"Agwa/Correria": la vie comme une course, par Mourad Merzouki


Vendredi 22 Janvier 2010 - 10:49
AFP


Bron - Dans "Correria", élaboré et présenté en première à Bron, près de Lyon, le chorégraphe hip-hop Mourad Merzouki confie à de jeunes Brésiliens à la fougue époustouflante l'incarnation de sa vision de la vie comme une course effrénée, dans un métissage des genres très réussi.


Mourad Merzouki
Mourad Merzouki
Le chorégraphe lyonnais et les danseurs se sont rencontrés lors de la Biennale de la danse de Lyon en 2006. Après une première pièce créée pour eux en 2008, "Agwa", Mourad Merzouki a voulu prolonger l'aventure en créant une seconde pièce, "Correria", afin de partir en tournée avec cette troupe, devenue la branche brésilienne de sa Compagnie Käfig.

"La rencontre a été très forte et j'ai voulu continuer", explique à l'AFP Mourad Merzouki.

"Cette tournée est pour eux un pas de géant pour entrer dans ce métier de la danse: la plupart son autodidactes, et ils ne sont pas tous danseurs professionnels", souligne-t-il

Dans "Correria" (course en portugais), pièce aux décors et costumes minimalistes, les danseurs courent beaucoup, "comme nous courrons tous dans notre vie. Cela m'avait particulièrement marqué à Rio: les gens courent sans cesse pour gagner leur croûte".

Cette folle ronde se met parfois à évoquer celle de la roue du projecteur cinématographique, et les danseurs deviennent autant de Charlie Chaplin, bas rayés et gestuelle désarticulée.

Si Mourad Merzouki a puisé dans le répertoire de la musique populaire brésilienne et des ballets carioca, il ne s'y est pas arrêté. Rythmes tziganes, orientaux, et musiques électroniques se mêlent. Et les corps se contorsionnent aussi bien dans les puissantes acrobaties propres aux danses de la rue que dans les mouvements lents et décomposés de la danse contemporaine.

"J'ai voulu éviter la carte postale brésilienne à laquelle on pouvait s'attendre: capoeira, samba, etc. Je n'aime pas qu'on limite le hip-hop au stéréotype banlieue-casquette. Là, c'est la même chose: ce n'est pas parce que les danseurs viennent des favelas qu'il faut parler de misère, de drogue et de violence", souligne-t-il.

Pari réussi: "Agwa", avec cette trouvaille que sont les dizaines de verres en plastiques comme seul décor, évoque ce thème universel de l'eau, précieuse et insaisissable. "Correria" interroge de façon aussi universelle la course quotidienne de nos existences.

"Agwa/Correria" est à Bron jusqu'au 24 janvier, puis en tournée dans toute l'Europe, notamment au théâtre de Suresnes du 29 au 31 janvier, à la Maison de la Danse de Lyon du 6 au 14 février, puis en Suisse, Espagne, Italie, au Théâtre national de Chaillot du 24 au 27 mars, et à la Maison de Arts de Créteil du 13 au 17 avril.


           

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