A la 59e Berlinale, un sombre et envoûtant polar tourné dans le bayou


Samedi 7 Février 2009 - 19:38
AFP


BERLIN -Rébecca FRASQUE - La 59e Berlinale a découvert samedi "Dans la brume électrique", un âpre polar filmé dans le bayou par le Français Bertrand Tavernier, où celui-ci met en scène une Louisiane hantée par les fantômes de son passé esclavagiste et dévastée par le cyclone Katrina.


A la 59e Berlinale, un sombre et envoûtant polar tourné dans le bayou
Projeté dans la soirée au Palais de la Berlinale, ce film est entré dans la course à l'Ours d'or le même jour que "About Elly" de l'Iranien Asghar Farhadi et "Storm" de l'Allemand Hans-Christian Schmid.
"Dans la brume électrique" est présenté à Berlin par Tavernier qui tourne là son deuxième film en anglais après "Death Watch" en 1980, en l'absence de Tommy Lee Jones, qui joue le rôle principal.
Adapté d'un brillant polar au titre improbable - "Dans la brume électrique avec les morts confédérés", publié par James Lee Burke en 1992 -, il met en scène un policier d'une petite bourgade perdue de la Louisiane, New Iberia.
Dave Robicheaux est un flic humaniste et taiseux, un ancien du Vietnam au passé d'alcoolique, à l'âme couverte de bleus, foncièrement honnête.
Chargé d'élucider de sordides meurtres de prostituées, il est hanté par le souvenir du lynchage d'un Noir, commis sous ses yeux d'enfant dans le bayou.
Lorsqu'un comédien un peu trop porté sur la bouteille, star de Hollywood importée sur un tournage local, lui parle de ses "visions" et d'un squelette recraché par les marais, Robicheaux décide de démêler aussi cette affaire.
Tourné en cinémascope dans les somptueux paysages des marais de Louisiane, sous des cieux menaçants où l'orage n'est jamais bien loin, "Dans la brume électrique" est rythmé par les accents locaux et la musique cajun.
L'intrigue est complexe mais progresse avec fluidité dans une atmosphère de corruption mélancolique et crépusculaire, au sein d'un bayou hanté par les fantômes de l'esclavage et de la guerre de Sécession.
John Goodman campe un truculent mafieux, profiteur enrichi par le passage de Katrina, aux côtés d'acteurs locaux à l'extraordinaire présence.
Impliqué dans le film, James Lee Burke a aidé à trouver les extérieurs et écrit des textes inédits prononcés en voix off par Tommy Lee Jones.
Hans-Christian Schmid y met en scène la soif de justice d'une femme procureur (Kerry Fox) au Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie de La Haye, et fait oeuvre de fiction autour du thème: les torts souvent immenses causés aux victimes sont-ils mieux réparés par la justice ou la politique?
Chargée d'instruire le procès d'un officier serbe accusé d'avoir déporté et tué des civils musulmans bosniaques pendant la guerre de Bosnie, elle voit s'effondrer le témoignage sur lequel était basée toute l'accusation.
Elle tente alors de convaincre une ex-victime -- jouée par l'excellente Anamaria Marinca, popularisée par la Palme d'or 2007 "Quatre mois, trois semaines et deux jours" -- de témoigner devant le tribunal.
"Storm" évoque la tâche ardue du TPI, les longues instructions soumises aux pressions politiques, la difficulté de protéger les victimes venues confondre leurs bourreaux, l'impunité dont bénéficient nombre de criminels.
Malgré son scénario simplificateur et parsemé d'incohérences, et un discutable parti-pris de réalisation -- coups de zooms et filmage à l'épaule sont sensés rythmer artificiellement des scènes souvent statiques -- ce film a ému lors de sa projection de presse.
Enfin, "About Elly" d'Asghar Farhadi met en scène des jeunes gens de la bourgeoisie de Téhéran en villégiature au bord de la mer, secoués par un drame. L'intérêt de ce film bavard et trop long s'évapore assez vit


           

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