Afrique du Sud: un tribunal rejette la demande d'appel de l'ex-président Zuma


Samedi 30 Novembre 2019 - 12:19
AFP


​Johannesburg - Un tribunal sud-africain a jugé vendredi irrecevable la demande d'appel de l'ancien président Jacob Zuma qui tente d'échapper à un procès pour corruption dans une vieille affaire de contrat d'armement, aux multiples rebondissements judiciaires.


Dans un très bref verdict, la Haute Cour de Pietermaritzburg (est) a annoncé que "la demande de M. Zuma de faire appel a été rejetée".

Le tribunal a aussi rejeté la demande d'appel du groupe de défense et d'électronique français Thales, poursuivi dans cette même affaire.

Jacob Zuma, au pouvoir de 2009 à 2018, est accusé d'avoir touché 4 millions de rands - environ 245.000 euros au cours actuel - de pots-de-vin de Thales, dans le cadre d'un énorme contrat d'armement de 51 milliards de rands (environ 3 milliards d'euros) attribué en 1999. A l'époque, M. Zuma était vice-président de l'Afrique du Sud.

L'ancien chef de l'Etat et Thales, qui a remporté une partie du contrat pour l'équipement de navires militaires, ont toujours nié les allégations.

La défense de Jacob Zuma avait demandé à faire appel, arguant que le dossier souffrait d'"interférence politique". Le parquet avait estimé de son côté qu'il n'y avait pas de "base solide" et "rationnelle" pour justifier cet appel.

Après le revers essuyé vendredi, les deux co-accusés, Jacob Zuma et Thales, ont encore la possibilité de faire appel auprès de la Cour suprême d'appel et de la Cour constitutionnelle, selon un expert en droit, Pierre de Vos, interrogé par l'AFP.

Leurs avocats n'ont pas, dans l'immédiat, fait part de leur décision, mais Jacob Zuma va très certainement faire appel pour "gagner du temps", a estimé Pierre de Vos.

"Les chances de l'emporter sont minces", a cependant prévenu un autre expert en droit, Mpumelelo Zikalala, sur la chaîne d'informations eNCA.

Mis en cause dès 2003 dans le dossier Thales, l'ancien président a toujours réussi à échapper aux mailles du filet de la justice. Son conseiller financier à l'époque des faits, Schabir Shaik, a lui été reconnu coupable de corruption dès 2005 et condamné à quinze ans de prison.

Depuis près de deux ans, le vent a cependant tourné pour Jacob Zuma. Longtemps réputé inatteignable, il a été poussé à la démission de la présidence sud-africaine en février 2018, emporté par de nombreux scandales de corruption.

S'il est jugé et reconnu coupable dans l'affaire Thales, Jacob Zuma encourt une peine minimum de 15 ans de prison.

Il est également soupçonné de corruption dans d'autres dossiers beaucoup plus récents, du temps de sa présidence.

Il doit de nouveau être prochainement entendu par une commission censée faire la lumière sur les multiples accusations de corruption au sommet de l'Etat pendant son règne, une corruption qui a coûté, selon son successeur Cyril Ramaphosa, plus de 500 milliards de rands (30 milliards d'euros) au pays.


           

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