A New York, un acquittement dans un procès pour viol va intéresser la défense de DSK


Samedi 28 Mai 2011 - 10:46
AFP


New York - Contrairement à toute attente, un jury de New York vient d'acquitter deux policiers accusés de viol, une affaire qui risque de fortement intéresser les avocats chargés de la défense de Dominique Strauss-Kahn.


Dominique Strauss-Kahn
Dominique Strauss-Kahn
Le procès de ces deux agents de la police de New York (NYPD) accusés d'avoir violé une femme ivre et sans défense dans son appartement il y a 30 mois s'est terminé jeudi par un verdict de non culpabilité pour la quasi-totalité des chefs d'inculpation, à l'exception d'accusations mineures.

Il y a de grandes différences entre ce cas et celui de "DSK", accusé d'avoir agressé sexuellement et tenté de violer une employée d'hô tel le 14 mai dernier.

Mais l'acquittement inattendu a provoqué des dizaines de commentaires de journalistes, d'avocats et d'experts sur les chances qu'aurait l'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) d'échapper à la prison, en cas de procès.

Le fait que le jury ait favorisé deux policiers face à une femme éplorée montre en tout état de cause la difficulté, dans des affaires de viol, de faire arriver douze jurés à une "conviction au-delà du doute raisonnable", selon la formule en droit américain qui permet de condamner un accusé.

Brenda Smith, professeur à la faculté de droit de l'American University de Washington, et spécialiste des violences sexuelles, considère que la décision de jeudi est "encourageante" pour le camp Strauss-Kahn.

"Cela signifie que ces jurés prennent leur travail vraiment à coeur. Dans des villes comme New York, les jurés sont très avertis, ils ne vont pas croire d'emblée une histoire rebattue, ils analysent au cas par cas", ajoute Mme Smith.

Il pourrait s'agir d'une bonne nouvelle pour "DSK", socialiste marié à une multi-millionnaire, accusé d'avoir agressé sexuellement une pauvre immigrée, et contre lequel l'opinion publique est de ce fait très remontée.

Des fuites parues dans la presse ces jours derniers de source "informée" semblent de prime abord suggérer que l'accusation a l'avantage.

Mais comme le montre le procès des "policiers violeurs", même un cas solide peut se dissoudre face à un jury qui n'est pas convaincu à 100%.

Pour Toni Messina, une avocate new-yorkaise, les avocats des deux policiers "ont bien fait leur travail quand ils se sont adressés aux jurés et leur ont rappelé la présomption d'innocence -c'est en effet au procureur qu'il appartient de prouver la culpabilité au-delà du doute raisonnable".

"Ils ont su convaincre le jury, je leur tire mon chapeau", a ajouté Mme Messina.

Dans l'affaire des policiers, il était établi qu'ils avaient raccompagné la femme ivre chez elle, et qu'ils étaient retournés dans l'appartement plusieurs fois cette nuit-là. L'un d'entre eux avait même admis l'avoir "câlinée".

La version de la femme était différente : elle affirmait que l'un des policiers l'avait violée, tandis que l'autre s'assurait que personne n'entre dans l'appartement.

Mais aucune preuve ADN n'a pu être trouvée, et la femme a admis qu'elle était si ivre qu'elle ne se souvenait plus très bien. Les jurés ont conclu qu'ils ne pouvaient pas déclarer les deux hommes coupables faute de preuves indiscutables.

"On n'avait aucune preuve. On a pris la loi à la lettre", a dit un juré au New York Times après la fin du procès.

Les tabloïdes se sont déchaînés. "Bienvenue aux prédateurs en uniforme, la saison est ouverte", a écrit le New York Post.

Michael Daly du New York Daily News est allé plus loin et a estimé que "Le Perv," abréviation de "pervers" et surnom donné à DSK dans ces journaux populaires à grand tirage, allait certainement fêter la nouvelle dans l'appartement de 14 millions de dollars où il est en résidence surveillée.

"On peut parier que Le Perv pense maintenant que si les jurés ont cru ces deux policiers, ils vont tout croire", écrit Michael Daly.


           

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