"La poésie ne peut égorger un enfant, ni tuer un homme, ni détruire un musée", assure Adonis, 86 ans, de son vrai nom Ali Ahmad Saïd Esber. Essayiste, écrivain, peintre, journaliste et universitaire, il se définit avant tout comme un poète et un homme mystique pour qui Dieu est imagination.
Après cinq ans d'un conflit syrien qui a fait plus de 300.000 morts, son réquisitoire est cinglant pour les Etats-Unis, les Européens et les Russes, mus selon lui par "la flamme du pétrole et la fumée du gaz".
"Les Américains ne cherchent pas des solutions, ils cherchent les problèmes", affirme-t-il dans un entretien à l'AFP à l'occasion du salon du livre de Göteborg (sud-ouest de la Suède) qui a refermé ses portes dimanche.
"Il n'y a pas de vision cohérente chez les Américains. Les Russes non plus, ils ne s'intéressent pas à autre chose qu'à leurs intérêts. Le monde arabe, c'est un espace stratégique, un lieu de richesse, les Arabes ne sont que moyens. Il n'y a aucun souci des droits de l'Homme, de la liberté, de l'indépendance, de la dignité humaine", assène-t-il.
Quant aux Européens, ils "s'inclinent et suivent les Etats-Unis".
A cet égard, la France de 1789 aurait dû avoir des devoirs particuliers. "Un pays qui crée et hérite cette révolution ne peut s'incliner devant les Américains. La France doit avoir une vision indépendante. Il fallait un de Gaulle", dit le poète, installé à Paris depuis 1985.
Il admet ne pas connaître réellement la situation dans son pays natal et ne pas faire confiance aux médias internationaux pour l'informer. Tout juste avance-t-il que l'Etat islamique pousse aujourd'hui "son dernier cri" avant de disparaître.
Considéré comme l'un des plus grands poètes arabes, régulièrement cité pour le prix Nobel de littérature, Adonis pourfend les "dictatures théocratiques" et prône la séparation de l'Etat et de la religion, le rejet de l'islam dans le champ de l'intime.
"Ce sont les régimes et les institutions qu'il faut changer pour y parvenir, mais le poète peut influencer. La poésie arabe est une parole anti-Dieu. On ne trouve dans toute notre histoire absolument aucun grand poète dont on peut dire qu'il était aussi croyant, comme par exemple (Paul) Claudel en France".
"L'avenir, c'est la laïcité mais d'ici là, ce ne sera que la destruction", prophétise-t-il, en estimant que les "événements [lui] ont donné raison" sur les Printemps arabes. Dans un essai intitulé "Printemps arabes. Religion et révolution" (traduit en français en 2014), le poète syrien dénonçait le dévoiement des soulèvements populaires en Libye ou en Syrie notamment.
"J'ai dit qu'on ne pouvait pas faire une révolution laïque avec des gens qui sortent de la mosquée en manifestant. La révolution, c'est une chose, la mosquée en est une autre", justifie-t-il aujourd'hui alors que certains lui ont reproché sa "complaisance" supposée à l'égard du régime syrien. "Un poète doit toujours être antirégime", se défendait-il.
Adonis regrette que "beaucoup d'intellectuels arabes soient du côté de l'Arabie saoudite, du côté de l'islam, sous prétexte que la majorité de la population est musulmane".
"Il y a des voix [dissidentes] mais ces voix sont marginalisées et rejetées", à l'image de l'écrivain et journaliste algérien Kamel Daoud, "une voix très importante", menacé après avoir dénoncé "le rapport malade à la femme" dans le monde arabo-musulman.
La raison vaincue par l'obscurantisme et la dévastation, reste pourtant la poésie, promet Adonis. "Tant que la mort est là - et la mort est là - il y aura la poésie. On peut imaginer un silence absolu, un silence où la philosophie n'aurait plus rien à dire, un silence scientifique, un silence des sciences humaines, mais jamais un silence de la poésie".
Après cinq ans d'un conflit syrien qui a fait plus de 300.000 morts, son réquisitoire est cinglant pour les Etats-Unis, les Européens et les Russes, mus selon lui par "la flamme du pétrole et la fumée du gaz".
"Les Américains ne cherchent pas des solutions, ils cherchent les problèmes", affirme-t-il dans un entretien à l'AFP à l'occasion du salon du livre de Göteborg (sud-ouest de la Suède) qui a refermé ses portes dimanche.
"Il n'y a pas de vision cohérente chez les Américains. Les Russes non plus, ils ne s'intéressent pas à autre chose qu'à leurs intérêts. Le monde arabe, c'est un espace stratégique, un lieu de richesse, les Arabes ne sont que moyens. Il n'y a aucun souci des droits de l'Homme, de la liberté, de l'indépendance, de la dignité humaine", assène-t-il.
Quant aux Européens, ils "s'inclinent et suivent les Etats-Unis".
A cet égard, la France de 1789 aurait dû avoir des devoirs particuliers. "Un pays qui crée et hérite cette révolution ne peut s'incliner devant les Américains. La France doit avoir une vision indépendante. Il fallait un de Gaulle", dit le poète, installé à Paris depuis 1985.
Il admet ne pas connaître réellement la situation dans son pays natal et ne pas faire confiance aux médias internationaux pour l'informer. Tout juste avance-t-il que l'Etat islamique pousse aujourd'hui "son dernier cri" avant de disparaître.
Considéré comme l'un des plus grands poètes arabes, régulièrement cité pour le prix Nobel de littérature, Adonis pourfend les "dictatures théocratiques" et prône la séparation de l'Etat et de la religion, le rejet de l'islam dans le champ de l'intime.
"Ce sont les régimes et les institutions qu'il faut changer pour y parvenir, mais le poète peut influencer. La poésie arabe est une parole anti-Dieu. On ne trouve dans toute notre histoire absolument aucun grand poète dont on peut dire qu'il était aussi croyant, comme par exemple (Paul) Claudel en France".
"L'avenir, c'est la laïcité mais d'ici là, ce ne sera que la destruction", prophétise-t-il, en estimant que les "événements [lui] ont donné raison" sur les Printemps arabes. Dans un essai intitulé "Printemps arabes. Religion et révolution" (traduit en français en 2014), le poète syrien dénonçait le dévoiement des soulèvements populaires en Libye ou en Syrie notamment.
"J'ai dit qu'on ne pouvait pas faire une révolution laïque avec des gens qui sortent de la mosquée en manifestant. La révolution, c'est une chose, la mosquée en est une autre", justifie-t-il aujourd'hui alors que certains lui ont reproché sa "complaisance" supposée à l'égard du régime syrien. "Un poète doit toujours être antirégime", se défendait-il.
Adonis regrette que "beaucoup d'intellectuels arabes soient du côté de l'Arabie saoudite, du côté de l'islam, sous prétexte que la majorité de la population est musulmane".
"Il y a des voix [dissidentes] mais ces voix sont marginalisées et rejetées", à l'image de l'écrivain et journaliste algérien Kamel Daoud, "une voix très importante", menacé après avoir dénoncé "le rapport malade à la femme" dans le monde arabo-musulman.
La raison vaincue par l'obscurantisme et la dévastation, reste pourtant la poésie, promet Adonis. "Tant que la mort est là - et la mort est là - il y aura la poésie. On peut imaginer un silence absolu, un silence où la philosophie n'aurait plus rien à dire, un silence scientifique, un silence des sciences humaines, mais jamais un silence de la poésie".