Algérie: Karim Tabbou, figure de la contestation, plaide pour un "vrai processus politique"


Mardi 7 Juillet 2020 - 12:36
AFP


​Alger - L'opposant algérien Karim Tabbou, figure emblématique du mouvement populaire ("Hirak") antirégime, a plaidé lundi soir en faveur de la libération des détenus en Algérie et d'un "vrai processus politique".


"La meilleure façon de faire le printemps, c'est de sortir tous les oiseaux des cages", a-t-il affirmé, en faisant allusion aux prisonniers du "Hirak", dans un long entretien à la station Berbère Télévision, sa première interview depuis qu'il a recouvré la liberté jeudi dernier.

"Le pouvoir veut nous mettre dans des cages, c'est le piège. Tant que les gens chantent dans les cages, ça ne le dérange pas", a expliqué l'opposant, en exhortant à "casser les cages" pour faire "le vrai printemps".

Après neuf mois de détention, Karim Tabbou a bénéficié d'une libération conditionnelle le 2 juillet, ainsi que trois autres militants connus, une mesure considérée comme un geste d'apaisement de la part du pouvoir.

"La prison est une usine à transformer la colère en énergie politique", a-t-il témoigné, entouré de sa famille, en évoquant son incarcération, la machine judiciaire, le "Hirak", la solidarité et le pacifisme du peuple algérien, "sa "famille".

"Quand tu te sens humilié, enfermé dans une cage de 2m² .... Tu as le temps de réfléchir", a ajouté Karim Tabbou.

Pour lui, "c'est une nécessité historique que (...) d'aller vers un vrai processus politique qui permette d'aller de l'avant".

Pour ce faire, il a invité les Algériens à rester "unis, pacifiques, déterminés, civilisés et organisés", en assurant que "rien ne nous fait renoncer à nos principes".

Emprisonné depuis le 26 septembre 2019, Karim Tabbou, avait été condamné en appel le 24 mars dernier à un an de prison ferme pour "atteinte à l'intégrité du territoire national".

Il est par ailleurs poursuivi pour "atteinte au moral de l'armée" dans le cadre d'une autre affaire, dont le procès a été reporté au 14 septembre.

Karim Tabbou est l'un des visages et l'une des voix les plus populaires du "Hirak".

Chef d'un petit parti d'opposition non enregistré, l'Union démocratique et sociale (UDS), son portrait était régulièrement brandi lors des manifestations hebdomadaires qui sont désormais suspendues en raison de la pandémie de Covid-19.

Né d'un immense ras-le-bol des Algériens en février 2019, le "Hirak" réclame depuis un changement du "système" en place depuis l'indépendance du pays en 1962. En vain jusqu'à présent, même s'il a obtenu en avril 2019 le départ du président Abdelaziz Bouteflika après vingt ans de règne.


           

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