Le prince Nayef Ben Abdel Aziz
Ce personnage austère est considéré comme plus conservateur que le roi Abdallah, 87 ans, un prudent réformateur, mais il serait en fait un pragmatique qui aime à se décrire comme un soldat aux ordres du souverain, son demi-frère.
Comme son frère le prince Sultan, décédé samedi et qu'il remplace comme prince héritier, le prince Nayef a des ennuis de santé. Selon des spécialistes du royaume, il souffrirait d'un cancer et aurait été soigné à l'étranger en avril.
Ministre de l'Intérieur depuis 36 ans, le prince Nayef s'est imposé comme le rempart de la dynastie des Al-Saoud, supervisant la lutte contre Al-Qaïda mais également sévissant contre toute forme d'opposition.
Le prince est connu pour entretenir de bonnes relations avec les milieux religieux tenants de l'orthodoxie et généralement opposés à une évolution du royaume ultra-conservateur.
Il est par ailleurs le tenant d'une ligne dure à l'égard de l'Iran, vouant une profonde méfiance envers ses dirigeants.
Le nouveau prince héritier a de solides relations dans le monde arabe. Il a, selon des diplomates, joué un rôle dans la décision du royaume d'accueillir le président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali et d'envoyer des troupes à Bahreïn pour aider à la répression du mouvement de contestation animé par des chiites.
Né à Taëf en 1933, le prince Nayef a été nommé gouverneur de Ryad à seulement 20 ans, avant de devenir vice-ministre de l'Intérieur en 1970 puis ministre de l'Intérieur en 1975.
Son ministère a été confronté à la montée en puissance d'Al-Qaïda dans le royaume ensanglanté par une vague d'attentats entre 2003 et 2006.
Il a sévi contre le réseau, obligeant ses chefs et ses membres à s'enfuir au Yémen d'où ils continuent de menacer les intérêts saoudiens. Il a aussi démantelé les organisations caritatives qui collectaient les dons pour le réseau d'Oussama ben Laden qui avait été déchu de sa nationalité saoudienne.
Le fils du prince, Mohammad, a été de son côté chargé d'un programme de réhabilitation d'extrémistes revenus de Guantanamo et a failli être assassiné par un kamikaze venu du Yémen en 2009.
Dans le même temps, le ministère de l'Intérieur réprimait des activistes progressistes, s'attirant les critiques des militants des droits de l'Homme.
Il est par contre considéré comme une figure rassurante par l'homme de la rue dans le royaume, en raison de sa capacité à assurer la sécurité.
Faisant preuve de conservatisme, le prince héritier déclare ne pas voir l'intérêt d'élections au Conseil consultatif, dont les 150 membres sont nommés, ni de la présence de femmes dans cette instance.
Plus encore, il avait défendu les hommes de la police religieuse qui ont été souvent accusés de brutalité et d'abus.
Ces derniers mois, ses services ont veillé à ce qu'aucune manifestation n'ait lieu dans le pays. Il a tenu à remercier publiquement les Saoudiens de ne pas avoir suivi les appels dans ce sens lancés par des activistes locaux.
Nommé en 2009 par le roi au poste de deuxième vice-Premier ministre, le prince Nayef avait été alors considéré comme deuxième dans l'ordre de succession après le prince Sultan, décédé samedi.
Faisant partie du "clan des Soudairi", les fils de l'une des épouses favorites du roi Abdel Aziz, fondateur du royaume, Hassa al-Soudairi, il a notamment comme frères le roi Fahd, décédé en 2005, le prince héritier Sultan décédé, et le prince Salman, gouverneur de Ryad.