Afghanistan: les critiques montent en Europe contre la frappe de l'Otan


Samedi 5 Septembre 2009 - 14:01
AFP


Stockholm - Plusieurs pays européens ont ouvertement critiqué samedi le bombardement de l'Otan la veille en Afghanistan qui aurait fait jusqu'à 90 morts, se démarquant de l'Allemagne, dont un officier a donné l'ordre de tir et qui a au contraire défendu l'opération.


Bernard Kouchner
Bernard Kouchner
"C'est une grosse erreur", a déclaré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner aux journalistes, à propos de la frappe, en arrivant à une réunion avec ses homologues de l'Union européenne à Stockholm.

"Nous devons éviter cela, nous devons enquêter et dénoncer les responsabilités", a-t-il ajouté.

Il a estimé que la stratégie en Afghanistan devait être "principalement de travailler avec le peuple afghan, pas de le bombarder". "Nous devons leur proposer des projets, sous leur responsabilité, pour développer leur pays", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, a dénoncé le bombardement en Afghanistan en termes encore plus durs.

"Je ne comprends pas que des bombes puissent être ainsi larguées aussi facilement et rapidement", a-t-il déploré devant la presse. "Il doit bien y avoir aussi à l'Otan des règles" en la matière, a-t-il ajouté.

"Même s'il n'y avait qu'un civil sur place, cette opération n'aurait pas dû avoir lieu", a-t-il ajouté.

Déjà la veille, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, s'était montré très critique. "On est là en Afghanistan pour garantir la vie des Afghans, pas pour leur apporter la mort", avait-il dit.

Son collègue britannique, David Miliband, avait demandé une enquête urgente sur le bombardement pour "que nous nous assurions que cela ne se reproduise pas".

Les avions de l'Otan, sur la requête d'un officier allemand, ont bombardé vendredi deux camions-citernes d'essence destinés aux forces internationales volés jeudi soir dans une embuscade tendue par des talibans.

Jusqu'à 90 personnes ont été tuées dans cette attaque selon les autorités locales, dont des civils. Le bombardement est survenu peu avant la réunion à Stockholm des chefs de la diplomatie européens à Stockholm.

Le ministre allemand de la Défense Franz Josef Jung a lui au contraire défendu l'opération samedi.

"Quand à six kilomètres de nous, des talibans prennent deux citernes d'essence, cela signifie un grand danger pour nous", a-t-il déclaré au site internet du quotidien Bild.

La controverse autour du bombardement de l'Otan a partiellement relégué au second plan un débat samedi des ministres européens des Affaires étrangères sur les moyens d'aider l'Afghanistan à prendre davantage à son compte les opérations de sécurité dans le pays.

Pour cela, il faudra de l'avis des Européens mieux payer les forces de sécurité locales. "C'est l'un des pays les plus pauvres au monde", a dit M. Kouchner, "quand les talibans offrent 50 dollars par mois à une famille, nous versons aux troupes afghanes moins de la moitié" de ce montant.

Les Européens entendent aussi faire pression sur le futur président du pays et son gouvernement pour qu'ils accroissent les efforts de lutte contre la corruption notamment.

Franco Frattini a jugé dans une interview publiée samedi qu'il faut "reconquérir la confiance des Afghans" via un "contrat" dans lequel le nouveau président prendra des engagements à l'égard de la communauté internationale.


           

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