Attentat de l'EI contre une église, un auteur identifié


Mercredi 27 Juillet 2016 - 10:01
Reuters


PARIS-Saint-Etienne-du-Rouvray, Seine-Maritime - L'un des deux hommes qui ont tué mardi un prêtre et grièvement blessé un fidèle d'une église de Seine-Maritime avant d'être abattus par la police était connu de la justice antiterroriste et avait été libéré de prison sous contrôle judiciaire en mars dernier contre l'avis du parquet, a annoncé François Molins.


L'attentat contre l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray a été revendiqué par l'Etat islamique, organisation contre laquelle François Hollande a prédit une "guerre longue" mais victorieuse.

Le deuxième assaillant n'était toujours pas été identifié mardi soir, a précisé le procureur de la République de Paris lors d'une conférence de presse.

Adel Kermiche, 19 ans, originaire de Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime), a été identifié grâce à ses empreintes papillaires. Aucune condamnation ne figurait sur son casier judiciaire mais il était connu de la justice antiterroriste pour avoir tenté par deux fois en 2015 de gagner la Syrie.

Il était sous contrôle judiciaire au moment des faits, porteur d'un bracelet électronique et autorisé à sortir les jours de semaine entre 08h30 et 12h30.

Vers 09h25 mardi, lui et l'autre agresseur, munis d'armes blanches, ont fait irruption dans l'église Sainte-Etienne au moment de la messe et pris en otages les six personnes qui s'y trouvaient : le père Jacques Hamel, 86 ans, trois religieuses et un couple de paroissiens.

Une religieuse, qui a raconté avoir vu l'un des agresseurs égorger le prêtre à genoux, est parvenue à s'échapper et à prévenir la police. Le fidèle, âgé lui aussi de 86 ans, a été blessé par arme blanche à la gorge. "Son pronostic vital ne serait pas engagé", a dit le procureur.

FAUX ENGINS EXPLOSIFS 

Les forces de l'ordre, a relaté François Molins, ont d'abord essayé de négocier avec les deux assaillants à travers une petite porte latérale donnant sur la sacristie puis ont tenté de pénétrer dans l'édifice, en vain, car "trois otages se trouvaient en position de rideau".

Les trois otages, les deux religieuses et la paroissienne, sont alors sorties de l'église, suivies par les deux agresseurs, dont l'un portait une arme de poing, qui se sont élancés vers les forces de l'ordre aux cris de "Allah Akbar".

Des policiers de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) ont alors ouvert le feu et tué les deux agresseurs. L'un d'eux avait sur le ventre un faux engin explosif et détenait trois couteaux. L'autre tenait dans sa main un minuteur de cuisine entouré de papier aluminium et portait un sac à dos dans lequel a été découvert un faux engin explosif.

Les enquêteurs ont retracé l'itinéraire d'Adel Kermiche, un candidat au Djihad dont le parquet de Paris avait demandé en mars dernier le maintien en détention provisoire, sans succès.

Un membre de sa famille avait signalé sa disparition le 23 mars 2015, date à laquelle il a été interpellé en Allemagne "alors qu'il utilisait l'identité de son frère pour se rendre en Syrie". Remis aux autorités françaises le 24 mars, il avait été mis en examen quatre jours après pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme".

Il avait été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter la Seine-Maritime, obligation de pointage au commissariat et obligation de suivre une formation professionnelle ou une activité professionnelle.

Le 11 mai, un mandat d'arrêt international est lancé à son encontre après sa disparition du domicile familial.

"Il est localisé et interpellé en Turquie le 13 mai 2015 en provenance de Genève, en possession de la carte nationale d'identité de son cousin", a indiqué François Molins.

LE PARQUET AVAIT FAIT APPEL

Les autorités turques l'expulsent alors vers la Suisse et les autorités helvétiques le remettent aux autorités judiciaires françaises le 22 mai, date à laquelle il est mis en examen et placé en détention provisoire jusqu'au 18 mars dernier.

Le juge d'instruction antiterroriste a ordonné en effet son placement sous contrôle judiciaire avec "assignation à résidence sous surveillance électronique". Il résidait au domicile familial, pointait une fois par semaine au commissariat et avait remis aux autorités sa carte d'identité et son passeport.

François Molins a précisé que le parquet de Paris avait fait appel de cette décision mais que la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris avait confirmé le 25 mars sa mise en liberté sous contrôle judiciaire.

La mère d'Adel Kermiche témoignait en 2015 de son désarroi dans La Tribune de Genève.

"La tuerie de Charlie Hebdo a agi comme un détonateur. (...) Il disait qu’on ne pouvait pas exercer sa religion tranquillement en France. Il parlait avec des mots qui ne lui appartenaient pas. Il a été ensorcelé, comme dans une secte", disait-elle.

Des perquisitions se poursuivaient en Seine-Maritime.

Un jeune homme de 17 ans, né le 18 août 1999 en Algérie, a été placé en garde à vue mardi matin. Il s'agit du frère cadet "d'un individu faisant l'objet d'un mandat d'arrêt pour être parti sur zone irako-syrienne le 20 mars 2015 avec les papiers d'identité d'Adel Kermiche", a dit François Molins.


           

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