"Je suis triste de fermer, mais aujourd'hui on a décidé de faire les choses autrement", avance Christiane Falgayrettes-Leveau, qui préside la Fondation créée par son mari Michel Leveau, ingénieur passionné par l'Afrique décédé en 2012.
Pour elle, "aujourd'hui toutes les choses doivent se faire avec l'Afrique", en partenariat avec les Africains. "On ne peut plus être seuls, on doit confronter nos idées".
Son but: "monter à l'étranger, principalement en Afrique, des expositions avec une partie de nos collections".
Parmi les projets en cours, la Fondation rénove une place publique sur l'île sénégalaise de Gorée, mémorial de l'esclavage au large de Dakar, où elle participera aussi au "Off" de la Biennale 2018 "Dak'Art" - une des plus importantes manifestations d'arts visuels en Afrique. Une exposition est aussi prévue aux Antilles françaises, en Martinique, en 2018.
En Afrique, "il y a une timidité, une réticence, le public qui n'est pas familier de l'art contemporain ne rentre pas dans un musée. En revanche, sur une place publique, les gens s'arrêtent, se prennent en photo, regardent. Il n'y a pas la même distance, c'est aussi un choix de travailler de cette façon", dit cette ancienne journaliste de Radio France Internationale (RFI).
"Ma plus grande fierté est d'avoir fait de ce lieu, grâce aux objets et aux ciné-rencontres, un lieu que beaucoup d'afro-descendants considèrent comme leur maison", dit-elle. Seul bémol de la fermeture du musée: "risquer de perdre ceux qui nous suivent depuis toujours".
- 'Caractère intime' -
Avec plus de 40 expositions, le musée Dapper a réuni pendant plus de trente ans des connaisseurs, des habitués, des fidèles. "Le musée avait un caractère intime qui va nous manquer", regrette l'écrivain Henri Lopes, ancien premier ministre du Congo joint par téléphone par l'AFP.
Devant le musée, niché dans le quartier des ambassades de Paris, les passants sont déjà nostalgiques: "Je viens régulièrement au musée. C'est un haut lieu de l'art africain, je suis triste qu'il ferme", dit cette employée d'une ambassade africaine toute proche.
Pour Brice Ahanou, anthropologue et ancien assistant du cinéaste Jean Rouch qui anime les ciné-rencontres, "c'est un lieu où se retrouvent les amoureux de l'Afrique".
Invité dans le grand auditorium pour présenter son dernier documentaire consacré à l'ethnologue français mort en 2004, le réalisateur ivoirien Idriss Diabaté, salue "une salle importante pour la diaspora africaine".
Ces dernières années, le musée a vu se tarir le flux des visiteurs. La vague d'attentats islamistes qui a endeuillé la France depuis 2015 a eu un impact sur la fréquentation de tous les musées parisiens. Et puis "les touristes préfèrent aller dans des grandes expositions, on ne fait pas partie des circuits touristiques", constate Christiane Falgayrettes-Leveau.
L'ouverture en 2006 du musée des Arts premiers du Quai Branly, à proximité de la Tour Eiffel, a modifié l'offre culturelle africaniste et draine "ceux qui ne s'intéressent pas forcément à l'Afrique de prime abord".
Autre facteur majeur: le manque de financement. La Fondation Dapper ne bénéficie pas d'aides publiques, à l'inverse du grand musée du Quai Branly, que d'aucuns voient comme le fossoyeur du petit intimiste. L'argent issu de la vente du bâtiment "va servir à financer d'autres activités, faire des actions, des expositions, notamment en Afrique!".
"Nous ne fermons pas, c'est un changement de cap", promet Aurélie Leveau, administratrice générale du musée, qui a repris le flambeau de ses parents, Christiane Falgayrettes-Leveau et Michel Leveau.
A ses yeux, le logo du musée, une œuvre Teke - ethnie bantoue d'Afrique centrale - résume l'esprit de l'entreprise familiale.
"C'est un appui-tête, un +support de rêves+ qui soutient le dormeur pendant son sommeil en empêchant sa tête de toucher le sol où peuvent errer des forces négatives", explique-t-elle. Une invitation à croire que la Fondation Dapper, devenue nomade, continuera à faire rêver, ailleurs.
Pour elle, "aujourd'hui toutes les choses doivent se faire avec l'Afrique", en partenariat avec les Africains. "On ne peut plus être seuls, on doit confronter nos idées".
Son but: "monter à l'étranger, principalement en Afrique, des expositions avec une partie de nos collections".
Parmi les projets en cours, la Fondation rénove une place publique sur l'île sénégalaise de Gorée, mémorial de l'esclavage au large de Dakar, où elle participera aussi au "Off" de la Biennale 2018 "Dak'Art" - une des plus importantes manifestations d'arts visuels en Afrique. Une exposition est aussi prévue aux Antilles françaises, en Martinique, en 2018.
En Afrique, "il y a une timidité, une réticence, le public qui n'est pas familier de l'art contemporain ne rentre pas dans un musée. En revanche, sur une place publique, les gens s'arrêtent, se prennent en photo, regardent. Il n'y a pas la même distance, c'est aussi un choix de travailler de cette façon", dit cette ancienne journaliste de Radio France Internationale (RFI).
"Ma plus grande fierté est d'avoir fait de ce lieu, grâce aux objets et aux ciné-rencontres, un lieu que beaucoup d'afro-descendants considèrent comme leur maison", dit-elle. Seul bémol de la fermeture du musée: "risquer de perdre ceux qui nous suivent depuis toujours".
- 'Caractère intime' -
Avec plus de 40 expositions, le musée Dapper a réuni pendant plus de trente ans des connaisseurs, des habitués, des fidèles. "Le musée avait un caractère intime qui va nous manquer", regrette l'écrivain Henri Lopes, ancien premier ministre du Congo joint par téléphone par l'AFP.
Devant le musée, niché dans le quartier des ambassades de Paris, les passants sont déjà nostalgiques: "Je viens régulièrement au musée. C'est un haut lieu de l'art africain, je suis triste qu'il ferme", dit cette employée d'une ambassade africaine toute proche.
Pour Brice Ahanou, anthropologue et ancien assistant du cinéaste Jean Rouch qui anime les ciné-rencontres, "c'est un lieu où se retrouvent les amoureux de l'Afrique".
Invité dans le grand auditorium pour présenter son dernier documentaire consacré à l'ethnologue français mort en 2004, le réalisateur ivoirien Idriss Diabaté, salue "une salle importante pour la diaspora africaine".
Ces dernières années, le musée a vu se tarir le flux des visiteurs. La vague d'attentats islamistes qui a endeuillé la France depuis 2015 a eu un impact sur la fréquentation de tous les musées parisiens. Et puis "les touristes préfèrent aller dans des grandes expositions, on ne fait pas partie des circuits touristiques", constate Christiane Falgayrettes-Leveau.
L'ouverture en 2006 du musée des Arts premiers du Quai Branly, à proximité de la Tour Eiffel, a modifié l'offre culturelle africaniste et draine "ceux qui ne s'intéressent pas forcément à l'Afrique de prime abord".
Autre facteur majeur: le manque de financement. La Fondation Dapper ne bénéficie pas d'aides publiques, à l'inverse du grand musée du Quai Branly, que d'aucuns voient comme le fossoyeur du petit intimiste. L'argent issu de la vente du bâtiment "va servir à financer d'autres activités, faire des actions, des expositions, notamment en Afrique!".
"Nous ne fermons pas, c'est un changement de cap", promet Aurélie Leveau, administratrice générale du musée, qui a repris le flambeau de ses parents, Christiane Falgayrettes-Leveau et Michel Leveau.
A ses yeux, le logo du musée, une œuvre Teke - ethnie bantoue d'Afrique centrale - résume l'esprit de l'entreprise familiale.
"C'est un appui-tête, un +support de rêves+ qui soutient le dormeur pendant son sommeil en empêchant sa tête de toucher le sol où peuvent errer des forces négatives", explique-t-elle. Une invitation à croire que la Fondation Dapper, devenue nomade, continuera à faire rêver, ailleurs.