Attentats: le "huitième" jihadiste traqué, Kerry à Paris


Mardi 17 Novembre 2015 - 10:23
AFP - Thibauld MALTERRE


La traque d'un suspect-clé, possible huitième auteur des attentats de Paris et l'identification des deux derniers kamikazes se poursuit mardi, quatre jours après les pires attentats jamais commis en France, à qui le secrétaire d'Etat John Kerry vient apporter le soutien des Etats-Unis.


Le président François Hollande a promis de "détruire" l'organisation jihadiste État islamique (EI) qui a revendiqué les attentats, qu'il a qualifié de "terrorisme de guerre".

"Les actes de guerre de vendredi ont été décidés et planifiés en Syrie, préparés et organisés en Belgique, perpétrés sur notre sol avec des complicités françaises", a affirmé lundi le chef de l'Etat devant le Congrès réuni à Versailles.

Mardi matin, la Syrie sera au coeur des entretiens entre François Hollande et John Kerry, alors que les deux pays ont renforcé leur coopération militaire, notamment en termes d'échanges de renseignements pour les dernières frappes françaises à Raqa.

L'enquête sur les tueries, qui ont fait vendredi 129 morts et 352 blessés près du Stade de France, dans la salle du Bataclan et dans plusieurs bars et restaurants de la capitale, a permis l'identification de cinq des sept kamikazes.

Il s'agit de quatre Français: Samy Amimour (28 ans), Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans), Bilal Hadfi (20 ans) et Brahim Abdeslam (31 ans).

Le cinquième jihadiste était muni d'un passeport syrien dont l'authenticité "reste à vérifier", au nom d'Ahmad Al Mohammad, 25 ans, un migrant dont les empreintes concordent avec "celles relevées lors d'un contrôle en Grèce en octobre", selon la justice française.

- Suspect 'exfiltré' par des complices -

Les enquêteurs ont aussi dans leur viseur un jihadiste belge qui vivrait en Syrie, Abdelhamid Abaaoud, dont ils n'excluent pas qu'il soit "l'inspirateur" des attaques.

L'enquête s'est accélérée, notamment du côté des ramifications belges. Deux suspects ont été inculpés lundi à Bruxelles pour "attentat terroriste", mais une vaste opération policière dans le quartier populaire bruxellois de Molenbeek n'a pas permis d'appréhender un suspect-clé des attaques, Salah Abdeslam, toujours traqué et visé par un mandat d'arrêt international.

Ce dernier, 26 ans, a loué une Polo noire immatriculée en Belgique retrouvée garée devant le Bataclan, où 89 personnes ont péri. Les enquêteurs pensent qu'il a formé avec son frère Brahim, qui s'est fait sauter boulevard Voltaire, l'équipe qui a criblé de balles les terrasses de restaurants, avant d'être exfiltré après avoir appelé des complices en Belgique.

Samedi matin une voiture avait été contrôlée par des gendarmes français non loin de la frontière belge. A son bord, les deux hommes inculpés lundi en Belgique et un troisième muni des papiers d'identité de Salah Abdeslam. Ils avaient pu poursuivre leur route, n'étant pas encore recherchés.

Selon les enquêteurs, Salah Abdeslam a côtoyé Abdelhamid Abaaoud, jihadiste belge de 28 ans, qui vivrait en Syrie, membre très actif de l'EI soupçonné d'être le commanditaire d'attentats projetés en Belgique par une cellule jihadiste et recherché depuis janvier.

Outre Amimour, parti il y a deux ans en Syrie d'où son père avait vainement tenté de le ramener, Mostefaï, fiché pour radicalisation depuis 2010, y a très vraisemblablement séjourné entre 2013 et 2014. Hadfi y est aussi allé, selon une source proche de l'enquête.

La France a bombardé dimanche le fief de l'EI à Raqa, dans le nord de la Syrie. Elle poursuivra "ces frappes au cours des semaines à venir", selon François Hollande, qui souhaite "unir" l'action des forces françaises avec celles de la Russie et des Etats-Unis contre l'EI.

Le porte-avion Charles-de-Gaulle, avec 26 chasseurs à bord, va appareiller jeudi pour la Méditerranée orientale pour permettre à la France d'"intensifier" ses actions, comme l'a promis François Hollande.

"Nous vaincrons Daech et tous ceux qui partagent son idéologie méprisable (...). Nous les combattrons ensemble, et nous vaincrons", a déclaré à la presse John Kerry, peu après son arrivée dans la capitale française lundi soir.

John Kerry avait exprimé avec force et émotion samedi, en français, la solidarité de Washington à l'égard de son "plus vieil allié" meurtri par des "actes abominables et maléfiques".

- Hommage à Wembley -

Face à la menace, l'état d'urgence décrété vendredi soir en France est jugé insuffisant par l'exécutif, qui va soumettre au Parlement une révision de la Constitution pour créer "un régime civil d'état de crise", qui permettrait de prendre en compte le "caractère spécifique de la menace terroriste, selon une source gouvernementale.

Lundi, la France a observé à midi une minute de silence en hommage aux victimes, souvent jeunes et de 19 nationalités, dont les visages souriants étaient relayés par les médias et les réseaux sociaux.

Un moment de recueillement qui se prolongera mardi soir, lorsque l'équipe de France de football affrontera l'Angleterre à 21h00 à Wembley, pour une rencontre amicale à l'enjeu sportif dérisoire, mais où le public devrait rendre un vibrant hommage aux victimes.

La presse d'Outre-Manche a même invité les spectateurs londoniens à apprendre les paroles de la Marseillaise et à l'entonner avant et pendant la rencontre, alors que l'arche surplombant le temple du football anglais s'est parée de bleu-blanc-rouge et que la devise française (Liberté, Egalité, Fraternité) s'affiche sur la façade du stade.

Reste à savoir dans quel état d'esprit seront les joueurs français: vendredi, le Stade de France, terrain de jeu des Bleus, a été pris pour cible par les terroristes, trois kamikazes s'étant faits sauter aux abords de l'enceinte durant le match contre l'Allemagne. Le milieu de terrain des Bleus, Lassana Diarra, a même perdu une cousine dans les attentats.


           

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