenko.

Oleg Kalachnikov, lui, était connu pour avoir mobilisé des hommes, soupçonnés d'être payés par les autorités, pour participer à des manifestations pro-Ianoukovitch et persécuter les militants pro-européens pendant les trois mois de la contestation.

Mykola Azarov, ancien Premier ministre de Viktor Ianoukovitch et réfugié en Russie comme le président, a accusé sur sa page Facebook "le régime de Kiev" d'avoir tué l'"opposant" Kalachnikov "qui détestait le fascisme", mot souvent utilisé en Russie et par les séparatistes prorusses pour qualifier les nouvelles autorités pro-occidentales de l'Ukraine.

- Suicides présumés d'ex-alliés de Ianoukovitch -

Ces meurtres font suite à une série de suicides présumés d'anciens hauts responsables du régime prorusse. Olexandre Peklouchenko, ex-gouverneur et membre du Parti des régions et Stanislav Melnik, un autre ex-député du Parti des régions, avaient ainsi été retrouvé morts en mars à leur domicile après un apparent suicide.

Fin février, c'est Mikhaïlo Tchetchetov, encore un ancien haut responsable parlementaire du Parti des régions, qui s'était défenestré du 17e étage à Kiev.

Enfin, le fils cadet de l'ex-président Ianoukovitch est décédé fin mars dans un accident en Russie, au volant d'un minibus qu'il avait engagé sur la glace du lac Baïkal, qui a cédé. Qualifiée d'accidentelle par des proches de Ianoukovitch, sa mort a été jugée suspecte par certains observateurs en Ukraine.


           

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