Attentat des Champs-Elysées: des policiers en "colère" interpellent Macron et Le Pen


Jeudi 27 Avril 2017 - 12:59
AFP


Plusieurs milliers de policiers ont appelé mercredi Emmanuel Macron et Marine le Pen à entendre leur "colère" face à la dégradation de leurs conditions de travail, en défilant à Paris jusqu'aux Champs-Elysées où Xavier Jugelé, l'un des leurs, a été assassiné jeudi soir.


La marche, organisée au lendemain de l'hommage national rendu à M. Jugelé et en plein entre-deux-tours de la présidentielle, a commencé en début d'après-midi dans le quartier de Montparnasse par une minute de silence.

En tête de cortège, les manifestants portaient une grande banderole noire en lettres blanches barrée du slogan "Policiers en deuil".

"Aujourd'hui c'est la manifestation des gardiens de la paix, des gardiens de la République. Des ouvriers de la police nationale", a déclaré Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité-SGP FO. Selon le deuxième syndicat de gardiens de la paix, organisateur de la marche, 10.000 policiers ont répondu à l'appel.

Aux cris de "Policiers attaqués, société en danger" ou encore "Rythme infernal, besoin d'une vie sociale", les policiers ont rendu hommage à "Xavier et à tous nos collègues lâchement assassinés dans la guerre contre Daech" (acronyme arabe de l'organisation jihadiste Etat islamique), a dit M. Lefebvre.

Le soir du 20 avril sur les Champs-Elysées, Xavier Jugelé, 37 ans, a été tué de deux balles dans la tête par Karim Cheurfi, qui a blessé deux autres agents ainsi qu'une Allemande, avant d'être tué à son tour.

- 'On s'éloigne de la population' -

Le cortège est ensuite arrivé aux Invalides. "M. Macron et Mme Le Pen, cette colère vous devez l'écouter", a lancé le secrétaire général d'Unité-SGP FO à l'adresse des finalistes du second tour.

Il n'a pas donné de consigne de vote, contrairement à Alliance, le syndicat majoritaire, qui a appelé à "voter contre la candidate du Front national".

Les manifestants ont allumé des fumigènes, entonné une "Marseillaise" et marché au son d'un tambour jusqu'au 102 avenue des Champs-Elysées, là où Xavier Jugelé a été tué. Ils ont déposé des gerbes de fleurs et observé une minute de silence, conclue par de longs applaudissements.

"Ca fait 21 ans que je suis policier et j'ai vu la situation se dégrader", a expliqué à l'AFP un des manifestants, un brigadier qui préfère rester anonyme et porte un badge "policiers surmenés" sur le torse.

"Les convictions sont toujours là, mais la fatigue est de plus en plus présente", dit-il. "On a un week-end (de libre) tous les six week-ends. Ça veut dire qu'on ne peut voir nos amis, profiter de notre famille qu'un week-end sur six. Alors on reste entre policiers et on s'éloigne de la population".

Les manifestants ont demandé davantage de "protection" et de "reconnaissance" pour les policiers. Unité-SGP FO réclame notamment une augmentation nette de 150 euros par mois du salaire des gardiens de la paix et la possibilité d'avoir au moins "un week-end sur deux" de libre.

En rendant hommage mardi à Xavier Jugelé, en présence de M. Macron et de Mme Le Pen, François Hollande avait demandé aux "élus de demain" de donner aux forces de l'ordre les moyens "nécessaires" pour assurer la protection des Français.

Après la violente attaque contre quatre agents à Viry-Châtillon (Essonne) début octobre, une fronde inédite avait éclaté cet automne parmi les policiers de base, un mouvement qui avait échappé aux syndicats.

Le gouvernement a depuis annoncé une enveloppe de 250 millions d'euros notamment de nouveaux matériels et véhicules, et assoupli la légitime défense pour les policiers.

Déjà confrontés aux menaces d'attentats, les policiers - 149.000 postes en équivalent temps plein dans la police nationale, dont 105.000 gardiens de la paix et gradés - sont également, avec les gendarmes et les militaires de l'opération Sentinelle, chargés d'assurer la sécurité de la présidentielle.


           

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