"Une séquence de cauchemar": un rescapé indien du train raconte


Lundi 21 Novembre 2016 - 11:33
AFP


Il y eut d'abord une secousse. Puis un choc assourdissant. Puis le noir. Lorsqu'il reprit conscience, Uttam Kumar, passager du train indien qui a déraillé dimanche en tuant plus de 140 personnes, était emprisonné dans la structure de son wagon déformé par l'impact.


Allongé sur son lit d'un hôpital de Kanpur (nord de l'Inde), un regard absent errant parfois sur le plafond, cet étudiant de 26 ans narre, d'une voix d'abord factuelle mais qui s'affaiblit et se brise progressivement, la nuit fatale de l'accident où il a perdu la trace de son grand-père de 75 ans.

"Je ne sais pas ce qui lui est arrivé. Il était sur un siège derrière moi", dit-il à l'AFP en contenant ses larmes.

Uttam et son grand-père venaient d'achever un pèlerinage dans un temple hindou du centre du pays et retournaient en train à leur maison dans l'Etat du Bihar (est).

Vers 3h00 du matin dimanche (samedi 21h30 GMT), l'express Indore-Patna filait paisiblement dans la nuit à travers la plaine de l'Etat d'Uttar Pradesh, transportant dans son ventre deux mille passagers profondément endormis.

"Soudain, ça a commencé à secouer et il y a un assourdissant vacarme et j'ai été projeté de la couchette supérieure. C'est tout ce dont je me souviens", relate Uttam.

Trois quarts d'heure plus tard, il revient à lui: "tout était à l'envers. J'étais coincé dans le wagon avec peu de place pour bouger."

Des habitants des villages environnants commencent à arriver sur les lieux de l'accident. Il hurle, appelle à l'aide.

"Les gens ont entendu mes cris mais personnes ne pouvait rien faire car notre wagon était écrasé sous un autre wagon. Du peu que j'en voyais, j'ai compris que c'était un désastre."

En désespoir de cause, il commence alors à énumérer à pleins poumons le numéro de téléphone de son domicile, dans l'espoir que quelqu'un avertisse sa famille.

"Je criais le numéro de téléphone de ma maison pour que quelqu'un l'entende et les informent que j'étais impliqué dans un accident de train. Quelqu'un a entendu le numéro et a appelé ma famille" qui, habitant dans l'Etat voisin, se met aussitôt en route.

- Une ambulance de cadavres -

Les sauveteurs et les forces de l'ordre entrent en scène. Ils commencent à extirper survivants et corps - parfois par morceaux.

"C'était une séquence de cauchemar. Je n'arrivais à croire ce qu'il se passait, et pourtant c'était en train de se passer", se souvient Uttam.

En raison de l'enchevêtrement et de la déformation des wagons les plus touchés, les secouristes doivent parfois recourir au chalumeau pour se frayer un chemin dans l'amas de tôle.

Pour libérer l'étudiant en commerce et ses congénères, ils découpent une partie du wagon où Uttam est coincé, avant de l'en extraire. Aussitôt, il est transporté dans une ambulance garée à proximité.

"J'étais la seule personnes vivante au milieu de cadavres dans cette ambulance. C'est une sensation que je ne peux pas expliquer."

Souffrant de multiplies fractures, blessé à la tête et au dos, il est amené à l'hôpital pour y être traité.

Il est au-delà de minuit. Une journée entière, interminable, s'est écoulée depuis le déraillement. Pourtant, malgré la douleur qui ravage son corps, Uttam n'arrive pourtant à sombrer dans le sommeil.

Son grand-père reste introuvable. Son nom ne figure encore ni sur la liste des victimes, ni sur celle des survivants.

Au chevet d'Uttam, Jairam Sharma, un ami de la famille accouru avec ses proches sitôt l'appel funeste d'un villageois reçu, veille sur lui.

"Trois autres personnes cherchent frénétiquement tous les hôpitaux, les morgues et le site de l'accident en quête de signes de son grand-père. Nous ne savons pas ce qu'il lui est arrivé", dit-il.


           

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