Algérie : La trésorerie de l'Etat en quête d'équilibre


Lundi 9 Octobre 2017 - 11:27
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Les députés algériens ont voté, dimanche, à une large majorité un projet de loi sur la monnaie et le crédit autorisant la banque d’Algérie à prêter au trésor pour faire face au déficit budgétaire et à la crise financière auxquels est confronté le pays.


Une des dispositions du texte stipule, en effet, que la Banque Algérie «procède, dès l'entrée en vigueur de la présente disposition, à titre exceptionnel et durant une période de cinq années, à l'achat directement auprès du Trésor, de titres émis par celui-ci, à l'effet de participer, notamment à la couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette publique interne et au financement du Fonds National d'Investissement (FNI)».

La même disposition précise également que «ce dispositif est mis en œuvre pour accompagner la réalisation d'un programme de réformes structurelles économiques et budgétaires devant aboutir, au plus tard, à l'issue de la période susvisée, notamment, au rétablissement des équilibres de la trésorerie de l'Etat et de l'équilibre de la balance des paiements».

Confrontée à une crise économique, depuis la chute des prix des hydrocarbures en 2014, principale source de devises du pays, l’Algérie, dont les réserves de change ont fondu de moitie (de près de 200 milliards de dollars, elle passe à 97 milliards d’ici la fin de l’année en cours), a décidé de recourir au financement non conventionnel, c'est-à-dire actionner la planche à billet.

Mais cette solution est dénoncée par de nombreux experts qui redoutent une importante inflation.

L’opposition, d'ailleurs, n'a pas manqué de rejeter le texte.

«La crise nationale est d'abord une crise politique et de gouvernance qui a dégénéré en crise économique et financière. La corruption, la gabegie et la médiocrité colonisent l’Etat et réduisent la gouvernance à un pur phénomène de gestion du statu quo», a considéré le front des forces socialistes (FFS, 14 députés). 
«Le financement non conventionnel est une technique qui ne peut être efficace que dans un contexte de gouvernance efficace soumise à la reddition de comptes, à une justice indépendante et à des contre-pouvoirs institutionnels performants », estime ce parti dans un communiqué rendu public.

«Cette 'solution' de facilité à laquelle recoure le gouvernement Ouyahia est une fuite en avant devant les problèmes engendrés par une gestion sans cap pour le pays», estime de son côté, le rassemblement pour la Culture et la démocratie (RCD, 9 députés) dans un communiqué de son groupe parlementaire.

«Les députés du RCD ont alerté sur les dérives que porte une telle démarche au double plan de l’inflation et de la rareté des ressources auxquelles il faudra faire face mais aussi et surtout du choix de ne pas débattre de solutions alternatives pour amorcer une politique économique adossée à des ressources durables», souligne-t-il. 
Quant au parti des travailleurs (PT, 13 députés), il estime, dans un communiqué, que «cette modification de la loi qui permettra à l’Etat de recourir au financement non conventionnel est une dangereuse fuite en avant qui va aggraver sous peu la situation financière du pays et provoquer une hyperinflation».


           

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