Au Louvre, des tableaux au corps à corps sous la baguette de Chéreau


Mercredi 3 Novembre 2010 - 15:56
AFP


Paris - Le visage rougi, il semble se battre contre lui-même, agiter le poing contre l'âge qui marque le corps: c'est un autoportrait de Pierre Bonnard en boxeur qui ouvre l'exposition imaginée par l'homme de théâtre et de cinéma Patrice Chéreau pour le Louvre.


Au Louvre, des tableaux au corps à corps sous la baguette de Chéreau
Le peintre français avait 64 ans lorsqu'il a réalisé cette toile, "Le boxeur", en 1931. Chéreau vient d'en avoir 66.

"Grand invité" du musée, après le compositeur Pierre Boulez en 2008 et l'écrivain Umberto Eco en 2009, le metteur en scène et réalisateur se fait chef d'orchestre d'une série de manifestations artistiques sous le thème "Des visages et des corps" jusqu'au 31 janvier.

Représentations théâtrales -dont la pièce "Rêve d'automne" du Norvégien Jon Fosse jusqu'au 18 novembre-, spectacles de danse, concerts, séances de cinéma vont se succéder pendant trois mois. Avec un noyau fixe, cette exposition qui ouvre jeudi au public dans la salle Restout, dont les fenêtres donnent sur la Cour carrée. La scénographie a été réalisée par Richard Peduzzi, ami et décorateur du metteur en scène depuis plus de quarante ans.

Chéreau a sélectionné une quarantaine d'oeuvres issues des collections du Louvre, du Centre Pompidou, des musées d'Orsay et de l'Orangerie et de quelques musées de province. Il souhaite que de la confrontation de ces toiles d'époques diverses jaillissent des "histoires".

Des chefs-d'oeuvre comme "L'Homme au gant" de Titien (vers 1520) ou le "Portrait de Michel Leiris" de Francis Bacon voisinent avec des oeuvres moins connues, dénichées parfois dans les réserves du Louvre. Et des photographies de l'Américaine Nan Golding.

Combinaisons, rencontres entre des visages, des corps. Amour, désir, folie, vieillesse, mort. L'accrochage est serré, en tension. Pas d'échappatoire possible. Comme un huis clos théâtral.

"L'étreinte" (1903) de Pablo Picasso où une femme enceinte enlace son compagnon. Et juste au dessus l'impressionnant "Christ mort couché sur son linceul" (avant 1654) de Philippe de Champaigne. "On peut se dire que la mort est au dessus du couple", relève Sébastien Allard, co-commissaire de l'exposition et conservateur au département des peintures du Louvre.

Chéreau a obtenu du musée d'Orsay "L'Origine du monde" de Courbet, qu'il avait vu chez le psychanalyste Jacques Lacan dans sa jeunesse. Il marie ce tableau longtemps scandaleux avec un tableau flamand de Salomon de Bray (vers 1635) représentant une femme nue, qui peigne ses cheveux blonds.

L'acteur aurait aimé avoir "Les Raboteurs de parquet" (1875) de Gustave Caillebotte mais la toile était déjà prêtée par le musée d'Orsay.

Homme d'image, Chéreau a baigné dans le monde de l'art dès son enfance. Son père, Jean-Baptiste Chéreau (1907-1988) était peintre, sa mère dessinait.

Patrice Chéreau a lui même dessiné dans sa jeunesse. Il faisait des croquis de ses mises en scène - quelques-uns sont exposés pour l'occasion - jusqu'à sa rencontre avec Richard Peduzzi.

(Catalogue édité par Skira Flammarion avec un texte très personnel de Patrice Chéreau, en forme de journal de bord. 176 pages.)


           

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